vendredi , 6 novembre 2020
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Opposition congolaise, un semblant d'unité.
Opposition congolaise, un semblant d'unité.

RDC : L’unité de l’Opposition assassinée

Le conclave de Genève n’en finit pas de charrier quantité de révélations et de grilles de lecture. Au regard du film de la désignation de Martin Fayulu, il apparaît clairement que la fameuse  » géopolitique  » a été mise à contribution pour disqualifier  » scientifiquement  » Félix-Antoine Tshisekedi et Vital Kamerhe. Le paradoxe étant qu’au finish ce sont les deux présidentiables les plus importants en termes d’assise sociologique qui ont été ainsi sacrifiés. A savoir FATSHI et Vital Kamerhe.

Mécaniquement, le duel a opposé Fayulu à Matungulu, deux candidats dont on ne peut raisonnablement pas dire que leur qualité principale soit l’ancrage dans le pays profond. A partir de là, et surtout en considérant le communiqué final, l’on comprend que Martin Fayulu est davantage un candidat-épouvantail anti machine à voter qu’un prétendant à la présidentielle du 23 décembre prochain. Le fait du reste qu’on l’appelle porte-parole ne trompe guère sur la logique de sa nomination.

Les anti machines à voter doublés d’invalidé ou d’exclus auraient voulu envoyer deux signaux contradictoires en élisant Fayulu qu’ils ne s’y seraient pas pris autrement. Du reste, dans une interview à un média en ligne, l’un des sept en l’occurrence Adolphe Muzito a confié que Martin Fayulu avait été désigné plutôt porte-parole des opposants réunis à l’Hôtel Warwick de Genève. Pour mener jusqu’au bout le combat de toute la coalition, afin de casser cette parodie d’élections que la centrale électorale et son président entendent organiser.

« S’agissant de la question sur le mode qui aura conduit à la désignation de Martin Fayulu, Adolphe Muzito précise qu’il a été à deux niveaux, entre les 4 leaders de l’Opposition dont les candidatures ont été retenues à la prochaine présidentielle. A savoir, Félix Tshisekedi, Vital Kamerhe, Martin Fayulu et Freddy Matungulu. Les 3 autres leaders, Moïse Katumbi (exclu), ainsi que Jean-Pierre Bemba et Adolphe Muzito (invalidés), n’ayant même pas pris part à la désignation de porte-parole.

« Félix Tshisekedi et Vital Kamerhe, considérés pourtant comme les plus grands [compris dans le sens des favoris], se sont malheureusement neutralisés eux-mêmes’, a indiqué le leader du Nouvel Élan. Car, poursuit-il, il a été demandé aux 4 candidats en lice, de proposer chacun deux noms, en commençant par le sien en premier, et le second, celui de l’un de trois autres candidats. Et, c’est ici que Tshisekedi et Kamerhe se sont neutralisés. Sûrement, à cause de leurs égos surdimensionnés.

« Tenez, outre son nom, Kamerhe a proposé celui de Matungulu. Tshisekedi, lui, celui de Fayulu, en plus du sien. Quant ’aux plus petits’, ils se sont confortés. Fayulu s’est choisi en premier, avant de jeter son dévolu sur Matungulu. Idem pour le leader de Congo Na Biso, qui, hormis lui-même, a avancé le nom du candidat de la Dynamique de l’Opposition.

« Résultats : Fayulu et Matungulu ont obtenu, chacun, trois (3) voix et sont d’office restés dans la course. Tshisekedi et Kamerhe, eux, avec une (1) voix chacun, sont éliminés. Au second tour, comme il s’agissait de choisir qui de Fayulu et de Matungulu, va mener le combat, en tant que porte-parole de l’Opposition, ’pour casser cette parodie d’élections, c’est comme cela que Martin Fayulu a été désigné, grâce notamment à sa virulence’ ».

« C’est après la victoire dans cette première partie du combat, que les 7 leaders de l’Opposition se réuniront cette fois-là, pour désigner le candidat commun, celui-là qui va représenter la force alternative au régime actuel, à la vraie présidentielle libre, transparente, crédible et apaisée’ », a conclu Adolphe Muzito ». C’est ce que rapportent nos confrères d’objectifs-info.cd.

SOLIDARITE BANDUNDOISE 

Pas la peine d’être sortie que les révélations d’Adolphe Muzito n’ont servi qu’à jeter de l’huile sur le feu en érodant sérieusement la confiance déjà difficile à établir entre des leaders opposants qui savent pourtant leur sort irrémédiablement lié s’ils visent un objectif commun aux prochaines élections.

Selon certains analystes, le poids politique de Félix Antoine Tshilombo Tshisekedi et de Vital Kamerhe – de loin supérieur à ceux réunis de Martin Fayulu et de Freddy Matungulu – aurait normalement dû inciter Adolphe Muzito à s’abstenir de se comporter en arbitre. Dire des « éliminés » qu’ils « se sont neutralisés eux-mêmes » et renchérir de manière quasiment injurieuse que c’est « sûrement, à cause de leurs égos surdimensionnés » fut de nature à éloigner toute perspective de rapprochement puisqu’il accentue la méfiance. Une attitude politicienne qui ne peut relever du simple hasard.

La suite coule comme de source : la confrontation électorale sui generis de Genève a, en réalité, mis aux prises candidats de l’Ouest (qui ont coalisé) contre candidats de l’Est (qui n’ont pas eu la présence d’esprit de comploter). Fayulu et Matungulu ont remporté la partie électorale par « solidarité géopolitique ». Et compromis durablement tout espoir d’unité entre leaders politiques des différentes zones géopolitiques de la RD Congo. L’unité de l’opposition aura été assassinée dans un établissement hôtelier cossu de la ville de Genève en Suisse. 

(avec ODL/FDA)

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