vendredi , 6 novembre 2020
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Haute couture : La fourrure ne fait plus rêver les couturiers

Au dernier jour de la haute couture à Paris, Jean Paul Gaultier a joyeusement imité ce matériau du luxe avec des imprimés, des plumes et des jeux optiques dans son premier défilé très attendu depuis qu’il avait renoncé à la fourrure en novembre. Les gigantesques chapkas sont en plumes rose et turquoise, le relief des doudounes contribue à l’effet 3D de la fourrure de renard, les pois « panthère » miroitent sur du satin matelassé. « C’est une collection entièrement sans fourrure », a déclaré à l’AFP le couturier qui avait travaillé avec le matériau pendant 30 ans.

L’hiver prochain, les plumes flotteront sur des robes aériennes et protégeront les oreilles sur des chapkas, les manteaux en cachemire envelopperont les tuniques en soie, mais la fourrure ne fait plus rêver les couturiers.

Au dernier jour de la haute couture à Paris, Jean Paul Gaultier a joyeusement imité ce matériau du luxe avec des imprimés, des plumes et des jeux optiques dans son premier défilé très attendu depuis qu’il avait renoncé à la fourrure en novembre.

Les gigantesques chapkas sont en plumes rose et turquoise, le relief des doudounes contribue à l’effet 3D de la fourrure de renard, les pois « panthère » miroitent sur du satin matelassé.

« C’est une collection entièrement sans fourrure », a déclaré à l’AFP le couturier qui avait travaillé avec le matériau pendant 30 ans.

Plumes, cachemire tressé, duvet cousu

Le Néerlandais Ronald Van Der Kemp soutient la même démarche: « je n’utilise pas de fourrure, ou alors c’est qu’elles ont été jetées », a-t-il déclaré à l’AFP. Un boléro et un manteau au défilé mercredi ont été conçus à partir de pièces de duvet cousues en tubes. « Les fausses fourrures, c’est le pire du pire, ça reste pendant des années, toute une vie ».

On aurait pu se dire qu’une robe tunique blanche et une veste d’Aelis sont en fourrure, mais en fait elles ont été « tricotés et tissés avec de la soie et du cachemire, du poil de chameau et du coton », a expliqué à l’AFP Sofia Crociani, créatrice italienne de la marque.

« Nous nous interdisons complètement les visons, les +fake furs+ en synthétique, les plastiques sont inacceptables pour moi, même recyclés », ajoute la créatrice qui ne travaille qu’avec des tissus naturels.

La créatrice britannique de Givenchy Clare Waight Keller, qui avait fait en 2018 une collection autour de la fausse fourrure, a laissé tomber cette option. C’est la plume qui était omniprésente jusque dans les escarpins et les couvre-chef punk dans sa collection inspirée d’un « château noble » peuplé de « cygnes », ces femmes riches et racées.

La fausse est « une bonne alternative à la vraie fourrure (…) mais pas la meilleure solution du point de vue de l’environnement. Je préfère attendre qu’on trouve une meilleure matière » », a-t-elle récemment expliqué au magazine WWD.

Geste perdu

« Il est débile d’utiliser une fourrure qui est faite avec du pétrole », peste l’Italien Maurizio Galante. Dans un tailleur pantalon « panthère » évoquant un Dieu mexicain, la fourrure mouchetée de l’animal a été reconstituée par des broderies et des tissus superposés, des fils entourant les taches pour créer une barrière autour de chaque contour noir de cette fourrure « fantastique ».

« La fourrure c’est quelque chose qui n’a plus la place dans la vie de tous les jours: c’est un peu comme les chapeaux que mon grand-père portait. Il les portait avec un geste, aujourd’hui ce geste s’est perdu, il n’a plus de sens », analyse-t-il. « C’est le monde qui change, c’est aussi le climat, le respect pour les animaux ».

Le couturier français Julien Fournié a arrêté il y a cinq ans la fourrure, le matériau dont il adore le rendu parce que les clientes n’en veulent plus.

« Il n’y a pas assez de traçabilité, même si une fourrure réelle est plus écologique qu’une fourrure synthétique, parce qu’il faut presque six mille ans pour détruire du synthétique alors qu’il en faut six cents ans pour détruire du réel », souligne-t-il.

« Les clientes n’achètent pas de la fourrure, donc je ne vais pas perdre du temps à en faire. J’aime ça, mais c’est terminé », déclare à l’AFP le créateur qui utilise des plumes ou des fils de pêche.

Malgré cette absence flagrante de fourrures sur les podiums, Pierre-Philippe Frieh, porte-parole de la Fourrure française, ne désespère pas.

« La raison pour laquelle on ne veut pas de fourrures aux défilés, c’est que les créateurs veulent éviter la violence et le harcèlement des anti-fourrure », déclare-t-il. « Les gens n’osent plus porter de fourrure dans la rue parce qu’il y a un climat de terreur ».

Il assure que le « marché se porte bien et se félicite du fait que les jeunes stylistes comme Virgil Abloh chez Louis Vuitton et Kim Jones chez Dior homme travaillent avec de la fourrure.

Quant à Jean Paul Gaultier, la filière « pense qu’il va revenir ». « C’est un créateur de talent et il va comprendre qu’on ne peut pas de se passer de l’artisanat du luxe français dont fait partie la fourrure au même titre que la maroquinerie et la soie ».

(avec Afp)

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