vendredi , 6 novembre 2020
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Mexique : Commémoration de deux séismes meurtriers

Messes, exercice géant de simulation et manifestations : le Mexique a commémoré mercredi deux séismes meurtriers, l’un dans lequel 369 personnes ont péri l’an dernier, et l’autre qui a fait plus de 10.000 morts, à la même date, en 1985.

La journée du « 19S », pour 19 septembre, a débuté, comme c’est le cas depuis plus de 30 ans, au coeur de la capitale Mexico.

A 7h19 (12h19 GMT), moment exact où la terre a tremblé en 1985, des militaires ont quitté le palais présidentiel pour mettre en berne le drapeau géant qui flotte sur la place du Zocalo, en présence du président Enrique Peña Nieto.

Au même moment, à moins de cinq kilomètres de là, une messe a été célébrée à l’endroit où, il y a 33 ans, s’est effondré un immeuble d’appartements de quinze étages, se transformant en tombe pour des centaines d’habitants.

« L’énorme bâtiment a commencé à tanguer, à tomber en morceaux, le verre s’est coincé dans nos corps. Nous ne ressentions plus de douleur ni d’espoir », a témoigné Fernando Lopez Padilla, un survivant de 67 ans qui est sans abri depuis lors.

À l’époque, de nombreux Mexicains se sont improvisés secouristes face à un gouvernement totalement dépassé par la catastrophe. « Nous ne nous connaissions pas, nous venions de différents quartiers de la ville. C’est là que nous avons commencé à travailler », explique à l’AFP Luis Arturo Vasquez, 58 ans, un membre du groupe de volontaires surnommé « Les Taupes ».

Depuis 1985, des exercices grandeur nature et le déclenchement d’une alerte sismique ont été mis en place.

Et depuis 2015, une sirène retentit le jour de la commémoration à travers Mexico grâce à quelque 8.000 haut-parleurs. C’est le signal de départ d’un exercice géant de simulation parasismique: les gens évacuent les bureaux et les immeubles d’habitation.

Il y a un an, les habitants de la capitale venaient de remonter, quand le sol s’est mis à fortement trembler.

Des dizaines d’immeubles transformés en montagnes de béton et d’acier, des centaines de volontaires qui cherchent sans relâche le moindre souffle de vie. Cette mégalopole de plus de 20 millions d’habitants venait brusquement d’être projetée 32 ans en arrière.

Mercredi, l’exercice géant de simulation, à 13H16 (18H16 GMT), a été l’occasion pour les habitants de lever le poing en l’air. Ce geste est devenu un symbole de la tragédie, car c’est ainsi que les secouristes demandaient le silence pour essayer de repérer les survivants.

« La corruption tue » 

Un an après, les traces de ce tremblement de terre, de magnitude 7,1, sont à peine visibles dans cette mégapole vibrante et cosmopolite. Mais il suffit de savoir où regarder pour les trouver.

À Tlalpan, dans le sud de Mexico, par exemple, une centaine de personnes continuent de vivre dans un camp improvisé à côté de ce qui fut l’immeuble 1C. Son effondrement, dans lequel neuf personnes avaient perdu la vie, les a laissées à la rue.

Ces sinistrés ont manifesté mercredi contre l’immobilisme des pouvoirs publics. Gloria Villarreal, 53 ans, a dénoncé l’inefficacité bureaucratique. « Un jour ils réclament une chose, un autre autre chose. Horrible! », s’est-elle exclamée.

À 15 minutes en voiture de là, les autorités ont récemment terminé de déblayer les décombres de l’école primaire Rebsamen, où 19 enfants et sept adultes ont été tués. Quelque 200 personnes ont levé le poing en l’air mercredi devant l’établissement, qui avait été bâti illégalement par une directrice en fuite après une condamnation.

« Une école doit être une deuxième maison, pas une tombe. Il y a un an j’ai déposé mon fils et mon fille à l’école. Je leur ai demandé de bien écouter leur maîtresse parce qu’il y allait avoir un exercice. Je ne savais qu’il y aurait un séisme », a raconté Alejandro Jurado, père de Paola, sept ans, morte ce jour-là.

Même si le pays connaît la plus forte activité sismique de la planète, les autorités n’ont pas tiré les leçons des catastrophes, dénoncent chercheurs, ingénieurs et militants d’ONG.

Le séisme de 1985, d’une magnitude de 8,1 et qui a transformé la capitale en champ de ruines, était censé marquer « un avant et un après », rappelle l’écrivain et journaliste Hector de Mauleon.

Dans la foulée, la municipalité avait durci les normes de construction et mis en place une inspection obligatoire de la structure de chaque projet par un ingénieur indépendant.

Malgré tous les changements, 38 bâtiments se sont effondrés l’an dernier dans cette ville. « C’est scandaleux qu’à chaque fois qu’il y a un tremblement de terre à Mexico, on dirait que c’est la première fois », résume M. de Mauleon.

« Les séismes ne tuent pas les gens. La corruption oui », tranche Salvador Camarena, un des responsables de l’ONG Mexicains contre la corruption et l’impunité.

Pendant ce temps, Claudia Sheinbaum, qui dirigeait en 2017 le secteur où s’est effondrée l’école Rebsamen, un établissement déclaré « structurellement sûr » en 2014 par les autorités, a été élue maire de Mexico.C’est une proche du président-élu de gauche Andres Manuel Lopez Obrador, qui a gagné avec un discours anticorruption.

(avec Afp)

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