La localité de Mweso, située dans la partie Est du territoire de Masisi, dans la province du Nord-Kivu, reste un milieu où la situation humanitaire laisse à désirer du jour au lendemain. Les affrontements récurrents des groupes armés sont la principale cause des déplacements massifs des populations. Cette situation a entrainé une crise humanitaire qui nécessite à ce jour, une réponse urgente des Ongs locales et internationales œuvrant dans le domaine humanitaire, pour assister les populations locales et les déplacées. La conseillère des affaires humanitaires de l’Ong internationale « Médecins sans frontières (MSF) », Aurélie Poelhekke qui revient de Mweso, s’est confiée à Lepotentielonline.net dans une interview exclusive. Elle décrit la situation vécue sur terrain.
C’est quoi l’objectif de votre mission à Mweso ?
Nous venons de la localité de Mweso, pour appuyer les équipes sur terrain qui travaillent dans des interventions humanitaires au Nord-Kivu et plus précisément dans ce coin de la province où le cadre humanitaire semble ne pas s’améliorer et être oublié de tous. Il y a des populations qui souffrent énormément dans ce milieu et comme Médecins Sans Fontières (MSF) organise ses activités humanitaires dans toute la zone de santé de Mweso -qui couvre également Kashuga, Kalembe, Bibwe, Mpati et la cité de Kichanga, – nous avions effectué une descente sur terrain pour s’imprégner de la réalité actuelle.
Qu’avez-vous constaté sur place ?
Les populations se vident de leurs milieux à cause de la présence des groupes armés qui s’affrontent régulièrement. Il y a des violences sexuelles enregistrées sur place. Ces conflits armés conduisent donc à des déplacements pendulaires des populations, ce qui rend les communautés plus vulnérables. Il y a un niveau inquiétant de violences à l’encontre des populations et les derniers affrontements entre groupes armés sur place ont conduit à la détérioration de la situation sécuritaire et humanitaire. Cette insécurité grandissante rend les interventions humanitaires difficiles à se réaliser, ce qui constitue un grand danger humanitaire pour toutes ces femmes et tous ces hommes qui devraient accéder aux soins de santé et aux besoins nutritionnels.
Quelles sont les pistes de solution face à cela ?
Aujourd’hui, Il faut qu’il y ait plus d’attention à la crise humanitaire à Mweso, dans le territoire de Masisi et aussi des réponses urgentes quant à ce. Pour améliorer la situation, il faut l’implication de tous les acteurs humanitaires qui doivent adapter aussi toute aide humanitaire qui entre dans la zone de santé de Mweso aux vraies réalités du terrain. Une collaboration entre ONGs locales, nationales et internationales qui œuvrent dans l’humanitaire au Nord-Kivu, doit être d’actualité afin de réussir cette mission délicate.
Quelles sont les vraies difficultés rencontrées sur terrain et les conséquences qui en découlent ?
Sur place, il y a plusieurs difficultés rencontrées. On observe en continue des ruptures de stock des médicaments VIH sur la Zone de santé de Mweso liées aux difficultés avec les commandes, la disponibilité des intrants, des problèmes d’infrastructures et la disponibilité de staff médical dans les structures de santé. La grande difficulté qui empêche l’intervention sanitaire et humanitaire, c’est aussi la présence permanente des groupes armés. Les autorités congolaises devraient s’impliquer dans la pacification de toutes ces zones, ce qui permettra la libre circulation des équipes humanitaires pour sauver toutes ces vies.
Quel genre d’activités menez-vous concrètement sur terrain ainsi que les activités à venir ?
Nous restons tous les jours en alerte pour répondre aux nouveaux besoins humanitaires et l’implication de tous s’avère utile. MSF appuie l’ensemble des soins curatifs à l’hôpital général de Mweso, ici au Nord-Kivu, en collaboration avec le Ministère de la Santé de la République démocratique du Congo. Actuellement, MSF fournit un paquet complet des soins de santé primaires dans six structures de santé (Kalembe, Kashuga, Bibwe, Bukama, Bushanga et Mpati). Nous fournissons également des appuis à d’autres structures additionnelles dans la zone de santé de Mweso pour la prise en charge du paludisme, des maladies diarrhéiques et des violences sexuelles. Les cliniques « Tumaini » de MSF à Mweso et Kichanga, assurent des soins de santé de reproduction ainsi que le traitement médical et psychologique des survivants des violences sexuelles. Depuis le début de cette année, nous avons facilité plus de 4 245 accouchements et hospitalisé plus de 8 545 malades dans la zone de santé de Mweso. Nous appelons donc à l’implication de tous les acteurs humanitaires pour mettre fin à cette situation qui inquiète les Communautés du Nord-Kivu.
(Propos recueillis par Melis Boasi depuis Goma)