vendredi , 6 novembre 2020
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Soudan : Reprise des négociations ?

Les chefs de la contestation au Soudan ont accepté mercredi sous conditions une proposition des médiateurs de reprendre des négociations directes sur la transition avec les généraux au pouvoir, après un bras de fer de plusieurs semaines et un durcissement de la répression. Depuis la destitution le 11 avril du président Omar el-Béchir, la tension est montée entre le Conseil militaire qui tient les rênes du pays et l’Alliance pour la liberté et le changement (ALC), fer de lance de la contestation. Des négociations entre les deux parties avaient été suspendues le 20 mai, chaque partie souhaitant diriger la transition prévue sur trois ans. La crise a atteint son paroxysme avec la dispersion le 3 juin d’un sit-in de manifestants installé devant le QG de l’armée à Khartoum, qui a fait des dizaines de morts. Une médiation engagée par l’Ethiopie et l’Union africaine (UA) a permis d’élaborer un plan de transition. Mardi, les médiateurs ont invité les deux camps à reprendre les négociations dès mercredi, indiquant que le seul point de contentieux concernait la future instance appelée à diriger la transition.

L’ALC « a tenu une réunion et décidé d’accepter l’invitation à des négociations directes », a indiqué en conférence de presse un meneur de la contestation, Madani Abbas, en posant des conditions.

Parmi ces « conditions » figure la mise en place d’un « cadre temporel pour ces négociations », a souligné M. Madani. « Nous avons proposé 72 heures. Ni nous, ni le peuple soudanais ne sommes disposés à entreprendre des négociations sans fin ».

La contestation réclame également une « copie écrite » du texte du plan de médiation comprenant « des amendements » qu’elle a proposés, mettant l’accent sur la nécessité de discuter de l’instance de transition.

« Amnistie » de rebelles

Le Conseil militaire ne s’est pas encore prononcé.

Mais le chef du Conseil, Abdel Fattah al-Burhane, a prononcé une « amnistie » concernant 235 membres d’un groupe rebelle du Darfour (ouest), « l’Armée de libération du Soudan », une faction qui fait partie de l’ALC.

Ils doivent être libérés « immédiatement » à condition qu’ils ne fassent pas l’objet de poursuites judiciaires dans d’autres affaires, selon un communiqué.

Mardi, les médiateurs avaient assuré que les négociations allaient porter sur l’instance de transition: un « Conseil souverain » constitué de huit civils et sept militaires, selon le plan de transition dont l’AFP a pu obtenir une copie.

Sur les huit civils, sept seraient issus de l’ALC tandis que le dernier serait choisi par les deux camps.

Ce « Conseil souverain » devrait être présidé par un des militaires pendant 18 mois, avant qu’un civil ne prenne la relève jusqu’à la fin de la transition, qui doit durer au total trois ans, d’après le document.

La suspension en mai des pourparlers était en grande partie due à la composition de cette instance de transition, chaque partie voulant en prendre la tête.

Désobéissance civile

Ces développements quelques jours après des manifestations de masse.

Dimanche, des dizaines de milliers de personnes ont défilé à travers le pays, malgré un important dispositif sécuritaire et un blocage d’internet pour réclamer aux généraux de céder le pouvoir.

Dix personnes ont été tuées et plus de 180 blessées dans des violences en marge de ces rassemblements, selon les autorités.

Ces morts portent à 136 le bilan de la répression depuis la dispersion du sit-in qui avait fait à elle seule une centaine de morts selon un comité de médecins proche de la contestation. Les autorités évoquent 71 morts depuis le 3 juin.

Les chefs de la contestation ont appelé à la tenue d’une grande manifestation le 13 juillet suivie le lendemain par une campagne de désobéissance civile. Une campagne similaire, menée du 9 au 11 juin, avait quasiment paralysé la capitale.

La contestation au Soudan a été déclenchée initialement par le triplement en décembre du prix du pain dans un pays pauvre à l’économie exsangue.

Les manifestations ont rapidement pris une tournure politique en réclamant l’éviction d’Omar el-Béchir, qui dirigeait le pays d’une main de fer depuis près de trois décennies.

(avec Afp)

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