vendredi , 6 novembre 2020
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Hong Kong : Tensions entre Chine et Royaume-Uni

Les tensions diplomatiques entre Londres et Pékin nées du soutien apporté par le Royaume-Uni, l’ancienne puissance coloniale, aux manifestants à Hong Kong ont culminé mercredi avec la convocation de l’ambassadeur chinois, qui avait appelé à éviter toute « ingérence ». « Je pense que la relation (entre Londres et Pékin) a souffert de l’ingérence du gouvernement britannique au sujet de Hong Kong », a déclaré l’ambassadeur, Liu Xiaoming, au cours d’une conférence de presse. « J’espère que le gouvernement britannique réalisera les conséquences et s’abstiendra de nouvelles ingérences pouvant nuire encore plus à la relation » entre la Chine et le Royaume-Uni, a-t-il dit.

L’ambassadeur a été convoqué mercredi au ministère britannique des Affaires étrangères pour un entretien sur Hong Kong, a fait savoir à l’AFP une source au sein du ministère, précisant que cet entretien aurait lieu plus tard dans la journée.

« C’est très décevant lorsque des hauts fonctionnaires de ce calibre montrent leur soutien envers des gens qui contreviennent à la loi », a aussi déclaré l’ambassadeur, faisant référence aux propos du chef de la diplomatie britannique Jeremy Hunt. Ce dernier avait exprimé le « soutien indéfectible » de son pays à « Hong Kong et à ses libertés » lundi, le jour du 22e anniversaire de la rétrocession de ce territoire à la Chine, marqué par l’assaut du parlement local par des manifestants hostiles au gouvernement pro-Pékin de Hong Kong.

Mardi, le ministre avait aussi menacé la Chine de « graves conséquences » si elle ne respectait pas l’accord de 1984 entre Londres et Pékin garantissant des droits et libertés dans son ex-colonie.

Aux termes de cet accord qui a présidé à son retour dans le giron chinois, Hong Kong jouit d’une semi-autonomie et de libertés n’existant pas en Chine continentale et ce, en théorie, jusqu’en 2047.

Accord « juridiquement contraignant »

« Message au gouvernement chinois : les bonnes relations entre les pays reposent sur le respect mutuel et le respect des accords juridiquement contraignants entre eux. C’est le meilleur moyen de préserver les excellentes relations entre le Royaume-Uni et la Chine », a tweeté M. Hunt mercredi, en réponse aux propos de Liu Xiaoming.

Dans un entretien avec Channel 4 news dans la soirée, M. Hunt a déclaré être « très préoccupé par la réaction en Chine aux commentaires que j’ai fait qui étaient très simples : nous voulons rester les meilleurs amis de la Chine, nous voulons commercer avec la Chine mais nous nous attendons à ce que les pays avec lesquels nous avons des accords internationaux contraignants respectent ces accords ».

Avant les déclarations de son ambassadeur, la Chine avait annoncé avoir protesté officiellement contre les propos du chef de la diplomatie britannique.

Pour Pékin, Londres « semble être encore plongé dans les fantasmes des anciens colons britanniques », a dénoncé au cours d’un point presse Geng Shuang, un porte-parole de la diplomatie chinoise, soulignant que « le Royaume-Uni n’a plus la moindre souveraineté » sur le territoire semi-autonome.

Mercredi, devant les députés britanniques, la Première ministre Theresa May avait déclaré avoir « directement » fait part de « ses inquiétudes aux autorités chinoises » au sujet de Hong Kong.

Theresa May a aussi dit avoir été « choquée par les scènes à Hong Kong lundi et l’usage de la violence au parlement local » et souligné que « la vaste majorité des centaines de milliers de personnes qui ont défilé l’ont fait de manière pacifique et légale ».

A l’origine de la contestation, un projet de loi du gouvernement de Hong Kong autorisant les extraditions vers la Chine continentale a été suspendu, mais la colère est maintenant dirigée vers le gouvernement hongkongais dans son ensemble, accusé de laisser Pékin rogner les libertés.

« Il est vital que le haut degré d’autonomie de Hong Kong et les droits et les libertés instaurés par la déclaration commune sino-britannique soient respectés », a jugé Theresa May.

Boris Johnson, le favori pour la remplacer à la tête du gouvernement le 23 juillet, a de son côté affirmé qu’il « se ferait un plaisir de parler au nom (des manifestants hongkongais) et de les soutenir à chaque étape ».

CARRIE LAM CONDAMNE LES VIOLENCES

La cheffe du gouvernement de Hong Kong a condamné mardi les violences « extrêmes » des manifestants qui ont occupé le Parlement de cette ex-colonie britannique, Pékin réclamant une enquête pénale sur ce défi sans précédent à son autorité.

La crise qui secoue ce territoire semi-autonome depuis des semaines du fait d’un projet de loi controversé autorisant les extraditions vers la Chine continentale a franchi un nouveau palier lundi, le jour anniversaire de sa rétrocession en 1997.

La cheffe du gouvernement de Hong Kong a condamné mardi les violences « extrêmes » des manifestants qui ont occupé le Parlement de cette ex-colonie britannique, Pékin réclamant une enquête pénale sur ce défi sans précédent à son autorité.

Londres a de son côté mis en garde la Chine, soulignant que toute entrave aux libertés à Hong Kong aurait des « conséquences graves ».

La crise qui secoue ce territoire semi-autonome depuis des semaines du fait d’un projet de loi controversé autorisant les extraditions vers la Chine continentale a franchi un nouveau palier lundi, le jour anniversaire de sa rétrocession en 1997.

La colère des contestataires les plus radicaux a pris un tour jamais vu quand des groupes de manifestants, pour la plupart des jeunes gens, ont fait irruption dans le Conseil législatif (LegCo), le Parlement de la mégapole.

Dans l’hémicycle, ils ont déployé le drapeau de l’ère coloniale britannique, arraché les portraits des dirigeants de Hong Kong et maculé les murs de graffitis. La police antiémeute a repris le contrôle du Legco peu après minuit.

Ces événements constituent un défi sans précédent au président chinois Xi Jinping.

Le gouvernement central a d’ailleurs réagi sans tarder, appelant les autorités hongkongaises à établir les « responsabilités pénales » des auteurs de violences décrites comme « des actes graves et illégaux ».

La cheffe de l’exécutif hongkongais Carrie Lam a de son côté dénoncé l’invasion « extrêmement violente » du Parlement.

« C’est quelque chose que nous devons sérieusement condamner car rien n’est plus important que l’Etat de droit à Hong Kong », a-t-elle dit.

Le ministre britannique des Affaires étrangères Jeremy Hunt a quant à lui menacé la Chine de « graves conséquences » si elle ne respectait pas l’accord de 1984 garantissant des libertés à Hong Kong.

« Hong Kong fait partie de la Chine – et nous devons l’accepter. Mais les libertés à Hong Kong sont inscrites dans une déclaration commune. (…) Nous nous attendons à ce qu’un accord juridiquement contraignant soit honoré et si ce n’est pas le cas, il y aura des conséquences graves », a-t-il déclaré.

« Pas le choix »

Depuis des mois, une bonne partie des sept millions de Hongkongais sont vent debout contre le texte sur les extraditions. Le projet de loi a bien été suspendu mais la colère s’est étendue à la dénonciation du gouvernement hongkongais dans son ensemble, accusé de laisser Pékin rogner les libertés.

Aux termes de l’accord de rétrocession, le territoire bénéficie de libertés inconnues dans le reste de la Chine, en théorie jusqu’en 2047, en vertu du principe « un pays, deux systèmes ».

Les manifestants exigent le retrait définitif du projet de loi, la démission de Carrie Lam ainsi que l’abandon des poursuites contre les contestataires arrêtés.

Certains d’entre eux ont expliqué qu’ils avaient recouru à la violence parce que le gouvernement restait sourd à leurs revendications.

« Nous savons que nous violons la loi mais nous n’avons pas le choix », lance Cheung, une publicitaire de 24 ans.

« On a manifesté, on a fait des sit-in. Mais le gouvernement reste inébranlable », se lamente Joey, 26 ans.

Le LegCo était fermé mardi. Des policiers inspectaient les lieux et des ouvriers balayaient les alentours, ramassant verre brisé, parapluies cassés et casques de chantier.

« Tyrannie »

Joshua Wong, une figure de proue de l’immense mouvement pour la démocratie de l’automne 2014, récemment sorti de prison, a estimé que les derniers événements étaient une réaction à « la tyrannie et au règne impérial de Pékin et du gouvernement hongkongais ».

Les manifestants ont reçu le soutien de Donald Trump. Ils « sont en quête de démocratie », a déclaré le président américain. « Malheureusement, certains gouvernements ne veulent pas de la démocratie », a-t-il dit, une pique apparemment destinée à Pékin.

« Ingérence flagrante », a déploré la Chine, exhortant Washington à « cesser d’intervenir dans les affaires intérieures de Hong Kong ».

Les méthodes de plus en plus radicales de certains contestataires leur aliènent une partie de la population et des dizaines de milliers de Hongkongais sont descendus dimanche dans la rue pour soutenir la police.

Chris Cheung, cadre dans une maison de courtage, a déclaré à l’AFP que l’assaut du Parlement n’était « ni sage ni nécessaire ».

Devant le LegCo, Blue Wong, qui s’est portée volontaire pour le nettoyage, s’est dit « en colère contre le gouvernement pour avoir poussé les jeunes générations dans de tels retranchements ».

(avec Afp)

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