L’unité de l’opposition vient de voler en éclats seulement vingt-quatre heures après avoir choisi Martin Fayulu comme candidat de l’opposition. Ce triste épisode vient une fois de plus illustrer les failles récurrentes de leaders congolais de l’opposition qui ne se surpassent jamais en apportant un nouveau ton, des nouvelles idées et surtout un nouvel état d’esprit à leurs partis, mais surtout restent esclaves de clivages ethniques qui ne peuvent pas les faire émanciper. C’est comme chaque ethnie rêve de s’approprier le pouvoir en ayant un président s’identifiant seulement par le lien local. La problématique de l’opposition congolaise de fédérer autour d’un candidat commun ne date pas d’aujourd’hui.
L’unité de façade affichée par cette opposition à Génève ne permettait pas d’accoucher une déclaration commune durable et historique de la part de ces sept responsables politiques. En 2006 et 2011, cette même opposition avait renoué avec les vieux démons de division dans la mesure où chaque leader était mû par des ambitions égoïstes et cela leur a coûté cher. Pour tous ceux qui connaissent l’histoire politique congolaise depuis l’indépendance, la surprise n’est pas grande. A l’exception de quelques candidats restés constants dans leurs engagements politiques, la plupart des acteurs se sont compromis.
Qui ignore encore à titre d’exemples dans l’ex-Zaïre pendant que certains opposants affirmaient la journée : « Il est exclu pour l’opposition de participer à un gouvernement où Mobutu joue un quelconque rôle. C’est un peu comme un bon fruit qui serait en contact avec un fruit pourri », la nuit les mêmes fraternisaient avec le dictateur ». Pourquoi Vital Kamerhe est traité de caméléon ?
Il faut accorder un satisfecit à Martin Fayulu, à Jean Pierre Bemba, à Moise Katumbi, Freddy Matungulu et Adophe Muzitu qui restent fidèles à leur engagement sans retirer leur signature. Les leaders politiques qui se désolidarisent de la candidature commune en mettant en exergue leur base ethnique boiront le calice jusqu’à la lie pour cette démarche suicidaire, car ils seront rattrapés par l’histoire dans sa facette de négativité.
Certes la politique obéit aujourd’hui aux contraintes du temps médiatique et de coalition surtout dans la cadre de la Rdc où les élections ne sont qu’à un seul tour. La démocratisation à travers le multipartisme qui devrait offrir en Rdc une lueur d’une vraie vitalité de partis politiques focalisée sur des projets de société, est devenue le spectacle de tout pourri puisque les partis politiques se sont davantage appuyés sur le facteur ethnique considéré comme vestige du passé. Les partis politiques désignent des factions personnalistes, ethniques et ne correspondent pas à la définition classique des formations politiques.
Le problème véritable de l’opposition congolaise est celui de leader politique et non de l’ethnie ou de la tribu. Chaque acteur politique est à fortiori lié à son terroir et c’est à partir de là qu’il fonde sa base. Mais la dimension du leadership nous oblige à transcender ces différents clivages pour créer un lien Local-National. Dans cette perspective il s’avère important de concilier les réalités culturelles ( dont l’ethnie ) aux valeurs universelles fondant la démocratie.
Malheureusement ces « soit-disant » leaders de l’opposition qui ne sont pas de vrais opposants mais des marionnettes exploitent les idées ou les sentiments tribalistes pour se créer une clientèle afin de satisfaire leurs intérêts et leurs ambitions égoïstes. Il faut donc jeter tous ces faux opposants ou secrétaires de ces formations politiques aux orties.
(Professeur Florent Kaniki)