vendredi , 6 novembre 2020
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Régime Fatshi : Le FCC de « Joseph KABILA » impose son rythme

Le chef de l’Etat Félix-Antoine Tshilombo Tshisekedi dit Fatshi tente d’exercer tant bien que mal son pouvoir. En même temps, il doit faire avec les caprices d’un partenaire encombrant dans la coalition, à savoir le FCC [de l’imposteur tutsi rwandais Joseph Kabila Kabange dit Joka] qui impose son rythme. Au point que l’action du chef de l’Etat s’en ressent. La territoriale et le portefeuille de l’Etat ont fourni les premiers signes de friction entre les prétendus partenaires au pouvoir d’Etat. Neutraliser les forces négatives devient une nécessité afin de libérer Fatshi de la chape de plomb qui le ceint.

Il y a des signes qui ne trompent pas. La coalition FCC – CACH impose de nombreuses contraintes au chef de l’Etat Félix Tshisekedi, si bien que ce dernier est obligé de supporter bon gré mal gré les caprices d’un partenaire qui devient de plus en plus encombrant. Le grand retard pris dans la formation du gouvernement en a été une belle illustration. Il a fallu passer par de nombreux arbitrages entre le FCC et le CACH pour arriver enfin à la nomination du gouvernement Ilunga Ilunkamba.

D’aucuns notent qu’il y a une chape de plomb à l’action du chef de l’Etat.Dans le portefeuille de l’Etat, la nomination en mai dernier des nouveaux mandataires de la Gécamines et de la SNCC traine toujours dans les tiroirs du ministre du Portefeuille, estampillé FCC. Un affront au chef de l’Etat, dès l’instant où le ministre du Portefeuille ne sait pas respecter la signature du « garant de la nation ».

Les accrocs

Dans la territoriale, la situation est tout autant similaire. Une brouille divise le vice-Premier ministre en charge de l’Intérieur et les gouverneurs des provinces d’obédience FCC. A la base, il y a cette improvisation dans les exécutifs provinciaux des commissaires spéciaux. Ces postes ne sont pas prévus dans la nomenclature des gouvernements provinciaux. Bien plus, certains gouverneurs des provinces ont procédé, en dehors de toute procédure légale, à la nomination des bourgmestres. Ce que le vice-Premier ministre en charge de l’Intérieur, de tendance UDPS, a rejeté.

Le bras de fer est très visible et fournit la preuve que la mise en garde du patron de l’Intérieur n’a eu aucun effet sur le terrain. En lieu et place de se soumettre, les gouverneurs de province se sont plutôt coalisés autour d’une action pour narguer leur chef hiérarchique.

En dehors de ce qui se passe dans la territoriale et dans le portefeuille de l’Etat, la coalition FCC – CACH présente d’importants signes de faiblesse. Pour le chef de l’Etat, c’est un sérieux handicap pour la visibilité de son action

Interrogé par RFI, un politologue a trouvé des mots justes pour expliquer la situation inconfortable dans lequel se trouve Félix Tshisekedi. « Joseph Kabila s’impose, quand Félix Tshisekedi négocie », a indiqué ce politologue. Il n’a pas tort. Il a vu juste. Car, c’est exactement ce qui se passe en RDC depuis l’investiture en janvier 2019 de Félix Tshisekedi, comme cinquième chef de l’Etat de la RDC.

En réalité, Félix Tshisekedi n’a pas les mains libres. En s’adjugeant d’une majorité confortable dans les deux chambres du Parlement, tout en s’assurant le contrôle de la quasi-totalité des assemblées provinciales, Joseph Kabila jouit par rapport à Félix Tshisekedi d’un avantage comparatif considérable.

Selon le jeu politique établi dans la Constitution du 18 février 2006, rien ne peut être décidé sans avoir l’avis de celui qui détient la majorité à l’Assemblée nationale. Pour le cas précis, c’est à Joseph Kabila, autorité morale du FCC, que Félix Tshisekedi doit se référer pour toute décision touchant à la marche de l’Etat. Ce n’est pas de la fiction. C’est la dure réalité qui s’impose au chef de l’Etat. Pour la nomination de son gouvernement, le chef de l’Etat a dû démarcher pendant sept mois pour parvenir enfin à un compromis avec Joseph Kabila. La nomination du gouvernement Ilunga a pris presque deux mois – le temps que le FCC et le CACH se mettent d’accord sur le profil des candidats.

Si des observateurs reconnaissent que ce sont des contraintes dues à la coalition, c’est l’Etat congolais qui en pâtit. Le pays marche à reculons. La cause, c’est bien entendu la chape de plomb collée au chef de l’Etat.

Il ne faut oublier que le FCC rêve de revenir aux affaires en 2023. De ce point de vue, il n’a aucun intérêt à travailler pour la réussite du mandat de Félix Tshisekedi. Bien au contraire, le FCC se sert de tous les moyens à sa disposition pour étouffer le chef de l’Etat.

Que faire en pareille situation ?

Il faut libérer Félix Tshisekedi. C’est le passage obligé pour lui donner réellement l’occasion de gérer la République. Pour l’instant, il ne sait pas le faire, tant que le FCC veille au grain.

Il fait remonter en 2006 pour comprendre le sort qui s’abat sur Félix Tshisekedi. A l’époque, Joseph Kabila gagne les premières élections libres et démocratiques qui inaugurent la 2ème République. En face, Joseph Kabila devait supporter la présence inconfortable de Jean-Pierre Bemba, arrivé 2ème à la présidentielle. Celui-ci passe pour un handicap que Kabila doit subir. Les dissensions entre les deux leaders vont déboucher sur un affrontement armé en plein cœur de la capitale, Kinshasa. Pour donner la chance à Kabila d’asseoir son emprise sur le pays, Bemba sera contraint à l’exil, avant d’être incarcéré à la Cour pénale internationale.

Plus loin de la RDC, la Côte d’Ivoire est passée par le même schéma. En 2010, la crise post-électorale met aux prises le président élu Alassane Ouattara et le sortant Laurent Gbagbo. Finalement, c’est Ouattara qui en sortira gagnant, alors que Gbagbo devra passer son temps en détention à la Cour pénale internationale. Pareil au Sénégal entre Macky Sall et Abdoulaye Wade, tout comme Joao Lourenco et José Eduardo Dos Santos en Angola. Dans les deux cas, les sortants ont été obligés de s’effacer pour donner l’occasion aux entrants d’asseoir leur emprise sur le pays.

La RDC ne devrait-elle pas passer par ce schéma ? Car, il faut reconnaitre que l’omniprésence du président sortant Joseph Kabila sur la scène politique gêne énormément Félix Tshisekedi. A moins de faire preuve de naïveté, le FCC n’a jamais été de bonne foi dans l’accord qui le lie au chef de l’Etat. Le FCC est dans la logique de la terre brûlée, c’est-à-dire placer Félix Tshisekedi dans les conditions de ne pas travailler.

Il est temps de neutraliser les forces politiques négatives qui tirent vers le bas le chef de l’Etat. D’autres pays sont passés par là, avant une sortie de crise. Avec Félix Tshisekedi, la RDC a peut-être besoin de passer par le même schéma. Dans les milieux politiques et diplomatiques, le sujet fait déjà débat.

(avec lePotentiel RDC)

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