vendredi , 6 novembre 2020
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Les installations de la SNEL (Société nationale d’électricité) de la RDC.
Les installations de la SNEL (Société nationale d’électricité) de la RDC.

RDC : La libéralisation du secteur énergétique continue à battre de l’aile

L’absence d’un régulateur fausse les règles de jeu et ne permet pas aux initiatives privées de se déployer pour combler les insuffisances de la SNEL (Société nationale d’électricité) à satisfaire une demande énergétique en flèche. Les entreprises minières attendent de l’État la mise en place des animateurs de l’Autorité de régulation de l’électricité pour donner enfin, une effectivité à la loi de 2014. Quelle alternative pour combler le déficit énergétique de l’industrie minière ? De quelle manière la RDC peut-elle se rapprocher de son potentiel électrique de 100 Gigawatts (GW) ? Quelles ont été les évolutions majeures en 2018 ? Quelles sont les innovations au niveau mondial dans le secteur ? Comment satisfaire les besoins des entreprises minières ? Où sont les investisseurs ? Quid des innovations ? La prise en compte de la Responsabilité sociale des entreprises (RSE) et de la protection de l’environnement. Autant de questions qui taraudent les esprits des opérateurs miniers présents en République démocratique du Congo (RDC).

Consacrée par la loi n°14/011 du 17 juin 2014 relative au secteur de l’électricité, la libéralisation du secteur énergétique continue à battre de l’aile. A Kolwezi où s’était tenue, du 11 au 13 avril 2019, la quatrième conférence de la FEC (Fédération des entreprises du Congo), les miniers avaient une fois de plus reposé le problème. Alors que s’ouvre à Matadi, dans le Kongo central, le forum national sur l’énergie électrique, on se rappelle, quatre mois, de la problématique soulevée par les miniers lors des assises de Kolwezi.

A ce jour, l’absence d’un régulateur fausse les règles de jeu et ne permet pas aux initiatives privées de se déployer pour combler les insuffisances de la SNEL (Société nationale d’électricité) à satisfaire une demande énergétique en flèche. Les entreprises minières attendent de l’Etat la mise en place des animateurs de l’Autorité de régulation de l’électricité pour donner enfin, une effectivité à la loi de 2014.

Quelle alternative pour combler le déficit énergétique de l’industrie minière ? De quelle manière la RDC peut-elle se rapprocher de son potentiel électrique de 100 Gigawatts (GW) ? Quelles ont été les évolutions majeures en 2018 ? Quelles sont les innovations au niveau mondial dans le secteur ? Comment satisfaire les besoins des entreprises minières ? Où sont les investisseurs ? Quid des innovations ? La prise en compte de la Responsabilité sociale des entreprises (RSE) et de la protection de l’environnement.

Autant de questions qui taraudent les esprits des opérateurs miniers présents en République démocratique du Congo. Du 11 au 13 avril 2019, ils ont exploré, en marge de la 4ème édition de la conférence sur l’énergie, des voies et moyens pour contourner ces difficultés. Toutes les solutions proposées à ce jour se ramènent à l’Etat congolais, qui doit mettre en place des règles de jeu assez claires et attractives, via une législation aérée, pour booster le secteur de l’électricité.

Les miniers montent au créneau

Sous l’impulsion de la FEC, les miniers avaient tenté de contourner les difficultés de la SNEL (Société nationale de l’électricité) à satisfaire leur demande, toujours croissante, en énergie électrique. Pour y arriver, il y a des obstacles à surmonter, qui renvoient essentiellement au cadre légal de la libéralisation du secteur de l’électricité.

Depuis 2014, l’État congolais a levé l’option de régulariser le secteur de l’électricité pour donner la chance à l’éclosion des initiatives privées. A ce jour, la SNEL, qui détient le monopole dans le secteur, n’arrive toujours pas à satisfaire la demande en énergie électricité. Dans les rangs des miniers, la nécessité de trouver des solutions palliatives se fait sentir.

A la faveur du boom minier qui a suivi la promulgation du Code minier de 2002, les investissements miniers ont explosé dans le secteur, plus particulièrement dans le Grand Katanga. Mais, les miniers ont soif d’une énergie que la SNEL ne sait pas produire. Selon les experts de la SNEL, pour l’année 2019, la demande en énergie électrique pour les seules industries minières du Grand Katanga est estimée à 1.411 Mégawatts, contre une offre de 751 MW, soit un déficit de 860 MW.

Dans le Grand Katanga, des initiatives privées sont en train de pousser çà et là pour subvenir à cette situation de crise énergétique. Mais, en face, les miniers et d’autres privés qui ont l’ambition d’investir dans le secteur de l’électricité se butent à un problème créé, notamment par l’absence d’un régulateur. Cinq ans après, l’État congolais tarde toujours à nommer les animateurs de l’Autorité de régulation de l’électricité (ARE).

En lieu et place d’un régulateur jouissant de plein pouvoir, c’est le ministre ayant l’énergie dans ses attributions qui se substitue en régulateur ; une situation qui énerve la loi de 2014, plombant d’une certaine manière la dynamique de la libéralisation, pourtant formalisée par la loi du 17 juin 2014. A Kolwezi, les participants à la 4ème conférence de l’énergie ont soulevé cette entorse qui, selon eux, retardent les investissements privés dans le secteur de l’énergie.

De la parole aux actes

Il y a de temps où les actes valent plus que les paroles. Depuis 2014, la Fédération des entreprises du Congo (FEC) s’est lancée dans une réflexion autour de la possibilité de combler le grave déficit énergétique de la RDC qui, selon elle, est non seulement un défi mais aussi un frein pour le développement du secteur. Le patronat congolais, essentiellement sa branche du Haut-Katanga, se débat sans jamais trouver le bout du tunnel.

Cinq ans après la libéralisation du secteur de l’électricité, le problème est toujours là. L’industrie minière du Grand Katanga est en difficulté. Comme toujours, le principal défi à relever reste l’accès à l’énergie électrique que la SNEL ne sait lui fournir. Pour les industries minières du Grand Katanga, il faut explorer d’autres pistes et proposer des solutions innovantes pour contourner ce problème.

Pendant trois jours, miniers, banquiers et délégués des services publics s’étaient donc retranchés à Kolwezi, chef-lieu de la province du Lualaba, pour trouver enfin une solution à ce problème de déficit énergétique dans le secteur minier. Autour du thème évocateur : « Le développement énergétique face à la demande minière », le patronat a demandé à l’Etat congolais de prendre ses responsabilités en concrétisant effectivement la libéralisation du secteur de l’énergie. Pour la FEC, le premier geste de bonne foi de l’Etat passe par la nomination des animateurs de l’Autorité de régulation de l’électricité.

« C’est incompréhensible que cinq ans après la loi de 2014, l’Etat ne s’empresse par de nommer les autorités de l’ARE. C’est comme si l’Etat congolais cautionnait volontairement l’anarchie, alors que la demande en énergie électrique dans le secteur minière explose. La Snel a déjà avoué son incapacité à répondre à cette demande. Le sauvetage ne peut donc venir que des privés qui sont prêts à s’engager dans le secteur. Des initiatives sont là. Mais, il faut qu’en face, les investisseurs trouvent un interlocuteur valable avec qui débattre. C’est le rôle dévolu à l’ARE dont les animateurs ne sont toujours pas nommés. L’Etat congolais doit prendre ses responsabilités pour ne pas mettre le secteur minier en péril », avait fait comprendre un opérateur minier, présent à la conférence de Kolwezi.

19,843 milliards USD de manque à gagner à horizon 2025

Dans le secteur minier du Grand Katanga, le déficit énergétique est tel que les miniers craignent que le secteur ne se retrouve prochainement dans un trou noir. Au terme des échanges de Kolwezi, tous les participants à la conférence de Kolwezi ont convenu que la SNEL – autant les délégués de la Snel présents à cette rencontre – est dans l’incapacité de satisfaire la forte demande énergétique de l’industrie minière du Grand Katanga qui se chiffre aujourd’hui à 860 Mégawatts.

C’était aussi l’occasion pour Eric Monga, président de la FEC/Grand Katanga, de tirer la sonnette d’alarme. « Il faut faire vite pour inverser cette tendance », avait-il dit, lors de sa brève allocution à l’ouverture de ce forum, le jeudi 11 avril 2019 à Katebi Lodge, situé à près de 30 km du centre-ville de Kolwezi. Selon lui, le déficit énergétique dans l’industrie minière du Grand Katanga est un danger pour le développement du secteur.

Le manque à gagner que le secteur minier pourrait enregistrer par le fait d’une fourniture insuffisante de l’énergie est alarmant. Il se chiffre, de l’avis d’Eric Monga, à « 19,843 milliards de dollars américains » à horizon 2025. « Il y a donc urgence. Il faut faire vite pour ne pas freiner les projets prometteurs qui se développent dans l’industrie minière », avait lancé Eric Monga. Aussi a-t-il appelé tous les partenaires impliqués dans le secteur minier, à savoir l’Etat congolais, la FEC et d’autres acteurs à se mettre ensemble pour sortir de ce piège énergétique qui risque de freiner l’élan de progrès de l’industrie minière nationale.

En tout cas, à Kolwezi, Eric Monga a lancé son appel. Pour l’instant, dans le secteur minier, on attend à ce que l’Etat congolais nomme, à la suite de la loi de 2014 libéralisant le secteur de l’électricité, les animateurs de l’Autorité de régulation de l’électricité (ARE) pour donner enfin l’occasion aux privés d’opérer effectivement dans le secteur énergétique.

C’est le prochain combat auquel la FEC a promis de se livrer pour sécuriser les investissements que ses membres, à l’instar d’Eric Monga, projettent de lancer dans le secteur énergétique de la RDC. Objectif : contourner la SNEL et donner de l’électricité au secteur minier du Grand Katanga.

(avec lePotentiel)

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