vendredi , 6 novembre 2020
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Louis MICHEL, l'homme qui soutient la balkanisation de la RDC.
Louis MICHEL, l'homme qui soutient la balkanisation de la RDC.

La mort de Louis MICHEL : Les Congolais s’impatientent

Le tableau élogieux dressé par le très sulfureux Louis Michel sur la situation en République Démocratique du Congo (RDC) pendant cette période électorale est surréaliste, comme si on rêvait. Selon lui, tout va pour le mieux. En d’autres termes, Joseph Kabila a démontré au monde qu’en RDC aussi, on peut accéder au pouvoir par la voie des urnes et non par des voies anti-démocratiques. Il mérite bien des égards de la part de la communauté internationale. Le père de l’actuel Premier ministre belge (Charles Michel) ne s’est pas privé de son arrogance habituelle en faveur de la kabilie, dont il loue l’excellence dans l’organisation des prochaines élections. D’après l’eurodéputé, la machine à voter et le fichier électoral corrompu décriés par l’opposition et la société civile, ne nuisent aucunement à la bonne gestion de ces scrutins. Et il a poussé l’outrecuidance jusqu’à affirmer, sans vergogne, que Shadary, le dauphin de son poulain, Joseph Kabila, dont il avait réussi à imposer à la tête de l’ancienne colonie belge en 2001 et 2006, est « l’homme qu’il faut » pour relever les défis considérables auxquels est confronté le pays. Pour Louis Michel, les sanctions ciblées de l’Union européenne (UE) à l’encontre de certains hauts responsables congolais pour « entrave au processus électoral » ou pour de « graves violations de droits de l’Homme » sont « inutiles car n’ayant aucun impact ». Et d’ajouter : « Il y a des gens dans cette liste qui ne méritent pas d’être sanctionnés ». L’UE a prolongé ses sanctions en RDC jusqu’au 12 décembre 2019 lors d’une réunion lundi à Bruxelles. Échecs cuisants pour le lobbying de M. Michel.

Vifs échanges entre Paul Nsapu, défenseur des droits de l’Homme, et Louis Michel, eurodéputé belge, au Parlement européen à Bruxelles (Belgique), jeudi 22 novembre 2018, où s’est tenu une conférence en marge de la rencontre des parlementaires de l’Union européenne (UE) et des représentants des Etats d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (ACP).

Parmi les sujets inscrits à l’ordre du jour de cette réunion figurait la situation en République Démocratique du Congo (RDC), notamment le processus électoral en cours. C’est à ce moment-là qu’une dispute s’engage entre Paul Nsapu et Louis Michel, modérateur de la rencontre.

L’homme politique belge a profité de l’occasion pour inviter Rémy Ngoy Lumbu, Commissaire congolais à la Commission africaine des droits de l’Homme et des peuples et rapporteur spécial sur les défenseurs des droits de l’Homme, l’un des hommes liges de Néhémie Mwilanya, directeur du cabinet de Joseph Kabila.

Cette curieuse présence congolaise, dont la signification prête à confusion a, dès l’abord, irrité les soldats des Droits de l’Homme qui l’ont reconnu sans peine.

« SHADARY EST L’HOMME QU’IL FAUT »

Le tableau élogieux dressé par le très sulfureux Louis Michel sur la situation en RDC pendant cette période électorale est surréaliste, comme si on rêvait. Selon lui, tout va pour le mieux. En d’autres termes, Joseph Kabila a démontré au monde qu’en RDC aussi, on peut accéder au pouvoir par la voie des urnes et non par des voies anti-démocratiques. Il mérite bien des égards de la part de la communauté internationale.

Le père de l’actuel Premier ministre belge (Charles Michel) ne s’est pas privé de son arrogance habituelle en faveur de la kabilie, dont il loue l’excellence dans l’organisation des prochaines élections. D’après l’eurodéputé, la machine à voter et le fichier électoral corrompu décriés par l’opposition et la société civile, ne nuisent aucunement à la bonne gestion de ces scrutins.

Et il a poussé l’outrecuidance jusqu’à affirmer, sans vergogne, que Shadary, le dauphin de son poulain, Joseph Kabila, dont il avait réussi à imposer à la tête de l’ancienne colonie belge en 2001 et 2006, est « l’homme qu’il faut » pour relever les défis considérables auxquels est confronté le pays.

Pour Louis Michel, les sanctions ciblées de l’Union européenne (UE) à l’encontre de certains hauts responsables congolais pour « entrave au processus électoral » ou pour de « graves violations de droits de l’Homme » sont  « inutiles car n’ayant aucun impact ». Et d’ajouter: « Il y a des gens dans cette liste qui ne méritent pas d’être sanctionnés ».

Sans ambages, il plaide – c’est un secret de polichinelle – pour la levée des mesures (interdiction de pénétrer sur le territoire de l’UE, gel des avoirs et interdiction de mettre des fonds et ressources économiques à la disposition des personnes listées), qui lui semblent « sans importance et totalement inefficaces », visant notamment Emmanuel Ramazani Shadary, le candidat du Front Commun pour le Congo (FCC), son favori à l’élection présidentielle prévue le 23 décembre 2018.

Bien que la situation des droits de l’Homme en RDC demeure l’une des plus dramatiques au monde, Louis Michel n’en a cure!

« INSUPPORTABLE PLAIDOYER »

Certes, les inepties, les mensonges et les faux arguments exprimés par Louis Michel au sujet de la situation en RDC ne pouvaient qu’interpeller Paul Nsapu, en sa qualité de secrétaire général de la Fédération internationale des droits de l’Homme (FIDH) et président de la Ligue des Electeurs (LE), mais surtout en tant que citoyen Congolais. Car, ces propos méritent d’être dénoncés et combattus. Avec force et vigueur, Il prit la parole. Ce, au grand dam de l’eurodéputé qui a tenté de lui clore le bec.

« Je ne peux accepter que ce Monsieur tienne ce genre de propos sur la situation actuelle en RDC. Son plaidoyer en faveur du régime de Kabila est insupportable ! Je parle au nom de toutes les victimes du régime en RDC, notamment les experts de l’ONU, Michael Sharp et Zaïda Catalan, assassinés dans le Kasaï en 2017. Qui était le ministre de l’Intérieur et de la Sécurité ? C’est Emmanuel Ramazani Shadary que vous êtes en train de vanter les qualités devant vos pairs. Aujourd’hui, il est cité dans ce procès pour avoir orchestré ces tueries. Nous avons des preuves de sa responsabilité et celle de son chef, Joseph Kabila, dans ce double meurtre. Et vous plaidez pour que l’UE lève les sanctions à l’encontre de ceux qui ont commis des crimes abominables ? Soyons sérieux, cher Monsieur ».

Avec la verve oratoire qu’on lui connait, il ajoute à l’intention des parlementaires européens et participants à cette rencontre :

« Le pays est mort à cause de ce Monsieur qui avait présenté Joseph Kabila comme l’espoir du Congo. Où en sommes-nous aujourd’hui ? C’est un Monsieur qui va tout le temps à Kinshasa, en catimini, et a promis aux responsables congolais qu’il se battrait pour obtenir auprès de l’UE la levée des sanctions qui pèsent sur eux. Il faut que cela se sache, il faut que les Congolais le sachent ».

Ne pouvant admettre la contradiction apportée à son plaidoyer, Louis Michel n’a eu de choix que de recourir au service de gestion de la sécurité du Parlement européen pour faire expulser Paul Nsapu de la salle de conférence.

L’UE RECONDUIT LES SANCTIONS CONTRE RAMAZANI SHADARY

En dépit du plaidoyer mené par certains lobbyistes pour demander à l’Union européenne de lever ses sanctions prises contre certaines personnalités de la RDC, des responsables de cette grande institution occidentale ont confirmé, vendredi 07 Décembre 2018, que les interdictions de voyager et le gel des avoirs seraient renouvelés à l’encontre du candidat du parti au pouvoir, le PPRD, Emmanuel Ramazani Shadary et 15 autres officiels congolais. Cette décision a été adoptée lundi 10 décembre 2018, sans débat, lors de la réunion des ministres des Affaires étrangères de l’Union Européenne. Échecs cuisants pour le lobbying du très sulfureux Louis Michel.

L’UE a prolongé ses sanctions en RDC jusqu’au 12 décembre 2019 lors d’une réunion lundi à Bruxelles. Ramazani Shadary, désigné cette année pour représenter le camp Kabila à l’élection présidentielle prévue le 23 décembre, a été ministre de l’Intérieur entre décembre 2016 et février 2018. A ce titre, l’Union européenne le considère comme un des responsables de l’arrestation d’opposants et de la « violente répression » de manifestations survenues en janvier-février 2017 à Kinshasa, selon un document officiel de l’UE. Il est aussi question d’un « usage disproportionné de la force » pour réprimer le mouvement religieux Bundu Dia Kongo (BDK) et d’autres manifestations au Kasaï, dans le centre du pays.

En mai 2017, le nom de Ramazani Shadary comptait parmi ceux de neuf responsables de l’appareil sécuritaire congolais ajoutés à une liste de sept personnalités déjà sanctionnées à la suite de violences survenues en septembre 2016. Ce total de 16 sanctionnés est ensuite tombé à 14 en février 2018 quand deux noms ont été transférés sur une autre liste, sous la responsabilité des Nations Unies, selon une source européenne.

Les sanctions consistent en un gel d’éventuels avoirs et une interdiction de visa pour l’Union européenne. Elles ont été prolongées jusqu’au 12 décembre 2019, lundi à l’occasion du réunion des ministres des Affaires étrangères de l’UE à Bruxelles. Parmi les 14 hauts responsables visés figurent aussi le ministre de la Communication, Lambert Mende, le chef de l’Agence nationale de renseignements (ANR), Kalev Mutondo, et Evariste Boshab, prédécesseur de Ramazani Shadary au ministère de l’Intérieur. En octobre, M. Ramazani Shadary avait protesté par la voix de ses avocats belges contre ces sanctions, jugées « injustes », et avait demandé leur levée.

M. Ramazani Shadary a été désigné par le président Kabila et sa famille politique élargie au Front commun du Congo (FCC) candidat de la majorité à l’élection présidentielle qui doit se tenir le même jour que les législatives et les provinciales. Au total, 21 candidats sont en course pour la succession du président Joseph Kabila qui ne peut briguer un troisième mandat, interdit par la Constitution.

Lundi, le Conseil de l’UE – instance représentant les 28 pays membres – évoque dans son communiqué ce contexte électoral, et réaffirme « l’importance de la tenue d’élections crédibles et ouvertes à tous » dans le respect du peuple congolais. « Le Conseil réexaminera à nouveau les mesures restrictives compte tenu des élections en RDC et se tient prêt à les adapter en conséquence », est-il aussi souligné. 

L’Accord de la Saint Sylvestre et la résolution 2409 du Conseil de sécurité des Nations Unies indiquent clairement à tous les acteurs politiques et aux autres parties prenantes les conditions à respecter pour une sortie de crise durable, la tenue d’élections crédibles et un transfert de pouvoir apaisé. L’UE encourage toutes les parties concernées à les mettre en œuvre.

Il y a dix jours, Joseph Kabila avait qualifié ces sanctions de « tout à fait illégales, injustes, arbitraires, orientées politiquement », dans un entretien avec le quotidien belge Le Soir. « Moi, je fais pleinement confiance à tous ceux qui ont été sanctionnés, et surtout les officiers; je sais qu’ils défendent l’Etat de droit », avait affirmé le président. Et d’enchaîner: « On me dit que si tout se passe bien lors des élections, les sanctions pourraient être levées. Mais moi je m’en fous. Pour les élections, tout va très bien se passer, et cela ne dépendra pas des sanctions ».

Que se passerait-il demain, si Shadary, une fois élu Président de la RDC et investi au Palais de la Nation, pour que les Ambassadeurs et Chefs des Missions de l’Européenne soient accrédités tout au long de l’année 2019 ? Plus qu’interpellatrice, telle est, pourtant, la question lancinante que pose Kikaya, l’actuel Conseiller diplomatique du Chef de l’État congolais, à l’endroit de tous les membres du Conseil des Ministres de l’UE. Va-t-on ainsi vers un bras de fer ? Et quelle sera la réaction officielle du Gouvernement congolais ?

Tout récemment, Léonard She Okitundu, le Ministre d’État aux Affaires Étrangères, à la Coopération Internationale et Intégration Régionale, tout en promettant des mesures de rétorsions, disait à ce sujet que l’État congolais n’allait plus, cette fois-ci, se laisser marcher sur la tête. Toutefois, il n’avait ni fixé la teneur, ni indiqué la nature de ces mesures de rétorsion.

Déjà, Kikaya Bin Karubi parlait hier, de sanctions injustes et inadmissibles. Puisqu’à son avis, les personnalités mises en cause n’ont jamais bénéficié de leur droit à être entendues, conformément aux règles de droit les plus élémentaires.

(avec Robert Kongo)

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