Un incendie s’est déclaré dans un entrepôt de la commission électorale de la République démocratique du Congo (RDC) à Kinshasa dans la nuit de mercredi à jeudi, à dix jours des élections présidentielle, législatives et provinciales du 23 décembre, ont indiqué à l’AFP plusieurs sources officielles. Selon les observateurs, le président sortant Joseph Kabila, a fait incendier cet entrepôt de la CENI pour reporter les élections. Car l’incendie s’est déclaré à l’intérieur d’une vaste enceinte [militaire et hautement sécurisé] dans laquelle il n’était pas possible d’entrer. Une information confirmée par une source crédible de l’Agence Nationale des Renseignements (ANR), contacté par KongoTimes.
« Un incendie s’est déclaré vers 2 heures du matin (1 heure GMT) dans l’un des entrepôts centraux où du matériel électoral de la ville de Kinshasa était gardé », a déclaré le président de la commission électorale nationale indépendante (Céni), Corneille Nangaa. Un épais nuage de fumée noire était encore visible à 5 heures GMT. Le matériel électoral comprend entre autres les « machines à voter » très controversées retenues comme procédure de vote par la Céni. Celle-ci est rejetée par une partie de l’opposition. « Nous sommes en train de faire l’évaluation complète pour voir comment tenir les scrutins du 23 décembre malgré cet incendie », a ajouté le président de la Céni. C’est un conseiller du président Joseph Kabila qui a prévenu l’AFP de l’incendie, accusant ceux qui « refusent les élections ». Des accusations qui ne tiennent pas debout. Parce que l’incendie en question s’est déclaré à l’intérieur d’une vaste enceinte [militaire et hautement sécurisé] dans laquelle il n’était pas possible d’entrer. Selon Lamuka, le régime ne peut être que le complice, voire l’instigateur, dudit incendie.
Au lever du jour, quelques camions de pompiers, la garde présidentielle et la police entraient ou stationnaient devant cette parcelle située dans le centre-ville de Kinshasa. « Il y a eu un incendie qui s’est produit vers une heure du matin au dépôt principal de la Céni », a déclaré à l’AFP un témoin sur place, Ami Gaylor. « C’est à ce moment-là qu’on a appelé les autorités compétentes qui sont venues pour s’enquérir de la situation. Jusque-là nous ne connaissons pas vraiment la cause réelle de cet incendie », a ajouté cet homme de 38 ans arborant un tee-shirt à l’effigie d’un candidat aux élections légilslatives du PPRD, le parti au pouvoir.
Contacté, une source crédible à l’ANR [Agence Nationale des Renseignements] confirme à KongoTimes que le régime de Kinshasa cherche par tout les moyens possibles une justification pour reporter les élections prévues le 23 décembre. Et d’ajouter que l’incendie de l’entrepôt de la CENI a été planifié par les services de sécurité du régime.
Bilan de l’incendie
Le bilan des dégâts causés par l’incendie de ce jeudi,, dans l’entrepôt de la Commission électorale nationale indépendante (Céni), se présente de la manière suivante :
- 8000 machine à voter sur les 10 368 prévues pour Kinshasa,
- 3774 isoloirs sur les 8887 prévus,
- 552 kits bureautiques sur les 8887,
- 17 901 encres indélébiles,
- 800 nouvelles motos;
- 15 véhicules,
- près 900 batteries externes,
- la perte de matériels des cycles électoraux de 2006 et 2011 ainsi que les matériels d’enrôlement.
À Mbandaka [le 06 décembre 2018] Ramazani Shadary prédisait l’incendie des machines à voter
Le 07 décembre 2018, RFI avait publié un article, mettant en exergue le discours d’Emmanuel Ramazani Shadary, le candidat du Front commun pour le Congo (FCC), dans un meeting de campagne électorale à Mbandaka, chef-lieu de la province de l’Equateur. Dans son discours, rapportait RFI, Shadary a notamment demandé aux jeunes d’apporter leur soutien à la sécurisation du vote du 23 décembre. Ce, en réaction à la position d’un autre candidat d’une frange de l’opposition, Martin Fayulu, très hostile à l’usage de la machine à voter.
« Ils ont dit qu’ils vont brûler les installations de la Commission électorale nationale indépendante. Est-ce que vous m’entendez ? Les jeunes, est-ce que vous m’entendez ? Nous devons aller aux élections. Eux, ils veulent les troubles, que le sang coule. Je vous remercie parce que vous m’avez accueilli. Allez protéger les installations de la Céni. Vous allez protéger les bureaux de vote. Vous allez sécuriser le processus électoral. Le 21, 22, 23 décembre, vous allez protéger les matériels« , a lancé Shadary à la foule venue écouter son discours.
Curieusement, on commence à vivre la matérialisation de « la prophétie » du candidat du Front commun pour le Congo (FCC), Emmanuel Shadary. Seulement, ce n’est pas à Mbandaka ni à l’intérieur du pays, mais plutôt, dans la capitale Kinshasa. Dans la matinée de ce jeudi 13 décembre, à quelques jours de la tenue des élections, les Kinois sont les premiers témoins de l’accomplissement de la « prédiction » de Shadary. Un incendie d’origine inconnue s’est déclaré dans l’entrepôt de la Centrale électorale, situé au centre-ville de la capitale, dans la commune de la Gombe et siège des Institutions de la République.
La prédiction d’Olivier Kamitatu
Emmanuel Ramazani Shadary n’était pas le seul à prophétiser. La prédiction d’Olivier Kamitatu, porte-parole du leader de la Coalition « Ensemble », Moïse Katumbi, a suscité des divers commentaires sur les réseaux sociaux.
En effet, dans un tweet dont la capture d’écran circule sur la toile appartiendrait à Olivier Kamitatu Etsu, membre de la coalition « Lamuka » qui porte la candidature de Martin Fayulu à la la prochaine élection présidentielle. Depuis sa récente naissance à Genève, cette plateforme électorale et ses animateurs ne cachent pas leur hostilité contre l’usage de la machine à voter, comme mode vote.
Tout au long de sa campagne électorale, le candidat de « Lamuka » appelle ses électeurs à ne pas accepter l’usage des machines à voter qui faciliteraient, selon lui, la tricherie en faveur du candidat du pouvoir de Kinshasa, Emmanuel Shadary. Cet acharnement contre cette nouvelle technologie est très mal perçu, d’une part, par le régime en place et, d’autre part, suspecté par un autre camp de l’opposition congolaise, le Cap pour changement (Cach) dont Félix Tshisekedi est candidat à la présidentielle.
Qu’à cela ne tienne, c’est de bonne guerre. Mais, la goutte qui a fait déborder le vase, c’est cet ancien tweet d’Olivier Kamitatu ressuscité par les internautes. Il fait du buzz sur l’internet et les commentaires vont dans tous les sens.
« Le rejet est total. Si @CorneilleNangaa s’entête à imposer ses 100.000 machines à tricher, il devra déployer derrière chacune d’elles un policier pour qu’elles ne soient pas cassées, détruites, brûlées. Les congolais vont se charger de faire respecter la loi électorale. » , peut-on lire sur le tweet attribué à l’ancien ministre du Plan.
Par ailleurs, dans l’hypothèse où les propos dans ce tweet appartiendraient à son présumé auteur, Olivier Kamitatu, l’opinion ne devrait pas réfléchir deux fois pour comprendre ce qui se passe. A voir l’incendie de ce jour et tous les discours qui l’ont précédé; considérant les tensions et autres incidents émaillés de pertes en vies humaines, observées pendant la période de campagne électorale, il y a lieu de craindre un avenir sombre en République démocratique du Congo (RDC).
Les uns et les autres devraient placer l’intérêt supérieur du peuple congolais au-dessus de toutes leurs considérations politiciennes qui ne visent que les intérêts égoïstes. Il est encore possible d’éviter le pire.
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Rien ne saurait justifier le report des élections
Le train électoral a atteint sa vitesse de croisière. Malgré certaines difficultés qui se sont dressées sur son chemin en termes logistiques, la Céni reste droite dans ses bottes. Son président, Corneille Nangaa, qui recevait, jeudi dans la soirée les patrons de presse, n’est pas allé par des détours. « Le 23 décembre 2018, il y aura élections. La Céni est prête », a martelé le président de la Céni. Selon lui, rien ne saurait justifier le report des élections dans la mesure où la Céni a relevé le défi logistique. Il a indiqué que le déploiement du matériel électoral se poursuivait normalement et pourrait atteindre l’ensemble du territoire national dans les jours qui viennent. Dans la foulée, Corneille Nangaa a précisé que toutes les machines à voter étaient déjà arrivées sur le territoire national et qu’il ne resterait à l’extérieur du pays que quelques documents relatifs au matériel et qu’ils seront réceptionnés dans les meilleurs délais.
Il n’y aura pas de prolongation à la tenue d’élections. Tout s’arrête le 23 décembre 2018. Devant les patrons de presse qu’il a réunis jeudi soir dans un hôtel de Kinshasa, Corneille Nangaa, président de la Céni, a rassuré que « Rien ne saurait justifier le report des élections ». Sur le terrain, a-t-il indiqué, se poursuit normalement le déploiement du matériel de même que la formation du personnel des bureaux de vote. Bref, le processus a atteint le point de non-retour.
Le train électoral a atteint sa vitesse de croisière. Malgré certaines difficultés qui se sont dressées sur son chemin en termes logistiques, la Céni reste droite dans ses bottes. Son président, Corneille Nangaa, qui recevait, jeudi dans la soirée les patrons de presse, n’est pas allé par des détours.
« Le 23 décembre 2018, il y aura élections. La Céni est prête », a martelé le président de la Céni. Selon lui, rien ne saurait justifier le report des élections dans la mesure où la Céni a relevé le défi logistique. Il a indiqué que le déploiement du matériel électoral se poursuivait normalement et pourrait atteindre l’ensemble du territoire national dans les jours qui viennent. Dans la foulée, Corneille Nangaa a précisé que toutes les machines à voter étaient déjà arrivées sur le territoire national et qu’il ne resterait à l’extérieur du pays que quelques documents relatifs au matériel et qu’ils seront réceptionnés dans les meilleurs délais.
Bien auparavant Nangaa, c’était le vice-président de la Céni, Norbert Basengezi, qui, depuis Kananga, dans le Kasaï Central, avait confirmé, samedi dernier, la tenue d’élections à la date du 23 décembre.
« Rien ne nous empêche d’organiser les élections d’ici le 23 décembre. Tous les kits et matériels électoraux ont été déployés à travers le pays. Les témoins, journalistes et observateurs sont en train d’être accrédités, la campagne électorale est en cours. Donc, les différentes étapes du calendrier électoral sont respectées », avait laissé entendre Basengezi, cité par le site d’infos en ligne Congoprofond.
Au sujet de ceux qui réfutent les élections, tout en sollicitant la transition, Basengezi les a qualifiés de « trouble-fêtes », rappelant que « le seul moyen de procéder à l’alternance dans ce pays, c’est d’organiser les élections ».
Si la Céni croit désormais en sa capacité d’organiser les élections le 23 décembre courant, elle reste cependant réservée sur la question sécuritaire qui, pense-t-elle, pourrait perturber à tout moment le cycle électoral. « Donnez-moi la paix, je vous donne des élections », a lancé le vice-président de la Céni à la population du Kasaï Central ; région où persiste encore quelques poches d’insécurité.
Rappelant le code de conduite promulgué par la Céni, en rapport avec la campagne électorale qui se clôture le 21 décembre à minuit, Norbert Basengezi a invité les candidats aux différents scrutins à prendre de la hauteur dans leurs messages. « Non aux insultes ! Non aux fausses promesses ! Non à l’instrumentalisation ! Non à l’utilisation des mineurs pendant la période de la campagne électorale ».
Jusqu’au bout
Malgré toutes les difficultés auxquelles elle fait face, la Céni ne plie pas. Elle se dit prête à convoquer les 40 millions d’enrôles aux élections du 23 décembre 2018. Et rien, semble-t-il, ne pourrait arrêter la machine électorale, clame son président.
Seulement, malgré les assurances de Corneille Nangaa, l’opinion tant nationale qu’internationale est d’avis que les conditions à la tenue de bonnes élections du 23 décembre ne soient pas réunies. Des indices les plus probants font craindre une probable dérive du cycle électoral. Ce qui n’ébranle pas la détermination de la Céni à maintenir le cap pour le 23 décembre 2018. Son président y croit dur comme fer. Tout comme le personnel de la Céni qui est en train de se déployer sur le terrain pour assurer la régularité des opérations à la date arrêtée dans le calendrier électoral.
Pour le moment, des sources internes rapportent que la Céni assure d’ores et déjà une série de formations en mode accéléré du personnel des bureaux de vote. Selon son chronogramme, tout devrait être au point avant le 23 décembre.
Pendant ce temps, la campagne électorale, quoique morose, poursuit son petit bonhomme de chemin. Pour le cas spécifique de la présidentielle, trois candidats sur les 21 validés par la Céni se sont détachés du lot. Sans doute, le 23 décembre, la présidentielle se jouerait-elle entre Emmanuel Ramazani Shadary du Front commun pour le Congo, Martin Fayulu de Lamuka et Félix Tshisekedi de Cap pour le changement.
(avec Le Potentiel)