vendredi , 6 novembre 2020
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Coalition Lamuka : Rupture latente

Le mois de juin s’annonce pratiquement mouvementé sur le terrain politique. Deux leaders, jadis unis dans Lamuka, et aujourd’hui en rupture latente, font leur retour dans la capitale : le 20 juin pour Moïse Katumbi et le 23 juin pour Jean-Pierre Bemba. Si Katumbi se montre conciliant envers le nouveau pouvoir, Bemba, par contre, a choisi l’extrême, excluant tout rapprochement avec Félix Tshisekedi. Ce n’est pas pour autant que Katumbi baisse les bras. Pour sa grande tournée nationale qu’il entame le 10 juin par la ville de Goma, il se dit porteur d’un seul message : ne pas imploser Kinshasa, capitale de la RDC. Qu’est-ce à dire ? Dans les cercles politiques, on en parle énormément. 

Deux événements politiques majeurs en ce mois de juin. Il s’agit de l’arrivée le 20 juin de Moïse Katumbi, président d’Ensemble pour le changement, et de l’autre, et du retour de Jean-Pierre Bemba, chairman du MLC, le 23 juin prochain. L’os c’est qu’un fossé s’est ouvert entre les deux têtes d’affiche de  Lamuka. Quand l’un parle rapprochement avec Fatshi l’autre prône la vérité des urnes. Du coup, Kinshasa risque d’être le théâtre d’une âpre bataille politique à même de rompre l’accalmie observée jusqu’à ce jour, après le 30 décembre 2018. Selon Moïse Katumbi, « il n’y a pas de raison de faire imploser Kinshasa », appelant ainsi toutes les parties à la retenue pour ne privilégier que ce qui met tout le monde d’accord : la RDC et le bonheur du peuple congolais.

Le mois de juin s’annonce pratiquement mouvementé sur le terrain politique. Deux leaders, jadis unis dans Lamuka, et aujourd’hui en rupture latente, font leur retour dans la capitale : le 20 juin pour Moïse Katumbi et le 23 juin pour Jean-Pierre Bemba.

Si Katumbi se montre conciliant envers le nouveau pouvoir, Bemba, par contre, a choisi l’extrême, excluant tout rapprochement avec Félix Tshisekedi. Ce n’est pas pour autant que Katumbi baisse les bras. Pour sa grande tournée nationale qu’il entame le 10 juin par la ville de Goma, il se dit porteur d’un seul message : ne pas imploser Kinshasa, capitale de la RDC. Qu’est-ce à dire ?

Dans les cercles politiques, on en parle énormément. Aussitôt rentré en RDC, par la ville de Lubumbashi, Moïse Katumbi a joué à l’apaisement en tendant sa main au président Félix Tshisekedi. Pour l’actuel leader de Lamuka, il y a intérêt à créer un climat de sérénité autour du président de la République aux fins de rebâtir dans la paix, un pays plus « beau qu’avant ».

Ce qui n’est pas de l’avis de ses alliés, réunis au sein de Lamuka. Sur place à Kinshasa, Martin Fayulu, candidat de Lamuka à la présidentielle de décembre 2018, a une fois de plus enflammé jeudi la salle des conférences du collège Boboto devant un parterre d’étudiants de la ville. Comme toujours, Martin Fayulu s’accroche à son combat pour la « vérité des urnes ». Il continue à revendiquer sa victoire, « volée », dit-il, à la présidentielle du 30 décembre 2018.

De son côté, Moïse Katumbi ne s’inscrit plus dans cette logique. Selon l’homme politique le plus populaire de la RDC – à en croire le dernier sondage réalisé par le Groupe d’étude sur le Congo et BERCI –la polémique autour des résultats de la présidentielle appartient déjà au passé. Il faut, selon lui, tourner la page et voir comment aider le président Félix Tshisekedi à remettre le pays sur les rails. Un discours qui passe difficilement au sein de Lamuka, la plateforme politique dont il assume actuellement la coordination tournante.

Des signes de divorce

Au MLC de Jean-Pierre Bemba, on le lui a déjà fait savoir. L’entourage de  ce dernier a opté pour la ligne dure. Le rapprochement avec Félix Tshisekedi, laisse entendre le MLC n’est pas à l’ordre du jour. Quant à Martin Fayulu, qui se fait toujours entouré d’Adolphe Muzito, nouveau patron de Nouvel élan, formation composée essentiellement des dissidents du Palu, le langage est au durcissement par rapport au pouvoir de Félix Tshisekedi.

Au sein de Lamuka, c’est donc Moïse Katumbi qui joue pour l’instant à l’apaisement. A ce propos, certains observateurs politiques craignent que la coalition jadis électorale ne vole en éclats. Les signes annonciateurs sont bien visibles.

Le plus évident est qu’entre Katumbi et Fayulu, on n’est plus loin d’une séparation. Devant les étudiants réunis au collège Boboto, Martin Fayulu a lancé une pique au président d’Ensemble pour le changement.

Alors qu’il s’est dit activement impliqué dans le retour de Jean-Pierre Bemba, Fayulu a dit ne pas être associé aux préparatifs de l’arrivée le 20 juin à Kinshasa de Moïse Katumbi. Sic !

« Les amis du MLC sont venus me donner le programme de Bemba. Jean-Pierre Bemba m’a appelé pour me donner le programme de son arrivée. Je n’ai pas encore vu les amis de Moïse Katumbi », a déclaré Fayulu, cité par le site d’infos en ligne, 7sur7. Muzito est venu enfoncer le clou : « Nous ne sommes pas dans l’opposition républicaine. Nous sommes dans la résistance pour contester le pouvoir en place ». C’est tout dire.

Même si le fossé se creuse de plus en plus entre lui et ses alliés de Lamuka, Moïse Katumbi cherche dans tous les cas a tracé son chemin. Il n’est pas exclu qu’il se rapproche de Fatshi dans des termes qu’ils auront à convenir.

En tout cas, dans l’entourage de Moïse Katumbi, le message est clair. Alors que les autres, qui prêchent la ligne dure, campent sur leur position de la « vérité des urnes », persistant dans leur volonté de ne pas reconnaitre  le pouvoir de Félix Tshisekedi, Katumbi a préféré prendre la tangente. Il l’a clairement dit, lors de sa dernière conférence de presse à Lubumbashi, deux jours après son grand retour en RDC. Selon lui, travailler avec Félix Tshisekedi n’est pas un sujet tabou. S’étant rangé dans une opposition républicaine qui privilégie la sécurité nationale et le bien-être de la population, Katumbi promet de ne ménager aucun effort pour ne pas estomper l’élan de l’alternance démocratique de janvier 2019. Tout doit être fait, dit-il, pour ne pas imploser Kinshasa, capitale de la RDC et siège des institutions.

Face au langage virulent de ses alliés de Lamuka, Katumbi a plutôt opté pour la modération.

Dans les prochains jours, Kinshasa va vibrer – dans tous les sens d’ailleurs. Le 20 juin, c’est Moïse Katumbi qui sera le premier à fouler le sol de la capitale, suivi trois jours plus tard , soit le 23 juin, par Jean-Pierre Bemba. Réunis à Genève en novembre 2018 autour de Lamuka, les deux leaders n’émettent plus sur une même longueur d’ondes. Katumbi est dans une position de seul contre tous. Il a décidé de se forger une nouvelle identité. Il devra surement se servir de sa prochaine grande tournée nationale pour raffermir son aura sur toute l’étendue de la RDC.

Partisan de la paix

A tout prendre, Katumbi a déjà choisi son camp qui n’est pas forcément celui des irréductibles de Lamuka de la trempe de Bemba, Fayulu et Muzito. Dans son for intérieur, Katumbi craint que le langage extrémiste de l’autre aile de Lamuka ne vienne hypothéquer tout le travail de ces dernières années. De l’avis de Katumbi, se ressouder autour de Félix Tshisekedi paraît être la voie idéale pour créer une véritable rupture avec les années Kabila. Il craint cependant que Kinshasa ne bascule dans un climat d’incertitude au point de rompre la stabilité née de l’alternance démocratique du 24 janvier 2019.

« Il ne faut pas faire imploser Kinshasa », lance-t-il. Pourvu que son écho parvienne jusqu’à l’aile dure de Lamuka. Wait and see.

(avec lePotentiel)

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