vendredi , 6 novembre 2020
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RDC : Les voix discordantes risquent de troubler la paix lors des élections

D’après la directrice exécutive de la solidarité féminine pour le développement intégral (SOFEPADI), le processus électoral avance selon le calendrier publié par la CENI. Mais il s’observe une tension politique comme le rejet de la machine à voter par certains opposants, certains candidats semblent avoir commencé la campagne ou se onsidèrent déjà comme président de la République. Il y a déséquilibre dans l’utilisation des médias et même les informations sur les massacres et les situations désastreuses de la population ne sont pas diffusées, a fait remarquer Julienne Lusenge. « Tout ceci est à la base des frustrations et nous craignons que ces voix discordantes puissent troubler la paix lors des élections », a-t-elle laissé entendre. Avant de mentionner : « Les cadavres n’ont jamais voté,les traumatisés ne peuvent pas opérer un choix pour asseoir la démocratie et le développement « .

 » Pour que les élections se déroulent normalement en RDC, il est important que le peuple congolais soit sécurisé, que la CENI soit attentive et parvienne à aplanir les divergences avec les différents acteurs. Aussi, que les politiciens de l’opposition fassent preuve de réalisme dans ce qu’ils proposent ; ceux de la majorité doivent écouter les revendications des uns et des autres « .

Tel est le verbatin de la directrice exécutive de la solidarité féminine pour le développement intégral (SOFEPADI) lors de la 39ème session du Conseil des droits de l’homme des Uations Unies tenue à Genève le mardi 25 septembre. Cette activiste des droits des femmes a interpellé les autorités du pays à arrêter de diriger par défis pour qu’on arrive aux élections dans un climat apaisé.

Julienne Lusenge est d’avis que le Gouvernement de la RDC devra veiller au respect des droits civils et politiques en cette période électorale, sécuriser la population et restaurer la justice équitable. 

D’après elle, le processus électoral avance selon le calendrier publié par la CENI. Mais il s’observe une tension politique comme le rejet de la machine à voter par certains opposants, certains candidats semblent avoir commencé la campagne ou se onsidèrent déjà comme président de la République. Il y a déséquilibre dans l’utilisation des médias et même les informations sur les massacres et les situations désastreuses de la population ne sont pas diffusées, a fait remarquer Julienne Lusenge. 

« Tout ceci est à la base des frustrations et nous craignons que ces voix discordantes puissent troubler la paix lors des élections », a-t-elle laissé entendre. Avant de mentionner : « Les cadavres n’ont jamais voté,les traumatisés ne peuvent pas opérer un choix pour asseoir la démocratie et le développement « .

TUERIES DE BENI

La tragédie que connait la population de Béni dans la province du Nord-Kivu ne l’a pas laissée indifférente. « La nuit du samedi à dimanche passée, la population de Beni, n’a pas dormi et moi-même je n’ai pas dormi, 15 enfants ont été enlevée par le groupe terroriste ADF-NALU, cette population innocente a été égorgée pour la énième fois », a déploré Julienne Lusenge. Des élections très importantes sont sur le point d’avoir lieu mais elles ne pourront jamais mener à la paix, la stabilité et la prospérité sans une démocratie qui prend en compte tout ses citoyens et les droits de chacun, a-t-elle confié. 

Cependant, en tant qu’activiste pour les droits des femmes, elle est convaincue qu’une démocratie ouverte à tous et à toute commence par l’inclusion des 52% de la population qui ont systématiquement été exclus depuis la période coloniale jusqu’aujourd’hui. « Je parle des femmes », a-t-elle lâché. 

En l’absence de femmes parmi les élus, et l’influence qu’elles pourraient avoir en tant que tels, sans féministes à des postes ministérielles, nous ne connaitrons jamais la paix en RDC. Nous ne connaitrons jamais la stabilité ni la croissance durable. Permettant d’avoir des élections ouvertes à tous et de ce fait, de pouvoir élire des femmes. 

Dans le cadre des atrocités que connaissent cette communauté, elle a fait savoir : »J’ai rencontré une fille de 8 ans, lors de ma visite au camp des déplacés à Bunia en Ituri au mois de mai de cette année, avec un bras coupé et une grande cicatrice sur la tête. Elle est devenue responsable de ses petits frères et sœurs après que sa mère a été éventrée et son bébé jeté par terre, tous deux morts sous le soleil brûlant. Cette petite fille a assisté impuissante aux cris du nouveau-né », a-t-elle illustré mort dans l’âme.

Et de poursuivre : « àTenambo, une localité rurale, au chef-lieu du territoire de Beni, des femmes, meurtries par les ADF, étaient forcées de se lever à 2 heures du matin pour aller chercher de l’eau et revenaient à 9 heures et ce jusqu’à ce que nous puissions construire un forage au mois de mai 2018 et distribuer de l’eau dans les quartiers ». Pendant leur quête d’eau nocturne, beaucoup de femmes et filles ont été kidnappées, violées ou tuées, a fait remarquer la présidente du Fonds pour les femmes congolaises. 

Ces deux exemples, a-t-elle évoqué, « montrent que la souffrance de notre peuple accroit chaque jour ainsi que l’insécurité, les massacres, les déplacements forcés, les pillages de nos ressources, les violences sexuelles et sexistes, les mariages précoces, les kidnappings et l’esclavage sexuel… « 

VIVEMENT L’INCLUSION DES FEMMES DANS LA SOCIETE

Devant ce sombre tableau, Julienne Lusenge soutient : « le peuple congolais, les femmes de mon pays gardent espoir et travaillent sans relâche en gardant le sourire. Nous voulons changer notre situation et construire une vraie démocratie pour atteindre les objectifs de développement de 2030 ». Voilà pourquoi le peuple congolais, et les femmes en particulier, font tout ce qui est en leur pouvoir, chacun de son côté, pour que des élections libres, transparentes et démocratiques aient lieu en RDC, a-t-elle justifié. 

Pour Julienne Lusenge, des recherches démontrent que sans l’existence d’une entité à part entière dédiée à l’inclusion des femmes dans la société, il ne peut y avoir de paix, de stabilité ou de croissance durable dans un pays. 

En effet, les élections ne changeront rien si elles ne sont pas accompagnées d’un changement radical et systématique avec les personnes dont les corps ont servi de champs de bataille pendant les conflits, a souligné cette activiste. 

Les femmes congolaises ont besoin d’être prises au sérieux dans la vie politique, aux élections et dans le partage du pouvoir qui suit les élections, a-t-elle martelé. Puis, elle n’a pas manqué de poursuivre, grâce à elles, la paix, la stabilité, le bien-être et les droits humains auront de nouveau leur place en RDC. Avant de clore son mot, elle a évoqué le cas de leur collègue Liberata Buratwa qui est détenue après une séance de sensibilisation des jeunes à quitter lesgroupes armés à Rutshuru, une façon pour elle de contribuer à la paix. 

(avec Mathy MUSAU)

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