vendredi , 6 novembre 2020
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Terrorisme : Sanglant dimanche de Pâques au Sri Lanka

Au moins 207 personnes, dont 35 étrangers, ont été tuées dimanche dans une série d’explosions dans des hôtels de luxe et des églises du Sri Lanka où était célébrée la messe de Pâques, a annoncé la police. Le bilan pourrait encore s’aggraver car on dénombre plus de 300 blessés dans ces attaques d’une violence exceptionnelle, dont la nature n’était pas connue et qui n’ont pas été revendiquées dans l’immédiat. Cet épisode de violence est le plus meurtrier dans le pays depuis la fin de la guerre civile il y a dix ans. À Colombo, trois hôtels haut de gamme en front de mer et une église ont été frappés dans la matinée, des attaques faisant au moins 64 morts, selon une source policière. Dans l’après-midi, au moins deux personnes ont péri dans une nouvelle explosion dans un quatrième hôtel, situé celui-là à Dehiwala, une banlieue du sud de la capitale. À Negombo, localité au nord de Colombo, 67 personnes ont trouvé dans la mort dans l’église Saint-Sébastien et 25 autres dans une église à Batticaloa, une ville de l’est de l’île, selon la même source. Le Premier ministre sri-lankais Ranil Wickremesinghe a fustigé dimanche des « attaques lâches » et appelé les pays à l’unité. Aucun groupe n’a revendiqué ces attaques. En réponse aux attaques, le Sri Lanka a décrété un couvre-feu et le blocage temporaire des réseaux sociaux pour empêcher la diffusion d’« informations incorrectes et fausses ».

Sur Twitter, l’ambassade de France au Sri Lanka a exhorté ses ressortissants à se tenir « éloignés des lieux publics » et à éviter « tout déplacement ».

« Attaques lâches »

Une vidéo prise dans l’une des églises touchées montrait de nombreux corps recroquevillés, le sol parsemé de décombres et couvert de sang. La violence de l’explosion avait soufflé des parties du toit, laissant entrevoir le ciel.

Le Premier ministre sri-lankais Ranil Wickremesinghe a fustigé dimanche des « attaques lâches » et appelé les pays à l’unité.

Le chef de la police nationale, Pujuth Jayasundara, avait alerté ses services il y a dix jours en indiquant qu’un mouvement islamiste appelé NTJ (National Thowheeth Jama’ath) projetait « des attentats suicides contre des églises importantes et la Haute commission indienne ». Le NTJ s’était fait connaître l’an passé en lien avec des actes de vandalisme commis contre des statues bouddhistes. Le bouddhisme est la religion majoritaire de l’île.

Le ministre des Finances Mangala Samaraweera a déclaré sur Twitter que les attaques semblaient être « une tentative coordonnée pour provoquer des meurtres, le chaos et l’anarchie ».

Les premières explosions qui ont été rapportées se sont produites à l’église Saint-Antoine, dans la capitale, et à l’église de Negombo.

« Attentat contre notre église, s’il vous plaît, venez nous aider si des membres de votre famille s’y trouvent », pouvait-on lire dans un message en anglais posté sur le compte Facebook de l’église Saint-Sébastien de Katuwapitiya, à Negombo.

La police a initialement précisé qu’au total six lieux avaient été le théâtre d’explosions dans la matinée et notamment, dans la capitale, trois hôtels de luxe et une église. Avant qu’un septième attentat n’ait lieu dans l’après-midi.

« Gardez votre calme »

Au moins une des victimes a péri dans le Cinnamon Grand Hotel de Colombo, situé près de la résidence officielle du Premier ministre, a indiqué à l’AFP un responsable de cet établissement, qui a précisé que l’explosion s’était produite dans un restaurant.

À l’hôtel Shangri-La, situé à proximité, un photographe de l’AFP a constaté d’importants dégâts dans un restaurant au second étage: les vitres avaient été soufflées, des fils électriques pendaient du plafond.

« Réunion d’urgence dans quelques minutes. Les opérations de secours sont en cours », a tweeté de son côté le ministre des Réformes économiques Harsha de Silva qui a fait état de « scènes horribles » à l’église Saint-Antoine et dans deux des hôtels visés où il s’est rendu. « J’ai vu des morceaux de corps éparpillés partout », a-t-il tweeté, ajoutant qu’il y avait « beaucoup de victimes dont des étrangers ». « S’il vous plaît gardez votre calme et restez à l’intérieur », a-t-il ajouté.

Environ 1,2 million de catholiques vivent au Sri Lanka, dont la population totale est de 21 millions d’habitants. Le pays compte environ 70% de bouddhistes, 12% d’hindouistes, 10% de musulmans et 7% de chrétiens. Les catholiques sont perçus comme une force unificatrice car on en trouve chez les Tamouls comme chez la majorité cinghalaise. Certains chrétiens sont cependant mal vus parce qu’ils soutiennent des enquêtes extérieures sur les crimes de l’armée sri-lankaise contre les Tamouls pendant la guerre civile qui s’est achevée en 2009. Selon les Nations unies, le conflit de 1972 à 2009 a fait de 80.000 à 100.000 morts.

AU MOINS 207 MORTS DANS DES ATTENTATS

Le Sri Lanka a connu un sanglant dimanche de Pâques avec une vague coordonnée d’attentats contre des hôtels de luxe et des églises remplies, qui ont tué au moins 207 personnes, dont plusieurs dizaines d’étrangers, et soulevé un émoi mondial. Aucun groupe n’a revendiqué ces attaques, mais les autorités ont arrêté huit personnes et vérifient d’éventuels « liens avec l’étranger ».

En quelques heures, des bombes ont semé mort et désolation dans quatre hôtels et trois églises, en pleine messe de Pâques, en plusieurs endroits de l’île d’Asie du Sud, qui n’avait pas connu un tel déchaînement de violence depuis la fin de la guerre civile il y a dix ans.

« C’était un torrent de sang », a témoigné N. A. Sumanapala, un commerçant voisin de l’église Saint-Antoine de la capitale Colombo, frappée dans la matinée. « Je me suis précipité à l’intérieur pour aider. Le curé est sorti, couvert de sang. »

Six explosions très rapprochées sont survenues dans la matinée, et deux plusieurs heures après, sur cette île prisée des touristes étrangers pour ses plages idylliques et sa nature verdoyante, faisant aussi plus de 450 blessés. Au moins deux des déflagrations sont le fait de kamikazes, selon des témoins.

Huit personnes ont été arrêtées, a annoncé le Premier ministre Ranil Wickremesinghe. « Jusqu’ici les noms que nous avons sont locaux » mais les enquêteurs cherchent à savoir s’ils ont d’éventuels « liens avec l’étranger », a déclaré dans une allocution télévision le chef du gouvernement. Il a par ailleurs reconnu qu' »il y avait des informations », qui « doivent faire l’objet d’une enquête », sur des risques d’attaques. En réponse aux attaques, le Sri Lanka a décrété un couvre-feu et le blocage temporaire des réseaux sociaux pour empêcher la diffusion d' »informations incorrectes et fausses ». Le Premier ministre a appelé la population à « l’unité » et promis « d’éradiquer cette menace pour de bon ».

Gabriel, un chrétien sri-lankais d’une trentaine d’années, a eu son frère blessé dans l’attaque de l’église Saint-Sébastien de Negombo, à une trentaine de kilomètres au nord de la capitale et surnommée « la petite Rome » pour ses nombreuses églises. « Nous sommes tous en état de choc. Nous ne voulons pas que le pays revienne à ce passé noir où nous devions vivre tout le temps dans la peur des attaques suicide », a-t-il déclaré.

Kamikaze

Le pape François a exprimé sa « tristesse » en apprenant « la nouvelle des graves attentats, qui précisément aujourd’hui, jour de Pâques, ont porté deuil et douleur dans plusieurs églises et autres lieux de réunion au Sri Lanka ». L’archevêque de Colombo a lui appelé à « punir sans pitié » les responsables.

À Colombo, trois hôtels de luxe en front de mer – le Cinnamon Grand Hotel, le Shangri-La et le Kingsbury – ainsi que l’église Saint-Antoine ont été frappés par des attaques presque simultanées survenues à partir de 08H30-09H00 locales (03H00-03H30 GMT). Des bombes ont aussi explosé dans l’église Saint-Sébastien à Negombo et dans une autre à Batticaloa, ville située de l’autre côté du Sri Lanka, sur la côte orientale. Quelques heures plus tard, deux autres déflagrations sont survenues. L’une dans un hôtel de Dehiwala, une banlieue sud de Colombo, l’autre à Orugodawatta, dans le nord de la ville, où un kamikaze s’est fait exploser lors d’une opération policière, tuant trois membres des forces de l’ordre.

Au moins 35 étrangers figurent parmi les morts dans ce pays prisés des touristes internationaux,, notamment des Chinois, Néerlandais, Portugais, Américains et Britanniques. L’Inde a confirmé la mort de trois de ses ressortissants. De l’Iran à la Grande-Bretagne, les condoléances et les appels à défendre la liberté religieuse ou à lutter contre le terrorisme se sont multipliés. Le président américain Donald Trump a condamné des « attaques horribles » et proposé l’aide de son pays.

« C’était le chaos »

Au Cinnamon Grand Hotel de Colombo, situé près de la résidence officielle du Premier ministre, un Sri-Lankais, qui s’était enregistré à l’hôtel la veille sous le nom de Mohamed Azzam Mohamed, a enclenché sa bombe dans la file de clients, venus profiter d’un buffet de Pâques dans un restaurant de l’établissement.

« Il était huit heures 30 du matin. Il y avait beaucoup de familles », a raconté à l’AFP un employé. « Il est allé au début de la queue et s’est fait sauter », a-t-il ajouté. « Un manager qui accueillait les clients fait partie de ceux qui ont été tués sur le coup (…) C’était le chaos. »

Le ministre des Réformes économiques Harsha de Silva a fait état de « scènes horribles » à l’église Saint-Antoine et dans deux des hôtels visés où il s’est rendu. « J’ai vu des morceaux de corps éparpillés partout », a-t-il tweeté.

En 2017, l’Alliance nationale évangélique chrétienne du Sri Lanka a recensé une centaine d’incidents contre les chrétiens dans l’île, selon un rapport du département d’État américain. L’an passé, les autorités ont par ailleurs décrété 12 jours d’état d’urgence pour mettre fin à des émeutes visant les musulmans dans le centre du pays.

« Il y a eu des actes de violence ou d’intimidation continus contre la communauté chrétienne au Sri Lanka ces dernières années », a déclaré à l’AFP Rucki Fernando, un défenseur des droits humains. Mais « nous n’avons rien vu de cette ampleur ou de cette magnitude auparavant ».

LES ATTENTATS AU SRI LANKA LE JOUR DE PÂQUES RÉVULSENT LE MONDE ENTIER

Des condoléances et des appels à défendre la liberté religieuse se sont multipliés dans le monde en réaction aux attentats sanglants qui ont endeuillé dimanche le Sri Lanka, frappant des hôtels et des églises où des chrétiens célébraient Pâques.

VATICAN : le pape François exprime sa « tristesse » face à ces « graves attentats, qui précisément aujourd’hui, jour de Pâques, ont porté deuil et douleur dans plusieurs églises et autres lieux de réunion au Sri Lanka ». Il se dit proche de « toutes les victimes d’une si cruelle violence ».

ETATS-UNIS : le président Donald Trump condamne « les attaques terroristes horribles contre des églises et des hôtels » et assure: « nous sommes prêts à apporter notre aide! ».

ONU : le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres, « scandalisé », « rappelle le caractère sacré de tous les lieux de culte. Il espère que les auteurs de ces actes seront rapidement traduits en justice ».

INDE : pour le Premier ministre Narendra Modi, « une telle barbarie n’a pas sa place dans notre région », « l’Inde est solidaire du peuple du Sri Lanka ».

PAKISTAN : le Premier ministre Imran Khan « condamne fortement l’horrible attaque terroriste au Sri Lanka en ce dimanche de Pâques » et assure le Sri Lanka de la « totale solidarité » de son pays.

GRANDE-BRETAGNE : la Première ministre Theresa May, dont le pays a colonisé le Sri Lanka (1796-1948), dénonce des « actes de violence (…) réellement effroyables » et estime que « nous devons nous unir pour faire en sorte que personne ne doive jamais avoir à pratiquer sa foi dans la peur ».

RUSSIE : le président Vladimir Poutine s’attend à ce que les responsables « d’un crime aussi cynique et haineux commis au milieu des célébrations de Pâques soient punis comme ils le méritent ».

UNION EUROPEENNE : le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker exprime son « horreur » et sa « tristesse » face à ces attentats ayant frappé des personnes « qui s’étaient rassemblées pour prier pacifiquement ou venir visiter ce beau pays ». Pour la cheffe de la diplomatie européenne Federica Mogherini, « de tels actes de violence en ce jour saint sont des actes de violence contre toutes les croyances ».

FRANCE : le président Emmanuel Macron évoque des « actes odieux ». « Toute notre solidarité avec le peuple sri-lankais et nos pensées pour tous les proches des victimes en ce jour de Pâques ».

ALLEMAGNE : la chancelière Angela Merkel estime que « la haine religieuse et l’intolérance qui se sont manifestées de façon terrible aujourd’hui ne doivent pas l’emporter ».

PAYS-BAS : « terribles informations du Sri Lanka sur des attaques sanglantes contre des hôtels et des églises en ce dimanche de Pâques », tweete le Premier ministre Mark Rutte, dont le pays avait colonisé le Sri Lanka en 1658 avant l’arrivée des Britanniques.

ESPAGNE : « Des dizaines de victimes qui célébraient la Pâque de la Résurrection nous font pleurer », réagit le chef du gouvernement Pedro Sanchez. « La terreur et la barbarie ne nous feront jamais plier ».

ITALIE : le vice-Premier ministre Matteo Salvini adresse « (sa) prière, celle du gouvernement et de tous les Italiens pour les morts innocents massacrés par des terroristes au Sri Lanka ».

CANADA : le Premier ministre Justin Trudeau « condamne avec vigueur les attaques haineuses commises contre les chrétiens dans des églises et des hôtels ».

IRAN : le ministre des Affaires étrangères Mohammad Javad Zarif est « terriblement attristé par les attaques terroristes contre des fidèles sri-lankais durant Pâques ». « Le terrorisme est une menace mondiale qui n’a pas de religion: il doit être condamné et affronté de manière mondiale ».

ISRAEL : le gouvernement israélien se dit « prêt à aider les autorités du Sri Lanka en ces temps difficiles. Le monde entier doit s’unir dans la lutte contre le fléau de la terreur ».

PALESTINIENS : le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas dénonce des attentats « horribles et criminels ». « Le terrorisme se répand comme une épidémie dans le monde entier », constate-t-il, appelant les pays « à coopérer pour (l’)éradiquer ».

AL-AZHAR : « L’instinct de ces terroristes contredit les préceptes de toutes les religions », condamne la grande institution de l’islam sunnite Al-Azhar, basée au Caire.

EGYPTE : le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi condamne des « actes terroristes » qui « ciblent l’humanité toute entière ».

JORDANIE : le ministre des Affaires étrangères Aymane al-Safadi souligne que son pays « condamne fermement ces crimes atroces et participe au combat contre le terrorisme et son idéologie de haine ».

GOLFE : l’Arabie saoudite, les Emirats arabes unis, le Koweït et Bahrein apportent leur soutien au Sri Lanka et soulignent leur rejet du terrorisme, de même que le Qatar et la Jordanie.

KENYA : le président kényan Uhuru Kenyatta, rappelant que son pays a été frappé par des attentats meurtriers, assure Colombo de son « soutien total (…) pour travailler ensemble à combattre le démon du terrorisme ».

AUSTRALIE : pour le Premier ministre Scott Morrison « notre coeur va vers ces chrétiens et tous les autres innocents qui ont été massacrés aujourd’hui dans cette attaque atroce ».

NOUVELLE-ZELANDE : après le massacre de 50 fidèles musulmans le 15 mars à Christchurch par un suprémaciste blanc australien, la Première ministre Jacinda Ardern estime que « voir une attaque au Sri Lanka sur des personnes se trouvant dans des églises et des hôtels est accablant ». « Nous devons trouver collectivement les réponses pour mettre fin à une telle violence ».

(avec Afp)

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