vendredi , 6 novembre 2020
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Jean-Pierre BEMBA, ancien chef rebelle et chairman du MLC.
Jean-Pierre BEMBA, ancien chef rebelle et chairman du MLC.

RDC : Irresponsabilité de Jean-Pierre BEMBA

Pour notre part, nous avons été ulcérés, comme beaucoup d’autres congolais qui nous ont écrit, par les dénégations on ne peut plus irresponsables de Jean-Pierre Bemba qui, rejetant une question du journaliste de Jeune Afrique qui l’interrogeait sur l’action du pillage de la RDC par l’Ouganda, a affirmé péremptoirement : «il n’y a pas eu de pillages du Congo par l’Ouganda, je refuse cette idée » (sic). Le «Chairman» vient de franchir la ligne rouge ! Il vient de cracher là sur la mémoire de l’histoire et sur des millions de victimes congolaises tombées sous les balles et les baïonnettes des soldats ougandais depuis la guerre d’invasion d’octobre 1996. Nier que l’Ouganda a pillé le Congo équivaut à considérer que l’expédition militaire des armées de Museveni en RDC était plutôt une œuvre humanitaire pour le bien du peuple congolais. Et Jean-Pierre Bemba va plus loin, il qualifie la thèse du pillage du Congo par l’Ouganda d’une simple «idée» qu’il refuse. C’en est trop !

Les dénégations irresponsables de Jean-Pierre Bemba

Abraham Lincoln avait dit avec raison : «Le silence devient un péché lorsqu’il prend la place qui revient à la protestation ; et, d’un homme, il fait alors un lâche!» Ces propos du 16eprésident des Etats-Unis d’Amérique sonnent particulièrement aujourd’hui comme une interpellation de la classe politique congolaise, toutes tendances politiques confondues. En effet, nous l’avons dit et répété à travers nos nombreux écrits antérieurs :le drame de la RDC aujourd’hui,  ce n’est pas tellement le fait des vautours et des rapaces venus de tous les horizons pour piller ses scandaleuses richesses, mais c’est d’abord et avant tout le fait de son élite politique, si tant est qu’elle mérite réellement ce vocable!

Pour notre part, nous avons été ulcérés, comme beaucoup d’autres congolais qui nous ont écrit, par les dénégations on ne peut plus irresponsables de Jean-Pierre Bemba qui, rejetant une question du journaliste de Jeune Afrique qui l’interrogeait sur l’action du pillage de la RDC par l’Ouganda, a affirmé péremptoirement : «il n’y a pas eu de pillages du Congo par l’Ouganda, je refuse cette idée » (sic). En lisant cette déclaration, nous avons d’bord cru avoir affaire à un de ces gags habituels des réseaux sociaux. Et après avoir vérifié l’authenticité de cette interview, nous avons conclu à une erreur de la rédaction de Jeune Afrique et avons attendu un démenti du président du MLC. En vain ! Alors nous avons décidé de réagir. Car nous estimons que le «Chairman» vient de franchir la ligne rouge ! Il vient de cracher là sur la mémoire de l’histoire et sur des millions de victimes congolaises tombées sous les balles et les baïonnettes des soldats ougandais depuis la guerre d’invasion d’octobre 1996. Nier que l’Ouganda a pillé le Congo équivaut à considérer que l’expédition militaire des armées de Museveni en RDC était plutôt une œuvre humanitaire pour le bien du peuple congolais. Et Jean-Pierre Bemba va plus loin, il qualifie la thèse du pillage du Congo par l’Ouganda d’une simple «idée» qu’il refuse. C’en est trop !

C’est pourquoi nous avons décidé de lui rafraichir la mémoire et montrer à l’opinion congolaise que loin d’être une vue de l’esprit, le pillage du Congo par le Rwanda et l’Ouganda, deux grands proxys des commanditaires occidentaux en RDC, est bel et bien un fait historique grave que des générations des congolais ne devront jamais oublier, même après que le Congo sera libéré de l’occupation actuelle. Voici donc quelques faits historiques indéniables et palpables :

La guerre de diamant à Kisangani entre le Rwanda et l’Ouganda

L’histoire se souviendra encore longtemps de cette étrange guerre baptisée par la revue Jeune Afrique du mois de juin 2002 de «guerre des six jours». Cette guerre, unique en son genre, avait opposé deux armées régulières des pays voisins de la République Démocratique du Congo sur son territoire. D’aucuns se souviendront que du 5 au 11 juin, une guerre sauvage a endeuillé la ville congolaise de Kisangani, opposant l’armée ougandaise à l’armée rwandaise du RCD/Goma durant 6 jours, et faisant des milliers de victimes civiles congolaises innocentes. Et tout le monde sait qu’au-delà des prétextes politiques, les raisons fondamentales qui ont motivé cet affrontement entre les deux alliés des forces d’agression de 1996 contre Mobutu étaient économiques : le Rwanda et l’Ouganda voulaient contrôler chacun Kisangani qui constituait à leurs yeux l’axe stratégique du marché de diamant et du café!

Devant l’ampleur du scandale qui avait émule monde entier, l’ONU fut amenée à condamner ce massacre de Kisangani dans sa résolution n°1304 du 16 juin 2000 dans laquelle elle a déploré et condamné « les pertes en vies civiles, les risques pour la population civile et les dommages matériels infligés à la population congolaise par les forces de l’Ouganda et du Rwanda » (sic). Comment un leader politique congolais peut-il alors nier des faits aussi avérés ?

La condamnation de l’Ouganda et du Rwanda par la Cour International de Justice (CIJ) en 2005 pour pillage de la RDC

Faut-il rappeler aussi  que la Cour Internationale de Justice (CIJ), dans son verdict rendu en audience publique le 19 décembre 2005, avait formellement condamné l’Ouganda pour avoir pendant 5 ans, de 1998 à 2003, occupé la RDC et s’y être livré à un pillage économique systématique ?

C’est LD Kabila qui avait initié ce dossier d’accusation et avait exigé de fait des dédommagements de près de 8 milliards USD, et eu gain de cause. Mais, dans sa défense, Kampala avait plutôt rétorqué que c’est Kinshasa qui devait lui payer d’abord sa «facture» de la guerre de l’AFDL de 1996-1998.

L’Ouganda a d’abord refusé d’indemniser la RDC pour les préjudices subis. Ensuite, Yoweri Museveni a déclaré avoir accepté de payer en plusieurs tranches plutôt la modique somme de 20 millions, tout en exigeant que la RDC lui paye la facture de la guerre menée par « l’AFDL » pour chasser le maréchal Mobutu. Une ironie de mauvais goût: l’agresseur veut se faire passer pour la victime et la victime deviendrait ainsi l’agresseur.

Mais dès son arrivée au pouvoir après l’assassinat de LD Kabila, Hippolyte Kanambe alias Joseph Kabila, comme pour donner des gages au titre d’allégeance à son tuteur Paul Kagame, va renoncer aux poursuites judiciaires contre le Rwanda et l’Ouganda. Ainsi, ces poursuites sont définitivement abandonnées le 01 février 2001 à la suite d’une rencontre à huit clos entre Hyppolite Kanambe et Paul Kagame à Washington quelques jours seulement après l’assassinat de L.-D. Kabila. [Pierre Péan, Carnages – Les guerres secrètes des grandes puissances en Afrique, Éditions Fayard, novembre 2010, p. 413.]

Toute la classe politique congolaise est restée à jamais silencieuse devant ce scandale ! Dès lors, on comprend aisément qu’aujourd’hui le leader du MLC ferme lui aussi les yeux sur cette abomination!

L’exploitation du pétrole du Lac Albert

Un autre fait flagrant du pillage de la RDC par l’Ouganda ! L’œil du Patriote avait écrit plusieurs articles en son temps, pour dénoncer ce pillage de nos ressources pétrolières par l’Ouganda avec la complicité de «Joseph Kabila» et de ses partenaires économiques, ces vautours qui saignent la RDC. Mais nous n’étions pas les seuls à dénoncer ce pillage. Le 14 novembre 2017, le site congoactuel.com dénonçait, lui aussi, ce crime en ces termes : «Alors que rien n’est fait côté congolais pour tirer les dividendes de cette «manne», l’Ouganda voisin vient de lancer les travaux de construction d’un pipe-line pour pomper unilatéralement cet or noir jusqu’en Tanzanie».

Depuis quelques jours, précisait-il, le président Yoweri Museveni a posé la première pierre qui ouvre ainsi des travaux de construction d’un pipe-line qui pourrait permettre à l’Ouganda de faire main basse aussi sur les réserves de la RDC et ensuite de les exporter à partir d’un port basé en Tanzanie. Jusqu’aujourd’hui, l’Ouganda continue de pomper le pétrole congolais du Lac Albert sans que les politiciens congolais lèvent le petit doigt!

L’exploitation des gisements d’or de l’Ituri par l’Ouganda

Le pillage de l’or de l’Ituri par l’Ouganda est de notoriété internationale. Plusieurs sources officielles l’ont dénoncé dans toutes les langues. Nous citerons seulement à titre d’illustration Human Right Watch (HRW) qui a révéléque de 1999 à 2001, les soldats de l’armée ougandaise qui occupaient l’Ituri ont pris de l’or, en particulier dans les mines de Gorubwa, Durga et Agbarabo. Selon les estimations des ingénieurs et des géologues qui connaissent la zone, indique le dossier, «environ une tonne d’or a été extraite de ces sites durant les quatre années de présence dans la région des forces d’occupation ougandaises. Une quantité d’or d’une valeur de 9 millions de dollars».

HRW souligne en outre que l’activité d’extraction de l’or cause encore des troubles en RDC. Pour preuve, l’exportation d’or représente encore une part importante des exportations ougandaises, bien que le pays ne soit pas connu pour être particulièrement riche en mines d’or. En 2002, Kampala a exporté de l’or pour un montant de 60 millions de dollars, bien que le pays n’en ait extrait que pour une valeur de 25’000 dollars sans avoir officiellement enregistré d’importations. Les conclusions du rapport de HRW reprennent, bien que de façon limitée au secteur aurifère, le contenu des rapports sur les liens entre les ressources naturelles et la guerre au Congo réalisés par les Nations Unies ces dernières années.

Le monde entier a été témoin de l’enrichissement scandaleux de la bande des généraux ougandais de l’entourage proche du président Yoweri Museveni qui ont pillé le Congo, et dont son propre frère, le général Salim Saleh, fut le chef de fil. Il n’y a que des politiciens congolais, même les plus proches de l’Ouganda, qui ferment pudiquement les yeux et ignorent cet odieux pillage de leur pays par les voisins ougandais !

La raffinerie d’or d’Entebbe

L’Ouganda a inauguré le 20 février 2017 près de l’aéroport d’Entebbe sa première raffinerie d’or du pays et la première dans la région des Grands Lacs. Quinze millions de dollars ont été investis par une société ougandaise, African Gold refinery(AGR).

Et selon de nombreux rapports, l’aéroport d’Entebbe est une plaque tournante du trafic d’or régional. Avec l’implantation d’une raffinerie formelle et officielle dans ce lieu, AGR espère drainer ce marché noir. Des réserves d’or limitées mais un trafic qui ne cesse d’affluer en Ouganda.

Au sujet de la même raffinerie, Transparency International s’est interrogée, le lendemain de l’inauguration de la première raffinerie ougandaise, sur l’origine de l’or qui l’alimente. Elle craignait qu’au moins une partie provienne de l’Est de la République Démocratique du Congo (RDC), où des milices rebelles (entretenues par l’Ouganda) se financent par la vente du métal précieux.

“Il y a de très grandes chances qu’une raffinerie basée en Ouganda contribue massivement à alimenter le conflit“, a déclaré de son côté à l’AFP Peter Wandera, directeur de la branche ougandaise de l’ONG Transparency International.

Tous les observateurs sérieux savent que les deux seules mines d’or de Busia et de Mubende que possède l’Ouganda ne peuvent pas suffire à elles seules pour rentabiliser l’usine de raffinage “Victoria Gold Star” située sur la 5è avenue dans le quartier industriel de Kampala, et qui peut raffiner 60 kilogrammes d’or quotidiennement. Yoweri Museveni a lui-même confirmé ces craintes lorsqu’il a répondu à cette question à un journaliste le jour de l’inauguration de cette raffinerie : « nous raffinerons non seulement l’or d’Ouganda mais également celui des pays voisins comme la République Démocratique du Congo », a-t-il tranché. Serein !

Voilà pourquoi nous avons tenu absolument à réagir aux propos irresponsables de Jean-Pierre Bemba qui considère que l’occupation et le pillage de la RDC par l’Ouganda est une vue de l’esprit, une «idée» inacceptable pour lui! Nous estimons qu’en tant que leader d’un grand mouvement politique, il doit au peuple congolais, non seulement le respect, mais aussi la vérité !

Paris, le 28 Septembre  2018

Candide OKEKE

L’ŒIL DU PATRIOTE

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