vendredi , 6 novembre 2020
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Félix-Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBO dit Fatshi, président national de l’UDPS/Tshisekedi
Félix-Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBO dit Fatshi, président national de l’UDPS/Tshisekedi.

UDPS : Tel père, tel fils. Il ne deviendra pas président de la RDC

Félix-Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBO dit Fatshi, président national de l’UDPS/Tshisekedi, est « un personnage inquiétant » qui aura commis trois bourdes en moins d’un mois, démontrant que la présidence de la République n’est pas à sa portée.

À Genève, Félix Tshisekedi avait signé sa propre fin politique en renonçant à la possibilité d’être candidat en faveur d’un politicien de seconde classe [Martin FAYULU MADIDI dit Mafa]. Cette première bévue entraînera une seconde. « Elle viendra de la manière dont l’homme que l’on accuse de détenir un faux diplôme retirera sa signature. La mise en scène s’avérera lamentable. Le Président de l’UDPS donnera à ses militants l’impression d’obéir servilement à son secrétaire général, Jean-Mark KABUND-A-KABUND et de suivre un retournement orchestré par le président de l’UNC Vital KAMERHE LWA KANYINGINGYI dit Vika, plus rusé, plus habitué et plus habile dans ce genre d’exercices ». La troisième bourde est la plus grave parce qu’elle heurte à la fois le bon sens, le discours naïf publié pour expliquer sa volteface contre le complot de Genève organisé par Moise KATUMBI, et même la Constitution de la République.

L’UDPS est hantée par le seul désir d’avoir la présidence de la République, et s’est laissée embarquer dans un deal qui profite à coup sûr à Kamerhe et son UNC.

Dans l’accord de Nairobi, Vika sait à l’avance ce qu’il gagnerait réellement. En contrepartie de son retrait, il a reçu l’assurance de conduire l’action gouvernementale-encore faudrait-il que la coalition CACH obtienne la majorité à l’Assemblée nationale. Une autre paire de manches. Plus loin, l’UNC a également la garantie d’avoir la mainmise sur des secteurs-clés de la vie nationale, partant des Finances jusqu’à la Défense. Le reste, Fatshi et les autres possibles adhérents à l’accord de Nairobi devront se les partager suivant une clé de répartition non révélée dans l’accord. L’UDPS a été piégée.

Retour de Fatshi et Vika

Enfin, les deux leaders de l’opposition, notamment Vital Kamerhe et Félix Tshisekedi sont de retour à Kinshasa, en RDC. Les deux poids lourds de l’opposition sont rentrés ensemble après avoir conclu un accord à Nairobi. Leur retour marque aujourd’hui le début de la campagne des deux opposants. Ils ont été complètement accueillis par les militants de l’UDPS, de l’UNC et des autres partis alliés. Il s’agit alors un pari gagné par les deux leaders.

C’est aux environs de 12h que Vital Kamerhe et Félix Tshisekedi sont arrivés dans le salon VIP de l’aéroport de Kinshasa, à bord d’un vol régulier de la compagnie Ethiopian Airlines. Côte à côte, les deux leaders ont été accueillis par leur femme, les secrétaires généraux des deux partis, l’Union des forces nouvelles (UFC) et l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS). « Nous sommes optimistes, nous sommes le ticket gagnant », ont-ils déclaré au cours d’une conférence de presse, accordée avant de quitter l’aéroport et de rejoindre les militants postés dehors.

Soudés pour un seul objectif, les deux leaders ont promis de publier une feuille de route de leur campagne sous 48 heures et ont laissé entendre qu’ils travaillaient également à d’autres ralliements, sans plus de précisions.

Ils ont redit qu’ils iraient aux élections, avec ou sans machine à voter. « Ceux qui ne veulent pas y aller avec la machine, nous disons à leurs militants de voter pour nous », a lancé Vital Kamerhe. Donc, les deux opposants ont été accueillis à l’aéroport par une foule compacte.

Malgré une pluie torrentielle qui s’est abattue ce mardi matin, les militants ont résolu de sortir pour aller accueillir les deux leaders de l’opposition.

Les propos de deux leaders

Lors de leur arrivé, ces deux leaders de l’opposition ont réitéré leur optimisme sur l’issue du scrutin du 23 décembre. « Nous sommes le ticket gagnant, nous atteindrons les 60% de l’électorat », a déclaré Félix Tshisekedi. « Même s’il y avait 1000 candidats, celui de la MP serait dernier », a ajouté Vital Kamerhe.

Les éléments de la Police ont utilisé des grenades lacrymogènes et des tirs de sommation pour dégager la voie et permettre au cortège de se frayer un chemin. Ils étaient plusieurs milliers de militants de l’UNC (Union pour la Nation congolaise) et de l’UDPS (Union pour la Démocratie et le Progrès Social), qui sont arrivés au siège du parti de Félix Tshisekedi, a-t-on précisé.

Les deux leaders de l’opposition reviennent à Kinshasa après avoir annoncé un accord de coalition, à Nairobi, au Kenya, soutenant la candidature du président de l’UDPS à la présidentielle du 23 décembre, a-t-on rappelé.

A titre de rappel, le 11 novembre, à Genève, les deux hommes avaient désigné avec cinq autres leaders de l’opposition le député Martin Fayulu pour représenter leur camp à cette élection présidentielle à un tour.

Programme du gouvernement Fatshi – Vika

Invité spécial lundi du journal Afrique, édition de 21h30 de TV5 monde, Félix Tshisekedi a dévoilé les grandes lignes de leur programme commun. Celui-ci s’articule autour de la paix et la sécurité dans les régions les plus touchées pays. A savoir l’espace Grand Kasaï et l’Est de l’immense territoire rd congolais. Pas seulement. Le candidat de l’Upds à la très prochaine présidentielle a aussi déclaré que leur combat a pour objectif de ramener la paix et la sécurité sur l’ensemble du territoire, de rétablir l’autorité de l’Etat et de militer pour l’union effective du pays. A cela, Fatshi ajoute l’avènement d’un Etat de droit pour rassurer les investisseurs, la mise en place d’une administration responsable, gage de la mobilisation des recettes et la lutte contre la corruption.

Est-il encore possible d’envisager un rapprochement entre le bloc de Nairobi et le camp de Genève ? A cette question, Fatshi a répondu sans atermoiement : « Nous sommes ouverts ». A une question sur les raisons de leur désengagement de l’Accord de Genève, le président national de l’Udps a déclaré : « L’Udps est un parti de masse. Une véritable pyramide inversée. Ceux qui sont au sommet ne doivent pas penser qu’ils ont des privilèges. Nous écoutons la base et nous nous conformons à sa volonté. Après l’avoir signé, nous avons finalement réalisé que l’accord de Genève était truffé de supercherie. En droit, on parle de dol ». 

Un match dans le match

Dans un contexte politique particulier, essentiellement dominé par les préparatifs du scrutin prévu le 23 décembre, la situation actuelle au sein de l’opposition laisse à penser qu’il y aura plus d’adversité entre le camp de Nairobi, incarné par le duo Fatshi- Kamerhe et le bloc de Genève, représenté par les cinq leaders. A savoir Jean-Pierre Bemba, Freddy Matungulu, Adolphe Muzito, Marin Fayulu et Moïse Katumbi. 

Désormais donc, des analystes avisés concluent qu’on assistera à un match dans un match, entre deux camps de frères-ennemis. D’une part, le duo Fatshi-Kamerhe. De l’autre, les cinq majors du camp de Genève. Toutes proportions gardées, la situation actuelle au sein de l’opposition replonge les Congolais d’aujourd’hui, Zaïrois d’hier, dans la séquence des années 90. 

Au cours de cette année, la Primature revenait à l’Opposition. Et, chaque fois que feu le maréchal Mobutu nommait un membre de l’Opposition au poste de Premier ministre, les pars de ce dernier, réunis au sein de l’Union sacrée et alliés, se dressaient tous contre lui. Plutôt que de s’opposer au Président Mobutu, la même opposition se levait contre ses propres membres qu’elle accusait de haute trahison. Première victime : Bernardin Mungul Diaka. La deuxième séquence du genre fut celle de Jean Nguz A Karl –I–Bond. La troisième Faustin Birindwa et la quatrième Léon Kengo. 

Etant donné que l’histoire est un éternel recommencement, les Congolais ne seraient peut-être pas très loin de revivre le même théâtre. Face à l’éclatement de l’opposition, on risquera donc de plus assister à une opposition qui, au lieu de s’opposer au camp du pouvoir, va plutôt s’opposer à un autre camp de la contestation. Dorénavant, le camp de Genève et le bloc de Nairobi ont des comptes à se régler, parce que très engagés dans une sorte de combat de légitimité qui ne semble pas encore dire son nom. Un duel à suivre absolument.

Tout bien considéré, en cette période de campagne électorale, il y aura sans doute plus d’adversité entre les deux camps plutôt qu’entre l’opposition et le FCC, coalition du camp du pouvoir.

(avec lePotentiel, l’Avenir, ForumDesAs)

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