vendredi , 6 novembre 2020
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Affrontement entre les Combattants de l'UDPS et du PPRD, a Lubumbashi.
Affrontement entre les Combattants de l'UDPS et du PPRD, a Lubumbashi.

RDC : Risque d’un embrasement ethnique

Il faut prendre conscience que les risques d’un éventuel éclatement de la coalition FCC/CACH sont immenses pour l’Etat et la nation congolaise. La coalition FCC/CACH doit surmonter la présente crise. Elle existe et doit demeurer solide, pour des raisons suivantes. Premièrement, la coalition en question ici réunit et représente actuellement plus de deux tiers de la population congolaise, ceci constitue un gage certain de stabilité pour un pays aussi diversifié tant politiquement qu’ethniquement que le nôtre. Deuxièmement, les trois partis politiques au centre de cette alliance, le PPRD, l’UDPS et l’UNC, prêchent pour une politique sociale-démocrate visant la protection des intérêts du plus grand nombre. Or, l’autre partie de l’échiquier politique est occupée par des forces liées aux valeurs de l’exploitation de l’homme par l’homme. Troisièmement, l’attachement à la souveraineté nationale, au centre du combat des patriotes congolais depuis les années de la lutte pour l’indépendance, s’avère également un point d’accord entre les trois partenaires. C’est en réaction au complot minier que Son Excellence Félix Antoine Tshisekedi avait dénoncé le complot des lobbys miniers de Genève. Cet acte de courage politique avait beaucoup facilité le rapprochement entre le CACH et le FCC. Et enfin quatrièmement, il faut mentionner la question de l’unité nationale. Le leadership actuel du « Lamuka », véritable opposition congolaise, ne rassure pas sur ce thème fondamental du pacte national congolais et de la lutte contre le tribalisme. En effet, beaucoup en RDC craignent que la proximité des leaders du « Lamuka » avec le monde occidental ne pousse ces compatriotes à rejoindre l’idée, encore en vogue, de la balkanisation du pays.

Pour une sonnette d’alarme, c’en est une. Alors que les affidés des  » coalisés  » se rentrent dedans, que les permanences du PPRD et des autres formations du FCC sont saccagées, l’analyste Jean-Pierre Kambila prend de la hauteur et met en garde contre le piège de la balkanisation du pays qui résulterait de la dérive communautariste des tensions en cours. Tribune.

Depuis dimanche 9 juin les milieux politiques congolais, plus précisément de Kinshasa et de Lubumbashi, traversent une zone de turbulence. Deux sujets occupent le centre de toutes les conversations: les invalidations de certains députés, proclamés élus par la Ceni, et la réaction violente des militants extrémistes de l’Udps. Ces incidents sont liés aux propos mal reçus d’un député du FCC, prononcés lors du débat autour d’une motion parlementaire faisant suite à deux Ordonnances signées par le Président de la république.

Comme chacun le sait, ces ordonnances concernent deux fleurons de l’économie congolaise situés au Katanga, la GECAMINES et la SNCC. D’après le député initiateur de la motion, les conditions de l’adoption de ces deux Ordonnances ne correspondent pas aux prescrits de la loi. En face, les élus et autres partisans du Président de la république estiment que toutes les règles régissant l’adoption des Ordonnances présidentielles ont été respectées.

La culture démocratique voudrait que ce genre de contradiction trouve solution au sein de l’Assemblée nationale, par la confrontation des arguments juridiques. La liberté d’expression permet également aux individus ou associations intéressées de prendre librement des positions. La loi n’interdit pas aux mécontents qui le souhaitent de manifester leur désapprobation dans la rue ou ailleurs sur les places publiques, ceci dans le respect de la loi.

Malheureusement, les extrémistes de l’Udps ont choisi de s’attaquer violement aux députés du FCC pour avoir osé s’interroger sur le respect de la procédure lors de la signature des Ordonnances par le Chef de l’Etat.Des véhicules appartenant à certains élus ont été caillaissés, plusieurs sièges des partis politiques du FCC attaqués à Kinshasa. A Lubumbashi, Kisangani et Mbuji-mayi, les sièges provinciaux du PPRD ont été incendiés devant des agents de police incapables d’agir.

En réaction, des «bérets rouges» du PPRD ont, à leur tour, envahi l’esplanade du Palais du peuple ce mercredi 12 juin pour soutenir leurs députés et la liberté de débat à l’Assemblée nationale.

La question qui se pose maintenant est celle des conséquences de ces graves incidents sur la qualité des relations au sein de la coalition FCC/CACH, voire sur sa survie.

INCOMPREHENSION

Pendant que les dirigeants du CACH s’offusquent des propos du député et attendent les regrets du FCC, les leaders de ce regroupement ne comprennent pas pourquoi les militants de leurs partenaires remettraient en cause la liberté d’expression des députés et surtout tolèrent la violence de leurs combattants sur les élus, ainsi que les attaques de leurs installations, tant à Kinshasa qu’à Lubumbashi.

Ceux qui, depuis la naissance de cette alliance la dénoncent comme un mariage contre nature sont aux anges et crient à qui veut les entendre que le moment du divorce est proche. Les ultras de l’UDPS militent, aussi, dans ce sens. Pour sa part, «Lamuka» se frotte les mains.

LE RISQUE D’UN EMBRASEMENT ETHNIQUE

Faut-il tomber dans ce piège ? A qui profiterait cet échec de réunir les souverainistes, socio-démocrates congolais ? Qui subiraient les conséquences des confrontations ethniques qui ne manqueront pas de suivre ceux des militants ? Il serait irresponsable de feindre,d’ignorer les dimensions ethniques et régionalistes de nos partis !

Voici les dangereuses questions que le leadership de la coalition FCC/CACH doit se poser en urgence.

Les ennemis jurés du PPRD ne jurent qu’à la disparition totale des dirigeants des dernières législatures. Ce qui pourrait advenir, plus tard du pays, suite à cette absence, ne les intéresse aucunement à ce stade. Et pourtant, il faut prendre conscience que les risques d’un éventuel éclatement de la coalition FCC/CACH sont immenses pour l’Etat et la nation congolaise.

La coalition FCC/CACH doit surmonter la présente crise. Elle existe et doit demeurer solide, pour des raisons suivantes.

Premièrement, la coalition en question ici réunit et représente actuellement plus de deux tiers de la population congolaise, ceci constitue un gage certain de stabilité pour un pays aussi diversifié tant politiquement qu’ethniquement que le nôtre.

Deuxièmement, les trois partis politiques au centre de cette alliance, le PPRD, l’UDPS et l’UNC, prêchent pour une politique sociale-démocrate visant la protection des intérêts du plus grand nombre. Or, l’autre partie de l’échiquier politique est occupée par des forces liées aux valeurs de l’exploitation de l’homme par l’homme.

Troisièmement, l’attachement à la souveraineté nationale, au centre du combat des patriotes congolais depuis les années de la lutte pour l’indépendance, s’avère également un point d’accord entre les trois partenaires. C’est en réaction au complot minier que Son Excellence Félix Antoine Tshisekedi avait dénoncé le complot des lobbys miniers de Genève. Cet acte de courage politique avait beaucoup facilité le rapprochement entre le CACH et le FCC.

Et enfin quatrièmement, il faut mentionner la question de l’unité nationale. Le leadership actuel du « Lamuka », véritable opposition congolaise, ne rassure pas sur ce thème fondamental du pacte national congolais et de la lutte contre le tribalisme. En effet, beaucoup en RDC craignent que la proximité des leaders du « Lamuka » avec le monde occidental ne pousse ces compatriotes à rejoindre l’idée, encore en vogue, de la balkanisation du pays.

SURMONTER LES MALENTENDUS

Il faut donc conclure, contrairement à ce que racontent certains, que la coalition FCC/CACH plante des solides racines dans l’histoire politique de notre pays et est assise sur un socle idéologique incontestable.

De plus, la nation peut croire que la rencontre entre l’expérience que représente le FCC, liée à la nouvelle espérance qu’apporte le CACH, permettra au pays de prendre un nouvel élan.

La sagesse commande donc de surmonter les quelques malentendus que les ennemis du progrès de la République tentent d’exacerber et de rechercher rapidement les voies et moyens de renforcer cette coalition des souverainistes et socio-démocrates.

(Jean Pierre KAMBILA KANKWENDE, Cadre de la coalition FCC/CACH)

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