vendredi , 6 novembre 2020
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Énergie électrique, sécurité,… : Des épines dans les pieds de la CENI-RDC

Pour justifier le report des élections, Corneille Naaga, président de la centrale électorale, s’est efforcé à convaincre son auditoire de la gravité de l’acte ainsi décrié, il a tu d’autres défis – et non des moindres – qui attendent toujours l’organisation des élections sur l’ensemble du territoire national. Parmi ces défis, il y a la certitude de disposer d’une énergie électrique permanente, fiable et de qualité est vraiment loin d’être acquise. La République Démocratique du Congo (RDC) est un trou noir entouré des pays lumineux. Une impression d’autant troublante que ce pays possède la plus grande centrale hydroélectrique de l’Afrique, si pas du monde. A l’opposé, la plus grande partie de la population et des collectivités vivent dans l’obscurité la plus totale à cause d’une desserte en énergie électrique insuffisante, malgré le recours désespéré à l’application de mixte énergétique – énergie thermique, gaz, vent, etc – dans certains coins du pays. Les diverses solutions envisagées pour résoudre ce déficit en desserte de l’énergie avec la transformation des entreprises d’Etat en entreprises commerciales n’ont rien changé. Une situation qui constitue une épine dans les pieds de M. Naanga.

Pour justifier le report des élections présidentielle, législatives et provinciale – que la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI) avait programmées pour le 23 décembre 2018, depuis plus d’une année – Corneille Naaga, président de cette commission, s’est essentiellement appesanti sur l’incendie intervenu il y a trois jours, dans un des dépôts de la CENI. Si de toute évidence, il s’est efforcé à convaincre son auditoire de la gravité de l’acte ainsi décrié, Corneille Naanga a tu d’autres défis – et non des moindres – qui attendent toujours l’organisation des élections sur l’ensemble du territoire national. Parmi ces défis, il y a la certitude de disposer d’une énergie électrique permanente, fiable et de qualité est vraiment loin d’être acquise.

En contemplant l’Afrique centrale la nuit, on a l’impression que notre pays, la République Démocratique du Congo (RDC) est un trou noir entouré des pays lumineux. Une impression d’autant troublante que ce pays possède la plus grande centrale hydroélectrique de l’Afrique, si pas du monde. A l’opposé, la plus grande partie de la population et des collectivités vivent dans l’obscurité la plus totale à cause d’une desserte en énergie électrique insuffisante, malgré le recours désespéré à l’application de mixte énergétique – énergie thermique, gaz, vent, etc – dans certains coins du pays. Les diverses solutions envisagées pour résoudre ce déficit en desserte de l’énergie avec la transformation des entreprises d’Etat en entreprises commerciales n’ont rien changé. Une situation qui constitue une épine dans les pieds de Corneille Naanga.

Des collectivités vivant en permanence dans l’obscurité

La machine à voter ne peut se passer de l’énergie électrique pour son fonctionnement. Des batteries (ou groupes électrogènes) sont associées à ces ordinateurs (machines à voter) pour leur permettre une autonomie suffisante dans leur fonctionnement. Le comble est qu’on ne peut se fier totalement à ces batteries qui peuvent subir des avaries ou tomber en panne d’un moment à l’autre, comprometant de la sorte un bon déroulement de scrutin. Dès lors, le recours au réseau local de desserte de l’énergie électrique s’avérera indispensable ou encore le recours au savoir d’un technicien. Tout Congolais sait que les deux possibilités sont improbables et leur absence risque de bloquer les scrutins dans certains coins, quel que soit l’importance de l’agglomération.

Plusieurs exemples l’attestent. Ici même dans la capitale, il est devenu pratiquement impossible d’avoir en permanence l’énergie électrique. Même les communes les plus huppées sont affectées, à l’exemple de la Gombe, Ngaliema, Limete, etc. On retrouve des groupe-électrogènes dans des résidences. A l’intérieur du pays, la situation est plus dramatique. Prenons quelques cités ou villes qui entourent Kinshasa, telles que Kenge et Kikwit qui manquent de l’énergie électrique. A Bandundu-Ville, il n’y a qu’une commune qui peut prétendre être éclairée d’une façon intermittente. D’autres villes comme Kananga, Mbuji-Mayi, Mbandaka, Kisangani, la situation est catastrophique.

Dès lors, la CENI doit considérer avec le sérieux nécessaire, cette difficulté majeure car elle risque, à elle-seule, de bloquer les scrutins dans plusieurs coins et recoins de notre pays.

DES ÉVÈNEMENTS SANGLANTS RÉPÉTITIFS

En décrétant la suspension de la campagne électorale sur toute l’étendue de la capitale, le gouverneur de la ville ne se doutait probablement pas qu’il venait par ce geste de toucher du doigt un secteur qui va désormais influencer la vie nationale. Il ne se passe plus un jour sans que l’on ne déplore des morts, des blessés graves et des destructions méchantes dans l’une ou l’autre localité du territoire national. Un climat qui persiste depuis plus de vingt ans, au su et au vu des décideurs politiques.

Comme si les morts d’hommes et de femmes enregistrées dans certaines provinces de l’Est, du Sud, du Centre et de l’Ouest, ne constituaient que des faits divers à jeter dans la poubelle de l’histoire du pays.

Dès le déclenchement de la campagne électorale survenu au début du mois écoulé, la nation congolaise a commencé à compter ses morts par balles réelles tirées par des éléments des forces sécuritaires, de la police et de l’armée régulière.

La responsabilité coupable du pouvoir politique actuel

N’empêche que ce climat d’insécurité généralisée ne pouvait pas être un motif sérieux pour suspendre brusquement le processus électoral à quatre jours de la fin de la campagne électorale. Sinon, pourquoi l’autorité politique ne l’avait pas fait bien avant, s’interroge-t-on dans bon nombre des milieux intéressés ? Ensuite, conformément au principe de droit commun, selon lequel gouverner c’est prévoir, quelles sont les mesures efficaces de protection des populations civiles non armées et leurs biens ce régime a-t-il prises depuis son avènement au pouvoir ? En 21 ans de pouvoir, le pays ne fait que s’enfoncer davantage dans la mauvaise gouvernance, les détournements des fonds publics, les tueries, massacres, pillages et déplacements répétitifs et délibérés des populations, tant à l’Est, au Centre et à l’Ouest du pays.

L’histoire de ce beau et riche pays renseigne que dès l’avènement du régime actuel au pouvoir en 1977, l’insécurité a élu domicile essentiellement dans les territoires de l’Est, du Sud-Est avant d’atteindre le Centre et se propager à l’Ouest. Tout comme le nombre très élevé des congolais provenant des provinces du Kasaï et réfugiés en Angola voisin et qui viennent d’y être expulsés sauvagement au mépris des dispositions du droit international humanitaire. Que d’hommes de bonne volonté n’expriment pas leur désespoir tant que ce régime politique demeurera au pouvoir, le Congo ne connaitra jamais ni la paix, ni la sécurité des personnes et leurs biens. On ira de report en report des élections sous divers prétextes destinés à distraire l’opinion et à se moquer visiblement du peuple congolais et ceux des expatriés qui ont choisi le Congo comme leur seconde patrie. A moins que le pouvoir tombe entre les mains d’un autre régime issu des élections libres, démocratiques et transparentes, dont les ténors ont promis d’installer les institutions de la République, à savoir la présidence, la primature et l’Etat-Major général des FARDC à Beni jusqu’à la destruction totale des sites de repli des éléments armés étrangers éparpillés dans cette partie du territoire national.

Il n’y a pas deux sans trois

Des centaines des millions des Congolais gardent encore en mémoire les deux précédents reports, à savoir celui de 2016 qui constituait pourtant la fin du second mandat de Joseph Kabila à la tête de la République. Usant et abusant des subterfuges controversés de l’interprétation de la constitution en vigueur, les hommes au pouvoir ont obtenu le premier report de son mandat. Ils récidiveront en 2017, promettant cette fois-ci de respecter la Constitution en 2018.

L’astuce politique avait consisté en la mise en place d’un gouvernement de large union nationale dirigé par un « opposant » trié dans les rangs du plus ancien parti de l’Opposition, à savoir l’UDPS et provenant du conclave de Genval en Belgique tenu au mois de juin 2016. Est-ce que la date du 30 décembre prochain choisie hier par la CENI ne rappelle-t-elle pas dans les deux autres reports ? Comme le dit un adage de chez nous, il n’y a jamais deux sans trois. Ne faudrait-il pas s’attendre à un troisième report ?

(avec Sakaz, F.M., lePhare)

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