vendredi , 6 novembre 2020
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Acte 8 : Les gilets jaunes ne désarment pas !

Près de 50.000 personnes ont manifesté samedi à travers la France pour « l’acte VIII » de la mobilisation des « gilets jaunes » qui a parfois viré à l’affrontement avec les forces de l’ordre, suscitant l’indignation du chef de l’Etat français. « Une fois encore, une extrême violence est venue attaquer la République – ses gardiens, ses représentants, ses symboles (…). Chacun doit se ressaisir pour faire advenir le débat et le dialogue », a réagi Emmanuel Macron sur Twitter.

Sur le plan comptable, les « gilets jaunes » ont réussi leur pari en mobilisant bien plus que les 32.000 manifestants du 29 décembre, même si le ministre de l’Intérieur a assuré que ce mouvement n’était « pas représentatif de la France ».

Christophe Castaner a également insisté sur la « détermination » du gouvernement face à cette contestation qui fait vaciller l’exécutif depuis un mois et demi.

Parmi les incidents ayant émaillé la journée, le porte-parole du gouvernement, Benjamin Griveaux, a dû être évacué de ses bureaux rue de Grenelle après une intrusion de « gilets jaunes » qui ont défoncé la porte du ministère avec un engin de chantier. Une enquête est ouverte, selon le parquet de Paris.

Parti des Champs-Elysées, le défilé parisien s’était pourtant déroulé sans heurts dans la matinée, mais la situation s’est progressivement tendue dans la capitale où la préfecture de police a recensé 3.500 manifestants. Selon la préfecture, 24 personnes ont été interpellées.

De premiers projectiles ont été lancés aux alentours de 14H00 sur les forces de l’ordre qui ont répliqué par des tirs de lacrymogènes sur les quais de Seine, près de l’Hôtel de Ville, puis des incidents ont éclaté sur une passerelle reliant les deux rives de la Seine au niveau du Jardin des Tuileries.

Plusieurs scooters et une voiture ont été incendiés sur le boulevard Saint-Germain où des barricades de fortune ont été érigées, selon des journalistes de l’AFP. « Mettre le feu comme ça, c’est pas possible. C’est l’Apocalypse. Et l’image de la France dans le monde », a dit une passante.

En début de soirée, les manifestants sont retournés sur les Champs-Elysées, point névralgique de la mobilisation, avant d’en être chassés par les CRS.

« Nous devions assister aujourd’hui à une manifestation pacifique à Paris, et les plus radicaux s’emploient, une fois de plus, à nuire à cette mobilisation légitime », a regretté Jacline Mouraud, une des figures de ce mouvement protéiforme qui a ciblé la hausse du prix des carburants avant de porter des revendications plus larges

Des échauffourées ont aussi éclaté entre forces de l’ordre et « gilets jaunes » samedi dans plusieurs villes de l’Ouest dont Caen, Nantes et Bordeaux, tandis qu’à Rennes, un groupe de manifestants a cassé une porte d’accès à la mairie.

« Faire avancer les choses »

A Rouen, où 2.000 personnes défilaient, un manifestant a été touché à la tête par des tirs de lanceurs de balles de défense, selon un correspondant de l’AFP.

« Je n’encourage pas la violence mais malheureusement on voit qu’elle est nécessaire pour faire avancer les choses », a déclaré à l’AFP Sébastien, un auto-entrepreneur de 42 ans défilant à Rennes.

A Montpellier, quatre CRS et trois « gilets jaunes » ont été légèrement blessés à la suite de jets de pierres et de bouteilles dans le secteur de la gare Saint-Roch, et cinq personnes interpellées, selon les autorités.

Six interpellations ont eu lieu à Saint-Etienne pour des jets de projectiles sur les forces de l’ordre, outrage et violences envers personnes dépositaires de l’autorité publique.

Un peu partout en France, les cortèges de « gilets jaunes », insensibles aux concessions de l’exécutif et au futur grand débat national, avaient là aussi débuté dans un calme relatif pour cette première mobilisation de l’année 2019 qui faisait figure de test.

A Toulouse, la mobilisation était en hausse par rapport au 29 décembre, avec au moins 2.000 « gilets jaunes » contre 1.350 samedi dernier. Mais en fin de journée, des jets de projectiles, des feux de poubelles et diverses dégradations ont donné lieu à 22 interpellations.

A Bordeaux, ils étaient environ 4.600 à manifester, retrouvant leur niveau de mobilisation d’avant les fêtes de fin d’année et consacrant la capitale de Nouvelle-Aquitaine comme l’un des bastions du mouvement.

A Lyon, des milliers de personnes ont défilé dans la rue dans un parcours erratique, investissant brièvement une partie de l’A7 qui passe dans la ville.

BENJAMIN GRIVEAUX ÉVACUÉ APRÈS UNE INTRUSION DANS SON MINISTÈRE

Le porte-parole du gouvernement, Benjamin Griveaux, a été évacué samedi de ses bureaux rue de Grenelle à Paris après une intrusion violente de « gilets jaunes » avec un engin de chantier dans la cour du ministère, a-t-il affirmé à l’AFP, confirmant une information du Parisien.

« Il y avait des +gilets jaunes+, des gens habillés en noir (…) qui ont pris un engin de chantier qui était dans la rue, et qui ont défoncé la porte du ministère (…) et cassé deux voitures. Quand il y a eu l’intrusion on a fait évacuer les personnels », a affirmé M. Griveaux.

L’intrusion s’est produite vers 16H15-16H30, a-t-il précisé.

Interrogé sur des informations faisant état de « tentatives d’intrusion » dans d’autres ministères, le cabinet de M. Griveaux n’a pas confirmé.

« Ce n’est pas moi qui suis visé, c’est la République », par « ceux qui souhaitent l’insurrection, renverser le gouvernement », mais « la République tient debout », a souligné le porte-parole auprès de l’AFP.

« C’est inacceptable et j’espère que les vidéos permettront d’identifier et de poursuivre les auteurs, et qu’ils seront très très durement condamnés. Ce qu’ils ont cassé aujourd’hui ce n’est pas mon ministère, ils ont cassé un bâtiment qui appartient aux Français. Ce n’est pas moi qui suis propriétaire de ma charge, ce sont les Français », a-t-il souligné.

Les bureaux de M. Griveaux sont situés dans les lieux qui abritent également le ministère des Relations avec le Parlement, non loin de Matignon.

Paris a été samedi le théâtre d’une nouvelle journée de manifestation des « Gilets jaunes », émaillée de violences en province et à Paris, notamment près du Musée d’Orsay et boulevard Saint-Germain.

RETOUR DES « GILETS JAUNES » DANS LA RUE

Après l’arrestation d’une de leurs figures médiatiques, les « gilets jaunes » appellent samedi en France à une huitième journée d’action pour relancer leur mouvement et défier le gouvernement, qui dénonce des velléités « d’insurrection » et réclame le retour à l’ordre.

Pour cette première mobilisation de l’année 2019, les « gilets jaunes » ont appelé à manifester en province et à Paris. Ces Français issus des classes populaires et moyennes dénoncent depuis le 17 novembre la politique fiscale et sociale du gouvernement, qu’ils jugent injuste, et réclament également plus de pouvoir d’achat.

Les manifestants sont restés insensibles aux concessions annoncées par le président Emmanuel Macron (annulation pour 2019 de la hausse de la fiscalité des carburants, mesures pour améliorer le pouvoir d’achat pour un coût évalué à 10 milliards d’euros, débat national qui doit s’ouvrir à la mi-janvier pour faire émerger des revendications).

Cet « acte VIII » sera un test pour ce mouvement de contestation populaire inédit qui fait vaciller l’exécutif en France depuis un mois et demi mais qui a donné de légers signes d’essoufflement dans la rue ces dernières semaines.

Les « gilets jaunes » se sont donné rendez-vous samedi autour de places symboliques des grandes villes notamment à Bordeaux et Toulouse (sud-ouest) et Lyon (centre-est).

Dans la capitale française, deux principales actions ont été déclarées: une marche partira de la place de l’Hôtel de Ville en début d’après-midi pour rallier l’Assemblée nationale et un rassemblement est prévu sur l’avenue des Champs-Elysées, haut lieu de contestation lors des précédents week-ends.

Vers 07h30 GMT, une quinzaine de fourgonnettes de forces de l’ordre étaient stationnées en bas de la célèbre artère et à proximité de l’Arc de Triomphe, mais seule une poignée de manifestants étaient pour l’heure visibles, a constaté un journaliste de l’AFP.

C’est à proximité des Champs-Elysées qu’Eric Drouet, figure controversée du mouvement, avait été interpellé mercredi soir et placé en garde à vue une dizaine d’heures, provoquant l’indignation de l’opposition et de « gilets jaunes ». Certains ont demandé au Défenseur des droits – qui représente l’autorité administrative indépendante chargée de défendre les droits des citoyens en France – d’ouvrir une enquête pour sur ces « atteintes à la liberté ».

Journée test

Lors de « l’acte VII » du 29 décembre, 12.000 manifestants avaient été recensés en France à midi, d’après le ministère de l’Intérieur qui n’avait toutefois pas donné de chiffre global à la fin de la journée.

Le ministère en avait dénombré 38.600 le 22 décembre et surtout 282.000 le 17 novembre.

Fragilisé par cette contestation inédite, Emmanuel Macron avait annoncé le 10 décembre une série de mesures, notamment une hausse de 100 euros des salaires au niveau du Smic, et promis dans ses voeux du 31 décembre un retour à « l’ordre républicain ». Mais il n’est pas parvenu à éteindre la fronde.

« La colère va se transformer en haine si vous continuez, de votre piédestal, vous et vos semblables, à considérer le petit peuple comme des gueux », prévient ainsi le collectif de « gilets jaunes » « La France en colère » dans une lettre ouverte au président français diffusée jeudi soir.

Face à cette détermination, le gouvernement a durci le ton contre les « gilets jaunes » encore mobilisés.

« (Le mouvement), pour ceux qui restent encore mobilisés, est devenu le fait d’agitateurs qui veulent l’insurrection et, au fond, renverser le gouvernement », a estimé vendredi Benjamin Griveaux, le porte-parole du gouvernement.

Dans un télégramme du 29 décembre, le ministre français de l’Intérieur a appelé les préfets à la fermeté et à continuer à faire évacuer, y compris par la force, la « centaine de points de rassemblements » qui subsistent sur les axes routiers en France.

Environ 3.600 membres des forces de l’ordre seront déployés samedi en France, auxquels s’ajouteront notamment des compagnies de sécurisation et des policiers de la BAC (Brigade Anti-Criminalité, police nationale), a appris l’AFP de sources concordantes.

Pour échapper aux forces de l’ordre, certains « gilets jaunes » semblent envisager une nouvelle stratégie basée sur la discrétion. « La France en colère » a ainsi suggéré à ses sympathisants de retirer leurs gilets jaunes samedi pour « se présenter dans les rues (…) comme les simples citoyens qu’ils sont ».

(avec Afp)

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