vendredi , 6 novembre 2020
Accueil / Afrique / Projet d’assassiner Fatshi : Kabundi WALESA, un pasteur aventurier
Fatshi, President de la RDC, lors d'une reunion.
Fatshi, President de la RDC, lors d'une reunion.

Projet d’assassiner Fatshi : Kabundi WALESA, un pasteur aventurier

Un pasteur de la place, Kabundi Walesa pour ne pas le citer, promoteur du Centre de Réveil Spirituel, fait un tapage médiatique hors norme, ces jours-ci, autour de ce qu’il soutient être une prophétie venue droit de son Dieu. Ce qui trouble dans l’affaire, c’est le fait que cette révélation divine a pour toile de fond un projet d’assassinat de l’actuel Chef de l’Etat, ourdi par des personnes malintentionnées, et dont la mise en exécution ne devrait pas excéder sa deuxième année de mandat. Ce serviteur de Dieu, qui revendique une litanie de miracles, allant de la résurrection des morts à la guérison miracles des maladies incurables, en passant par des cas de stérilité, se plaint de l’entourage de Félix Tshisekedi, qui aurait orchestré des obstructions systématiques à sa volonté de le rencontrer, avant comme après son investiture, pour organiser une prière spéciale à son intention et éloigner ainsi l’esprit de mort qui planerait sur son destin. En désespoir de cause, clame-t-il sur sa chaîne de télévision et sur plusieurs médias, dont Top Congo et Molière TV, il a résolu d’intercéder, avec ses fidèles, auprès du bon Dieu pour que ce projet criminel ne prenne pas corps. Bref, si l’on croit ce « oint de Dieu », le sort du Président de la République est désormais suspendu au résultat de ses prières. Mort de rire !

Kabundi Walesa aurait-il effectivement reçu du ciel une révélation personnelle en rapport avec la vie privée du Chef de l’Etat actuellement en fonction ? Les avis sont partagés. Certains croient, dur comme fer, que ses prophéties ne seraient jamais démenties par la réalité. D’autres le soupçonnent d’avoir un agenda caché de recherche de quelque faveur auprès de Félix Tshisekedi.

Déficit de pédagogie

Sans chercher à savoir si ce pasteur est en communion permanente avec le Créateur ou non, beaucoup lui font le reproche d’avoir manqué de pédagogie dans la gestion de sa prophétie, d’autant plus qu’elle touche à la plus haute personnalité de la République. La discrétion aurait dû être privilégiée, pense-t-on, dans sa démarche. Et dans l’hypothèse de l’impossibilité d’accès au Chef de l’Etat, il aurait pu se résoudre, sans bruit, à organiser des prières spéciales en sa faveur, dans son église, la brousse ou sur une montagne où il aurait pu se retirer avec un groupe restreint d’intercesseurs. N’y avait-il pas moyen d’éloigner le spectre de l’assassinat de Félix Tshisekedi sans le rencontrer en personne? S’il s’agissait réellement d’un « secret divin », il ne pouvait le révéler au grand public. Il aurait pu le confier à Mgr Mulumba, son oncle paternel, pressenti conseiller spirituel, ou à son Directeur de Cabinet, Vital Kamerhe, ou encore au président intérimaire de l’UDPS, Jean-Marc Kabund.

Les prophéties ou l’école de la paresse et de l’escroquerie

Depuis que l’ex-Zaïre, aujourd’hui RD Congo, est entré dans une crise multiforme, à partir des opérations de « Zaïrianisation » et « Radicalisation » entre 1973 et 1975, suivies plus tard des pillages de 1991 et 1993, qui ont fini par détruire complètement le tissus économique national, avec comme cerise sur gâteau la mauvaise gouvernance des « mobutistes » de triste mémoire, les églises dites de « réveil » ont poussé comme des champignons aux quatre coins de la République. Frappés par une misère indescriptible et réduits à leur plus simple expression, des millions de Congolaises et Congolais se sont tournés vers de nouveaux « messies » pour trouver des solutions à leurs problèmes existentiels.

Au lieu de se battre contre la difficile conjoncture économique et de créer, par leur intelligence ou la force de leurs muscles, des conditions de survie, ils préfèrent laisser, sur conseil de leurs pasteurs, leur destin entre les mains du Très Haut. « Nzambe akosala » (Dieu pourvoira) : tel est le refrain qui envoie des millions de croyants à l’école de la paresse. Les sœurs et frères en Christ vivent, au jour le jour, avec la conviction que la prospérité est un don du ciel, qu’on ne peut acquérir qu’à force de prières, veillées, jeûnes, offrandes en nature comme en espèces. Dans l’attente des miracles, il y en a qui arrêtent carrément de travailler pour se mettre au service d’une secte et de son chef spirituel.

Leur quotidien est réglé par les pasteurs, qui leur dictent la conduite à suivre face à leur avenir immédiat et lointain, aux démons, aux sorciers, aux maris et femmes de nuit, au pouvoir politique, etc. Obéis au doigt et à l’œil, ces êtres exceptionnels, en communication permanente avec l’Eternel, exigent des fidèles, en plus des dîmes, des « enveloppes spéciales », en dollars ou euros des parcelles, des véhicules, des habits de luxe… afin de bénéficier des « bénédictions divines », de protection spéciale, de la multiplication de leurs biens, etc.

Que d’argent, de biens meubles et immeubles, de bijoux en or et en diamants escroqués aux naïfs, sous prétexte de chasser de leurs maisons « l’esprit de mort » et de leur octroyer le ticket d’entrée au Paradis céleste ? Que de foyers détruits, de maris cocufiés, de femmes violées, de familles et clans divisés, de commerçants ruinés, d’hommes et femmes politiques roulés dans la farine par des envoyés de Dieu, à la suite des messages prétendument reçus du Père céleste et transmis aux fidèles ?

Réveillons-nous

Maintenant que le destin du pays est pris en mains par un Président « normal » et que de perspectives nouvelles s’offrent à tous, il faut que les Congolais se réveillent et fassent preuve de discernement dans la gestion des messages divins. Certes, tous les serviteurs de Dieu ne se comportent pas en mercenaires occupés à exploiter la naïveté de leurs adeptes pour bâtir leur propre prospérité. Il en existe qui trouvent réellement des solutions à leurs problèmes sociaux et psychologiques. A ceux qui se dépensent corps et âmes pour transformer les Congolais en citoyens honnêtes, travailleurs, épris de paix et justice, soucieux du bien-être collectif, on ne peut que tirer chapeau bas.

Quant aux vendeurs de miracles et illusions, que chacun s’organise pour ne plus leur donner le temps de nuire, d’escroquer, de détruire l’avenir des autres et du pays. Car, un citoyen résigné à tout attendre du ciel ne peut participer à la reconstruction nationale. Que le cas Walesa serve de leçon à la multitude.

(avec Kimp et lePhare)

A lire aussi

Les oubliés : Chronique des Héros de Wenge Musica

C’est le nom de cette chronique qui retrace dans les moindres détails les noms et …

Laisser un commentaire