vendredi , 6 novembre 2020
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Gratuité de l’enseignement : Un syndicat menace d’appeler à la grève en RDC

Gratuité de l’enseignement de base dans tous les établissements publics en République démocratique du Congo (RDC), un syndicat des enseignants des écoles catholiques menace d’appeler à la grève dans les prochains jours, au cas où l’Etat serait dans l’incapacité avérée de respecter ses engagements. Entres autres, le versement des frais de fonctionnement, le réajustement des salaires des enseignants dès fin septembre. Vu des observateurs, il est de bon droit qu’un syndicat, puisse hausser le ton pour défendre la cause, mieux les intérêts de ses membres. Rien d’anormal, dans la mesure où ce genre de combat procède de sa raison sociale. Il faut reconnaitre que la mesure a pris tout le monde de court. En tout cas après plusieurs décennies, aucun parent ne pouvait imaginer qu’il serait exempté de payer, cette année, les frais scolaires de son enfant encore au niveau de l’Enseignement de base, dans un établissement public. De même pour les gestionnaires des écoles. Car, ils se sont vu tout-à-coup sevrés de la traditionnelle « manne » des parents. Et donc à ce jour, tous ces responsables d’établissements scolaires publics ont l’œil tourné vers l’Etat. Les dépenses de l’éducation passeront de 8% à près de 20% dans le nouveau budget de la République démocratique du Congo (RDC).

La gratuité de l’enseignement de base dans tous les établissements publics, décidée par l’Etat, fait partie de principaux sujets d’actualité en RD Congo. A la deuxième semaine de la rentrée scolaire ouverte le 2 septembre, les débats sur ce sujet n’ont ni cesse ni fin. Que ce soit dans les milieux des parents d’élèves, que dans celui des syndicats des enseignants, optimisme et pessimisme s’en mêlent ! Certains y croient. D’autres pas.

Et, au premier rang des pessimistes, se trouverait un syndicat des enseignants des écoles catholiques qui, selon des sources, menacerait d’appeler à la grève dans les prochains jours, au cas où l’Etat serait dans l’incapacité avérée de respecter ses engagements. Entres autres, le versement des frais de fonctionnement, le réajustement des salaires des enseignants dès fin septembre.

Vu des observateurs, il est de bon droit qu’un syndicat, puisse hausser le ton pour défendre la cause, mieux les intérêts de ses membres. Rien d’anormal, dans la mesure où ce genre de combat procède de sa raison sociale.

Au-delà des attitudes contrariées vis-à-vis de la gratuité de l’Enseignement, observées dans les milieux de certains enseignants et parents de Kinshasa, il faut reconnaitre que la mesure a pris tout le monde de court. En tout cas après plusieurs décennies, aucun parent ne pouvait imaginer qu’il serait exempté de payer, cette année, les frais scolaires de son enfant encore au niveau de l’Enseignement de base, dans un établissement public. De même pour les gestionnaires des écoles. Car, ils se sont vu tout-à-coup sevrés de la traditionnelle « manne  » des parents. Et donc à ce jour, tous ces responsables d’établissements scolaires publics ont l’œil tourné vers l’Etat.

Pour toutes les raisons avancées ci-dessus, on peut comprendre la colère de ce syndicat, quand on sait que rentrée scolaire rime impérativement avec préparatifs en termes de fonctionnement. Qui dit fonctionnement, dit achat d’intrants incompressibles. Pour le cas d’espèce, il s’agit de documents pédagogiques tenus par l’enseignant, les craies et autres matériels nécessaires à l’hygiène de l’environnement immédiat des écoles. En l’occurrence les sanitaires.

ACCORDER LE BENEFICE DU DOUTE AU GOUVERNEMENT

Peu importe les bonnes raisons que certains enseignants, via leurs syndicats, auront avancées pour justifier leur défaitisme, plus d’un observateur estiment que ces derniers devraient dans un premier temps, accorder le bénéfice du doute au Gouvernement investi depuis quelques jours et prendre leur part de patience. A partir du moment que l’Exécutif national a promis de procéder au réajustement des salaires des enseignants dès le mois d’octobre prochain, rien ne saurait donc justifier un mouvement de grève dans ce secteur de l’Enseignement primaire et secondaire(EPS).

Quand Félix Tshisekedi, dans son message à la nation le dimanche dernier, appelle au changement de mentalité, d’aucuns estiment que le sacrifice doit être partagé par tous les Congolais. Si le changement passe par ce sacrifice, alors ça vaut le coup pour des raisons faciles à imaginer. La principale est que la gratuité de l’Enseignement de base dans les écoles publiques, comprise comme la reprise en charge de l’enseignant congolais par l’Etat, bien que consacrée dans la Constitution du 18 février 2006, aura pour effets de valoriser,non seulement le plus beau métier du monde, mais aussi et surtout, l’enseignant vis-à-vis de ses élèves. Car, plus les enseignants dépendent financièrement des enseignés, plus ces derniers deviennent des clients. La suite est connait de tous.

LA FOI DU COORDONNATEUR DES ECOLES CATHOLIQUES

Vécue comme une réalité dans les années 70 et 80, tournée en rêve dès la troisième année de la décennie 90, la gratuité de l’Enseignement de base dans les écoles publiques en RD Congo, est redevenue une réalité. De quoi contenter les parents, pour la plupart sans ressources nécessaires pour scolariser leurs enfants.

Cependant, à l’entame de la deuxième semaine de la rentrée scolaire, certains responsables du secteur pointent du doigt, certaines écoles catholiques qu’ils accusent de vouloir intentionnellement saboter la mesure prise au plus haut sommet de l’Etat. Parmi les accusateurs, figure Mme Cécile Tshiyombo, Secrétaire générale du Syndicat des enseignants du Congo (SYECO).

Contactée par Forum des As hier au téléphone, Mme Cécile Tshiyombo, a montré du doigt, des écoles catholiques des grandes villes du pays. Principalement celles de la capitale Kinshasa qui, selon elles, seraient inscrites dans une sorte de statuquo ante.

« La rentrée scolaire 2019-2020 est bel et bien effective sur l’ensemble du territoire national. Cependant, il faut reconnaitre qu’Il y a des couacs. Des responsables de certaines écoles conventionnées catholiques sont en train d’intoxiquer leurs enseignants, leur demandant de ne pas encore renouer avec la craie. Qui plus est, certains de ces gestionnaires vont jusqu’à refuser de restituer les acomptes des frais scolaires déjà perçus. D’autres repoussent tout enfant dont les parents n’ont pas payé les uniformes à l’école. Ce qui est inadmissible », gronde Mme Cécile Tshiyombo, au téléphone de Forum des As.

Pour sa part, l’abbé Noël, Coordonnateur des écoles conventionnées catholiques en RD Congo, joint au téléphone hier dans la soirée, a rejeté d’un revers de la main, toutes les accusations contre les établissements scolaires gérés par l’Eglise catholique romaine.

 » C’est faux. Toutes les écoles catholiques s’inscrivent dans la logique de la gratuité de l’enseignement de base. Et d’ailleurs, l’opinion doit se rappeler que déjà au mois de juin dernier, la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO), a été la première structure ecclésiastique à exiger la gratuité de l’enseignement. Un mémorandum avait même été remis au Président de la République. Et donc, je rejette complètement le langage discriminatoire de certaines personnes contre les écoles conventionnées catholiques « , rétorque l’abbé Noël.

En toute modestie, le coordonnateur des écoles catholiques reconnait qu’il existe effectivement des écoles où la rentrée est encore timide. Rien de nouveau, dans la mesure où chaque année, il en a toujours été ainsi.  » C’est une reprise des cours qui intervient après près de deux mois de grandes vacances. A ce titre, il existe des enfants qui ont passé leurs vacances ailleurs et doivent s’apprêter à rentrer dans leurs milieux de vie habituels. Dans ces conditions, il parait bien évident que certaines classes ne puissent accueillir leurs effectifs réguliers. Quant à assimiler cette situation à un quelconque boycott de la mesure portant gratuité de l’enseignement de base, je considère cela comme des raccourcis malveillants « , renchérit le numéro 1 des écoles catholiques.

Par ailleurs, l’abbé Noël soutient que certaines raisons techniques pourraient expliquer la timide reprise des activités de l’année scolaire 2019-2020 dans certaines écoles catholiques.  » Aucune école n’a déclaré ni l’arrêt des cours ni le boycott de la gratuité. Au stade actuel, on ne peut pas proférer des menaces au Gouvernement. On ne construit pas la société avec le conditionnel. Je fais confiance au Gouvernement. Il lui appartient de prouver que je n’avais pas raison de lui faire foi. Nous appuyons toutes les mesures d’accompagnement prises. 

J’accorde une chance au Gouvernement. J’attends dans la patience, ce que l’Exécutif a promis en termes d’effets induits de la gratuité de l’Enseignement. A savoir, le réajustement des salaires, le payement des frais de fonctionnement, la réhabilitation progressive des infrastructures scolaires…  » conclue l’abbé Noël. 

AUGMENTATION DU BUDGET DE L’ÉDUCATION DE 8 À 20 %

Les dépenses de l’éducation passeront de 8% à près de 20% dans le nouveau budget de la République démocratique du Congo (RDC). C’est du moins ce qu’a déclaré mardi le Président Félix-Antoine Tshilombo Tshisekedi dit Fatshi, réaffirmant la gratuité de l’enseignement depuis la rentrée scolaire du 2 septembre dernier.

Intervenant hier à la cinquième édition du Forum Investir en Afrique (FIA5) qui se tient dans le Centre International de Conférence de Kintele du 10 au 12 Septembre 2019, le chef de l’Etat a reconnu, à ce propos, « qu’il s’agit d’un effort exceptionnel qui appelle à une solidarité exceptionnelle ». « La gratuité de l’enseignement de base portera en une année le total des dépenses de l’éducation de 8 à près de 20% du budget, soit un niveau proche de la norme fixée par l’UNESCO ». Cette organisation onusienne ayant la science dans ses attributions recommande aux Etats de consacrer au moins 20 % du budget à l’éducation.

D’aucuns estiment, cependant, que cette volonté du chef de l’Etat ne pourra se matérialiser que si elle est traduite dans le projet de budget du gouvernement Ilunga qui sera présenté au mois de septembre à l’Assemblée nationale. Ce, d’autant plus qu’en 2018, le budget global de l’éducation était à 15,7 %. Ce budget prenait en compte quatre secteurs à savoir, l’enseignement supérieur et universitaire, l’enseignement primaire, secondaire et technique, le ministère des Affaires sociales avec l’enseignement non formel, ainsi que le ministère de Formation professionnelle.

Transformer localment les minerais

Le président de la République a, par ailleurs, annoncé que son gouvernement réfléchit sur la transformation locale des minerais. A cet effet, a-t-il fait savoir, le gouvernement travaille sur les voies et moyens susceptibles de permettre à la République démocratique du Congo de transformer localement ses minerais.

« J’ai pris le ferme engagement d’opérer de profondes réformes dans plusieurs secteurs de la vie nationale. J’ai engagé le gouvernement à réfléchir profondément sur les voies et moyens pour la transformation localement de nos matières premières pour engager les moyens financiers supplémentaires afin de les orienter vers les secteurs prioritaires de la refondation de l’Etat », a déclaré Félix Tshisekedi.

Pour parvenir à rendre cela concret, le Chef de l’Etat estime qu’en dehors du Grand Inga, la construction des centrales hydroélectriques de taille moyenne et des microcentrales capables de faciliter l’accès à l’eau et à l’électricité dans toutes les provinces du pays est une nécessité pour ce modèle de développement.

Le président Félix Tshisekedi a, en outre, annoncé la mise en place, dans un futur proche de l’autorité de régulation de l’énergie ainsi que de l’agence de l’électrification rurale. « Je procéderai, dans un proche avenir, à la mise en place effective de l’autorité de régulation de l’énergie ainsi que de l’agence de l’électrification rurale, afin d’accélérer la transformation du secteur de l’électricité rendue possible depuis sa libéralisation en 2014 », a-t-il également soulevé au cours de ce Forum mis en place depuis 2015. Selon un document de la présidence, plusieurs chefs d’Etat et de délégation sont arrivés à Brazzaville pour cet événement.

La Banque Mondiale, la Banque Chinoise de Développement, le ministère des Finances de la République populaire de Chine sont les co-organisateurs de ce grand forum économique.

(Grevisse KABREL)

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