« La fin du Monde » : la défaite des All Blacks en demi-finale de la Coupe du monde de rugby contre l’Angleterre a assommé la Nouvelle-Zélande alors que ses rêves d’un troisième titre consécutif ont été balayés par une équipe d’Angleterre supérieure. « La fin du Monde ! Les All Blacks assommés par d’incroyables Anglais », a titré le New Zealand Herald, quotidien au plus gros tirage du pays. La défaite des Néo-Zélandais 19-7 contre les Anglais samedi à Yokohama est la première en Coupe du monde depuis le quart de finale perdu face à la France en 2007 (20-18), après lequel ils avaient aligné une série inouïe de 18 victoires. Face à une équipe d’Angleterre fougueuse et supérieure, les All Blacks n’ont jamais semblé menaçants. « Si (les All Blacks) réussissent à s’en sortir ce sera un sacré effort », a déclaré Stephen Donald, l’ancien ouvreur All Black marqueur de la pénalité décisive lors de la finale de 2011 face à la France, et commentateur pour la télévision néo-zélandaise. Dans sa recherche de raisons pour cette défaite, le New Zealand Herald a affirmé que la décision de titulariser l’habituel deuxième ligne Scott Barrett en tant que flanker a été « un pari qui n’a pas fonctionné ». Mais pour la plupart des médias néo-zélandais, l’Angleterre était tout simplement trop forte. Gregor Paul, chroniqueur pour le New Zealand Herald, a vanté la capacité des Anglais d’avoir réduit « la meilleure attaque du monde à un (…) mic-mac aléatoire de mauvaises idées frénétiques ». Le journaliste rugby du site web Stuff.co.nz, Marc Hinton a quant à lui écrit: « Les Néo-Zélandais doivent l’admettre. Les (Anglais) étaient magnifiques ». Pour Television New Zealand, c’est « la pression incessante, et le rythme sans répit » mis par l’Angleterre qui est à l’origine de la défaite, tandis que le site web de Television Three a affirmé que les All Blacks ont été « ébranlés par une offensive initiale » et ne s’en sont jamais remis.
LES ANGLAIS ONT DÉFIÉ LE HAKA DES ALL BLACKS
Ils ont avancé en formant un « V » au-delà de la ligne médiane… Les joueurs du XV d’Angleterre ont défié le « haka » exécuté par les All Blacks avant la demi-finale de Coupe du monde qu’ils ont remportée (19-7), samedi à Yokohama.
Les Anglais se sont positionnés en « V », pointe à l’opposée des All Blacks, et une partie de leurs joueurs étaient disposés au-delà de la ligne médiane que les équipes très souvent ne franchissent pas pendant le haka, danse traditionnelle maori exécutée juste avant le coup d’envoi.
Les arbitres leur ont demandé de reculer derrière la ligne.
« On voulait leur montrer qu’on était prêt, que nous étions tous ensemble et prêts à tout, a déclaré le centre anglais Manu Tuilagi, après le match. Je pense que c’était quelque chose de différent, je crois que c’est (l’idée) venu d’Eddie », Jones (le sélectionneur), a-t-il poursuivi.
« On ne voulait pas être spectateurs et faire face avec une ligne droite », a expliqué le capitaine Owen Farrell.
« Je ne pense pas que c’est pour cette raison que nous avons gagné mais c’était pour montrer qu’on était prêts pour le défi », enchaine Tuilagi
Visiblement, cette initiative des Anglais n’a pas eu d’incidence sur la performance des Néo-Zélandais. « Leur avancée sur notre haka ? Ca n’a eu aucune incidence sur notre performance. Ils nous ont dominés dans les rucks, on n’a eu aucun ballon rapide », a reconnu le capitaine Kieran Read.
Les deux précédents initiatives face au Haka en Coupe du monde avaient été mises en place par le XV de France.
En finale du Mondial-2011, les Français, menés par leur capitaine Thierry Dusautoir, avaient aussi formé un « V » en se tenant par la main face aux Néo-Zélandais, finalement victorieux 8-7. Seule différence: les Français avaient orienté la pointe vers les All Blacks avant d’avancer en ligne dans leur direction.
Quatre ans avant, en quarts de finale du Mondial-2007, les Français avaient enfilé des tee-shirts pour figurer le drapeau bleu-blanc-rouge et s’étaient avancés jusqu’à la ligne médiane pour défier de très près les All Blacks. Ils s’étaient imposés (20-18).
LE XV DE LA ROSE MET FIN AU RÈGNE NOIR
Sensation à Yokohama! L’Angleterre a infligé samedi, sans contestation et après un récital, à la Nouvelle-Zélande sa première défaite en Coupe du monde depuis douze ans pour mettre fin en demi-finales au parcours des doubles tenants du titre (19-7).
Les All Blacks, « dieux du rugby » selon le sélectionneur anglais Eddie Jones, n’avaient plus connu la défaite dans la compétition depuis le quart de finale perdu face à la France en 2007 (20-18), après lequel ils avaient aligné 18 succès… C’est dire la performance du XV de la Rose, qui disputera samedi prochain sa première finale depuis 2007 (défaite contre l’Afrique du Sud), face au pays de Galles ou aux Springboks, opposés dimanche.
Quatre ans en arrière, ses joueurs regardaient pourtant les Néo-Zélandais soulever le trophée Webb-Ellis chez eux, après être sortis par la petite porte de « leur » Mondial, éliminés en poules pour la première fois de leur histoire — une première également pour le pays organisateur.
Le redressement est donc spectaculaire et a pour principal architecte Jones, appelé à la rescousse pour remettre de l’ordre dans la maison après deux Coupes du monde ratées (élimination en quarts de finale en 2011).
Et viser au Japon un deuxième titre mondial après celui de 2003, objectif clamé dès son arrivée par le technicien australien.
Le haka défié
Il lui reste une marche à franchir, la plus haute, mais si son équipe reproduit dans une semaine, toujours à Yokohama (banlieue de Tokyo), la même performance que samedi, une deuxième couronne mondiale lui tend les bras. « Match après match, semaine après semaine, on construit. On va dans la bonne direction. On n’a pas encore fait le travail, mais on s’en rapproche » a estimé le deuxième ligne anglais Maro Itoje.
Car les Anglais ont accompli un récital pour renvoyer les All Blacks à leurs chères études, eux qui étaient sans doute un peu tendres, en 2019, après les retraites à l’issue de l’édition 2015 des totems Richie McCaw, Dan Carter, Ma’a Nonu ou encore Conrad Smith.
Leurs performances cette année, moins bonnes que les précédentes, avec notamment un match nul à domicile contre l’Afrique du Sud (16-16) et une large défaite en Australie (47-26) dans le Rugby Championship, avaient déjà jeté un voile sur leur capacité à briguer un troisième titre mondial de rang.
Samedi, ils ont sans doute réalisé l’un de leurs pires matches depuis des années, incapables de mettre leur jeu en place, étouffés par la défense du XV de la Rose, privés de ballons pour jouer mais surtout de temps et d’espace pour réciter leur rugby.
« Nous savions qu’il fallait attaquer fort la ligne d’avantage. Les priver de temps et d’espaces. Nous avons réussi à faire ça, ce qui leur a fait commettre des erreurs » a commenté Jones.
« Il n’y a pas de regrets à avoir, on a été battus par meilleurs que nous (…) Il n’y a pas de honte à perdre contre une bonne équipe comme ça, mais ça fait mal » a déclaré de son côté son homologue néo-zélandais, Steve Hansen.
Ses joueurs ne sont venus que trois fois dans les 22 mètres anglais! Une fois en première période et deux en seconde. Pour reprendre espoir, lorsqu’Ardie Savea a profité d’une mésentente anglaise en touche pour ramener son équipe à six longueurs (57e, 13-7).
La seconde incursion a en revanche sonné le glas de leurs espérances, avec un ballon « gratté » par le troisième ligne remplaçant anglais Mark Wilson (72e).
A part sur ces rares occasions, les All Blacks n’ont pas vu le jour, pris d’entrée à la gorge par les Anglais qui avaient défié leur « haka » avant la rencontre en s’avançant en « V », pour certains au-delà de la ligne médiane.
Maître Itoje
Ils n’étaient pas prêts à reculer, et l’ont montré dès l’entame de la rencontre par leurs impacts dans le sillage des bulldozers Manu Tuilagi, Mako et Billy Vunipola ou encore Kyle Sinckler. « Félicitations à nos gros de devant, qui ont super bien travaillé pour nous » a salué Tuilagi.
Supérieurs en touche, où ils ont volé deux munitions importantes en première période, ils ont privé de ballon les All Blacks, qui n’ont pas pu s’en remettre à l’arme des groupés-pénétrants, où Itoje a régné en maître.
Bref, une domination outrageante des Anglais, matérialisée par des statistiques de possession (62%) et d’occupation (69%) largement en leur faveur à la pause, et concrétisée par une avance de dix points (10-0) à la mi-temps.
Grâce à un essai de Manu Tuilagi (2) après une intense et splendide séquence de possession puis une pénalité en toute fin de première période de George Ford, auteur après le repos de trois autres pénalités (49e, 62e et 69e) pour mettre son équipe à l’abri et punir les fautes des Néo-Zélandais (11 pénalités).
L’addition aurait même pu être beaucoup plus salée puisque le XV de la Rose s’est vu refuser deux essais après arbitrage vidéo (25e et 46e) et a échoué à concrétiser, par maladresse, quatre autres situations dangereuses (8e, 9e, 15e, 34e). Samedi, la marée était blanche.
(avec Afp)