vendredi , 6 novembre 2020
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USA : Des centres de détention de migrants clandestins au Texas

La police américaine aux frontières était mardi sous un feu nourri de critiques après la visite d’élus du Congrès dans des centres de détention de migrants clandestins au Texas, où ils ont dénoncé des conditions de vie « effroyables ». Les parlementaires démocrates ont visité lundi des centres à El Paso et Clint, deux villes frontalières du Mexique où sont détenus des migrants entrés illégalement sur le territoire américain. Cette visite est intervenue alors que le site d’information indépendant ProPublica a révélé l’existence d’un groupe Facebook géré par des agents de la police aux frontières. Ils y échangent commentaires moqueurs et insultes sur les migrants et les parlementaires opposés au programme de lutte contre l’immigration illégale du président Donald Trump. La patronne de l’agence, Carla Provost, a dénoncé les messages « complètement inappropriés » et « contraires à l’honneur et à l’éthique » des agents. Le service fédéral de protection des frontières a annoncé qu’il avait lancé une enquête sur ce groupe Facebook.

Cette polémique a contribué à renforcer les tensions déjà vives après une semaine marquée par des drames à la frontière.

L’ONG Human Rights Watch a dénoncé le manque d’hygiène et la surpopulation au centre de Clint, qui accueillait alors 300 mineurs isolés. Les autorités ont depuis transféré la majorité des mineurs dans d’autres centres d’hébergement.

Et la photo des corps d’un migrant et de sa fille en bas âge gisant au bord du Rio Grande a choqué l’opinion, rappelant les dangers encourus par ceux qui tentent de traverser la frontière naturelle entre le Mexique et les Etats-Unis.

Le chef de la délégation parlementaire, Joaquin Castro, a raconté lundi les conditions de vie d’un vingtaine de femmes à El Paso, dont certaines étaient selon lui enfermées depuis près de deux mois dans ce centre de rétention de la police aux frontières (CBP).

Devant les journalistes, il a évoqué des cellules « sans eau courante » où les détenues devaient « boire l’eau des toilettes ».

Des centres « sur-saturés »

Dans une vidéo filmée en cachette dans la cellule sans lit, le parlementaire montre aussi ces femmes dans des sacs de couchage lui expliquer qu’elles sont privées de douches et n’ont pas accès aux médicaments.

Une autre démocrate, Judy Chu, a dénoncé des conditions de détention « effroyables et dégoûtantes », tandis que Madeleine Dean, du même parti, évoquait « l’hostilité des gardiens » à l’égard de la délégation.

« Je ne peux que souligner comment il est troublant que des agents du CBP aient ouvertement manqué de respect » aux élus du Congrès, a déclaré mardi sur Twitter l’élue progressiste Alexandria Ocasio-Cortez, dénonçant une « agence-voyou ».

La jeune parlementaire, qui est l’une des opposantes les plus féroces à la politique migratoire de l’administration Trump, était l’une des cibles du groupe Facebook.

Le point-presse a également été perturbé par des contre-manifestants qui ont scandé des slogans en faveur de Donald Trump.

Face à l’arrivée massive de migrants venus d’Amérique centrale à la frontière sud des Etats-Unis, le gouvernement a décrété à l’été 2018 la « tolérance zéro » contre l’immigration, notamment en séparant les familles de migrants. Les adultes étaient placés en détention tandis que les enfants étaient hébergés dans des centres d’accueil, rapidement saturés.

Mais la justice a interdit cette mesure, et les mineurs non accompagnés doivent être désormais remis à leur famille ou être pris en charge par le ministère de la Santé après 72 heures de détention.

Avec 144.000 personnes arrêtées en mai, les structures de détention à la frontière sont « sur-saturées » car elles « n’ont jamais été faites pour gérer le volume de migrants qui nous arrivent », a expliqué mardi sur CNN Robert Perez, chef-adjoint de l’agence de surveillance des frontières.

Il a démenti les accusations de mauvais traitements ou de manque d’hygiène des détenus, assurant des « normes très strictes » pour l’accès à l’eau et aux produits d’hygiène.

Pour faire face à la crise migratoire, le Congrès a approuvé la semaine dernière en urgence une enveloppe de 4,6 milliards de dollars. Elle prévoit des financements pour l’accueil des mineurs mais aussi pour le contrôle de la frontière.

(avec Afp)

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