vendredi , 6 novembre 2020
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Felix-Antoine TSHILOMBO TSHISEKEDI dit Fatshi.
Felix-Antoine TSHILOMBO TSHISEKEDI dit Fatshi.

Présidentielle : Fatshi candidat président des oppositions congolaises ?

Les leaders politiques de l’opposition ont urgemment besoin de sagesse politique. Ils devraient faire preuve d’intelligence synergétique en faveur d’un candidat présentant les atouts historiques, sociopolitiques, électoraux mais surtout gouvernementaux pour la phase postélectorale. Dans cette optique, Jean-Pierre Bemba et Moise Katumbi qui sont hors compétition ne devraient pas considérer que c’est la fin du monde. Fatshi leur offre une possibilité politique de servir le pays à d’autres fonctions étatiques. Dans cette perspective, ils peuvent soutenir Félix Tshisekedi comme candidat président dans l’optique d’une composition du gouvernement dans lequel ils vont occuper des fonctions stratégiques. A cet effet, Félix Tshisekedi présente la seule possibilité géostrategiquement équitable d’une combinaison médiane (Centre/Ouest/Est). C’est-à-dire Fatshi président avec comme premier ministre l’un de ces leaders oppositionnels et l’autre à une fonction clé comme Vice-Premier Ministre. 

La possibilité de l’alternance par l’ascension d’un opposant du courant historique pur aux manettes de l’Etat serait-elle en train de s’étioler ? Une observation froide de l’opposition indique qu’elle est sur la pente d’une autre catastrophe électorale. A moins qu’elle ne se ressaisisse et se choisisse, finalement, un candidat unique. Un doigt doré est pointé sur Félix Tshisekedi Tshilombo (Fatshi). Cependant, les diableries assorties d’errements de cette opposition sont notables. Alors que le camp adverse du FCC consolide sa congrégation autour de Ramazani Shadary, l’opposition est en réalité écartelée. Pire, ses leaders sont dans l’étonnante posture d’une illusoire solidarité pour boycotter les élections ou plonger le pays dans l’hécatombe parce que certains egocentriques sont inéligibles.

Félix Tshisekedi oublie t-il que parmi ceux qui veulent l’entrainer sur la piste du boycott et du chaos, abandonnèrent l’UDPS à Sun City et virent à Kinshasa partager le pouvoir ? Les mêmes politiciens avides de pouvoir choisirent d’aller aux élections en 2006 lorsque l’UDPS les avait boycottées. Et puis, si certains anciens caciques de la MP qui semblent décidés à rendre le pays ingouvernable avaient eux été retenus et que Félix Tshisekedi avait été invalidé,auraient-ils rejeté les élections et choisi de se solidariser avec lui ? « Fatshi » a une autre destinée. Tous ceux qui veulent l’entrainer sur la voie de l’égarement politique, eux, ont déjà géré l’Etat. En plus, l’UDPS/Tshisekedi a une autre mission historique. Elle incarne l’opposition pure et authentique. Félix Tshisekedi ne devrait donc pas se laisser écarter de la piste dont l’aboutissement est censé honorer la mémoire du Dr. Etienne Tshisekedi wa Mulumba. 

Félix Tshisekedi a été adoubé par plusieurs partis politiques. Mais, un brouillard épais entoure encore son génie politique dans la marmaille oppositionnelle où la fourberie (dont les auteurs furent bien connus par le Dr Etienne Tshisekedi qui s’en méfiait comme de la peste), en dessous du discours manipulateur brandissant la lutte pour les élections inclusives. En réalité, il s’agit d’une guéguerre entre anciens caciques du pouvoir et des calculs politiciens. Le président de l’UDPS/Tshisekedi doit, par sa conscience, élucider clairement où se situe l’intérêt de son parti politique, de la RDC et des individus frustrés dans leurs hyper-egos. Ceux-ci rationalisent leur anxiété dans des incantations démocratiques. 

A deux mois du lancement de la campagne électorale, il est pitoyable de voir des leaders qui hier ne parlaient plus de l’accord de la Saint Sylvestre, le remettre sur la table comme astuce pour réclamer leur revalidation. Jamais on n’a vu des politiciens Nigériens, Ivoiriens ou même Burundais se fourvoyer dans les capitales de leurs colonisateurs pour résoudre les questions de démocratie dans leurs pays. Pourquoi les nôtres ne peuvent-ils pas se rencontrer à Kikwit ou à Kananga ? Errements et divagations. Et cela 16 ans après Sun City. Non ! Quelle que soient les frustrations, fussent-elles légitimes, aucun groupe d’individus ne doit prendre 80 millions de Congolais en otage, parce qu’ils ont été déclarés inéligibles ! C’est immoral. Et étonnamment, pour ceux qui sont dans la course, on ne voit pas les signes tangibles d’une préparation logistique à la hauteur des enjeux : pas d’annonce de location ou acquisition d’avions, par d’informations sur les matériels de campagne. Les programmes assortis des chiffres fascinants sont connus seulement par quelques journalistes à Kinshasa. Dans l’arrière pays où il y a 80 % de l’électorat, on ne connait ni les auteurs de ces programmes ni les programmes eux-mêmes. L’opposition est dans une très mauvaise posture. Elle n’a pas été en mesure de capitaliser la robuste dynamique qu’elle avait pourtant enclenchée dès 2016, grâce aux pressions internationales et aux marches galvanisées par l’Eglise Catholique. Cause : nombrilisme des personnages tractant l’opposition dans les sillages divergents.

Sans nécessairement prétendre fournir un élément de solution parfaite, cette cogitation entend démontrer que malgré ses flétrissures, voire les morsures vénéneuses lui infligées par les impitoyables adversaires dans un combat politique (un « match ya bikumu ») à la congolaise où tous les coups sont permis, l’opposition peut rebondir. Ceux qui sont restés dans la course devraient se réorganiser et livrer une robuste compétition électorale. L’argument est que la première démarche déterminante est la désignation de Félix Tshisekedi comme le candidat de l’opposition. La réflexion insiste sur la prise de conscience par les candidats de l’opposition de l’impératif de l’intelligence synergétique en politique. Ils doivent fédérer leurs talents, ressources et efforts pour une campagne efficace contre un camp adverse qui, lui, est prêt pour la bataille électorale.

1. LA « DIVISIONPATHIE » ET L’IMPREPARATION DE L’OPPOSITION POUR LES ELECTIONS : UNE AUTO-PARALYSIE

La pathologie « divisioniste » de l’opposition est héréditaire. Elle est enfouie dans le DNA des politiciens Congolais. Elle est apparue avec les disjonctions haineuses des pères de l’indépendance (Kalonji contre Lumumba, Kasavubu contre Mbuta Kanza, Tshombe contre Sendwe) dès 1958. Cette pathologie se traduit par cette sorte de reflexe automatique de paralysie de toute organisation, toute structure, par pulsion égotiste, lorsqu’elle est sur le point de réaliser une percée historique. Chacun veut tout pour lui-même et autour de lui-même. On le voit dans les églises, les groupes musicaux, les partis politiques, les groupes de théâtre. Ils se disloquent et annulent les percées collectives.

A l’avènement de la libéralisation politique dans les années 1990, l’action de l’opposition contre Mobutu fut aussi incapable d’administrer une rafale écroulante contre le régime semi-totalitaire. Et pour cause : la fragmentation morbide découlant de cet égotisme politique. Ngunz, Kibasa, Birindwa, pour ne citer que ceux-ci, se dissocièrent de l’opposition en inhibant son action pour l’écroulement du régime de Mobutu. De 2006 à 2011, durant les deux premiers cycles électoraux, l’on assista à la répétition du même scenario divisionpathique. Cela fut empiré par le phénomène de l’irruption des candidats présidents néophytes et fantaisistes. Surgissant de nulle part, ils phagocytèrent l’opposition et émiettèrent l’électorat de l’opposition. Certains nouveaux-opposants venus de la majorité brillèrent par leur donquichottisme politique et rejetèrent l’alliance avec Dr. Etienne Tshisekedi. Ainsi, l’opposition s’engagea dans la compétition électorale en ordre dispersé. Aujourd’hui l’histoire est en train de se répéter. Des néophytes politiques dénués d’un quelconque investissement et ancrage sociopolitique, des anciens piliers-propulseurs politiques du Rais J.Kabila, des anciens caciques de la MP auteurs de l’amendement constitutionnel de 2011 en faveur du scrutin électoral présidentiel de deux à un tour, complexifient l’opposition. A peine basculés dans l’opposition, ces anciens apparatchiks de l’AMP/MP ambitionnent subitement d’imposer leur candidat Président de la République. Et sans eux, dalenda Carthago ! Cela au détriment du courant historique et puritain de l’opposition incarné par Félix Tshisekedi. Il y a un sérieux problème de conscience historique, d’intégrité intellectuelle, et de lucidité politique. 

Et plus inquiétant, non seulement l’opposition est infectée par la divisionpathie nombriliste, mais elle est plombée par l’impréparation organisationnelle et logistique. A deux mois du début de la campagne électorale, il n’y a pas d’organisation intégrée de l’opposition, comme on l’a vu avec les méga-coalitions de l’opposition au Sénégal ou au Kenya, qui ont produit l’alternance. Il y a vacuité en préparation logistique pour la coordination des témoins, l’exploration des sites des bureaux de votes, le mapping géo-électoral, et la définition d’une stratégie commune de campagne. Tel que l’on connait nos politiciens braillards, s’ils avaient déjà acquis ou loué des avions, ils monteraient sur les toits pour le clamer. Leur silence signifie qu’ils rien d’impactant. Au plan des matériels de campagne, à deux mois de cette activité, il n’y a aucune information sur les commandes déjà effectuées. Or, il faut au moins un mois pour produire ces matériels, les transporter en RDC et les acheminer dans les coins les plus reculés. Les finances aussi font cruellement défaut. A telle enseigne que beaucoup des leaders de l’opposition ont eu de graves difficultés pour payer les cautions de leurs candidats députés nationaux et provinciaux. L’opposition est sur une dangereuse pente.

2. AVANTAGES SOCIOPOLITIQUES ET ORGANISATIONNELS DE « FATSHI »ET DE L’UDPS/TSHISEKEDI EN FAVEUR DE L’OPPOSITION

Pointer Félix Tshisekedi Tshilombo comme éventuel candidat unique et fédérateur de l’opposition ne découle pas d’une assertion simplement spéculative. Si l’on explore les dynamiques politiques et sociétales froidement, en ayant à l’esprit l’impératif de la légitimité oppositionnelle historique, les enjeux géopolitiques nationaux, et l’étendu de l’organisation politique pouvant manager la campagne électorale de l’opposition, on ne peut que designer Félix Tshisekedi. Dans une large portion de l’opinion surtout dans les provinces où il y a la majeure partie de l’électorat, Il porte l’auréole historique du combat de l’opposition dans la lignée de Dr. Tshisekedi. Cela compte beaucoup dans la perception du pouvoir chez les Bantous (réalité implacable). « Fatshi » porte le potentiel fédérateur assorti d’équité géopolitique car en RDC, comme aux yeux de certains leaders et experts internationaux, au regard des clivages Est/Centre/Ouest, il est équitable que le Centre, c’est-à-dire le Grand Kasaï, ait aussi un candidat de haute porte politique à ces élections. Dans beaucoup de pays où il y a ce type de clivage, sur fond d’une segmentation religieuse, tribale, ou linguistique, les élites politiques ont convenu que tous les partis politiques majeurs promeuvent l’alternance des candidats entre les régions. C’est le cas au Nigeria notamment où les candidats présidents s’alternent entre le Nord/Musulman et le Sud/Chrétien. On sait qu’en Afrique et en RDC, en particulier, le contrôle du pouvoir et des institutions par les groupes politiques régionaux ou tribalo-linguistiques, conduit inéluctablement à une hégémonie et une allocation des ressources à leurs aires géographiques. La pérennisation d’une telle injustice conduit à l’irrédentisme et favorise les instabilités politiques. 

Par ailleurs, certains politiciens rodés (voire plus dribleurs), que Félix Tshilombo existent bel et bien dans l’opposition. Mais, en dehors de Martin Fayulu (qui est plus intello que politicien dribleur à la Congolaise), il y a plus les anciens caciques de l’AMP/MP nouveaux venus dans l’opposition. Leur historicité et leur légitimité oppositionnelle sont encore superficielles (pour ne pas dire peu-crédibles), par rapport à Felix Tshisekedi. Dans les milieux urbains tout comme dans les zones rurales, cette perception est déterminante. Il faut aussi noter que certains politiciens de l’opposition qui se considèrent plus intellos et expérimentés que Félix Tshisekedi ne sont que des leaders provinciaux. Leurs partis politiques n’ont ni le gabarit organisationnel, ni l’ancrage et encore moins l’étendue structurelle et tentaculaire sur le territoire Congolais. En d’autres termes, les faiblesses de Fatshi sont moindres par rapport aux avantages sociopolitiques et électoraux à son actif. Au plan financier, l’UDPS/Tshisekedi peut réaliser la meilleure campagne de récolte des fonds au plan international où sa congrégation est plus large que celle de n’importe quel autre parti politique Congolais.

3. CONCLUSION :

LA SAGESSE POLITIQUE EXIGE QUE LES OPPOSANTS DESIGNENT FATSHI COMME LEUR CANDIDAT UNIQUE

Les leaders politiques de l’opposition ont urgemment besoin de sagesse politique. Ils devraient faire preuve d’intelligence synergétique en faveur d’un candidat présentant les atouts historiques, sociopolitiques, électoraux mais surtout gouvernementaux pour la phase postélectorale. Dans cette optique, Jean-Pierre Bemba et Moise Katumbi qui sont hors compétition ne devraient pas considérer que c’est la fin du monde. Fatshi leur offre une possibilité politique de servir le pays à d’autres fonctions étatiques. Dans cette perspective, ils peuvent soutenir Félix Tshisekedi comme candidat président dans l’optique d’une composition du gouvernement dans lequel ils vont occuper des fonctions stratégiques. A cet effet, Félix Tshisekedi présente la seule possibilité géostrategiquement équitable d’une combinaison médiane (Centre/Ouest/Est). C’est-à-dire Fatshi président avec comme premier ministre l’un de ces leaders oppositionnels et l’autre à une fonction clé comme Vice-Premier Ministre. 

Il est aussi raisonnable que les nouveaux politiciens directement candidats présidents considèrent la possibilité de soutenir Félix Tshisekedi, en vue de lui apporter leurs indéniables expertises technocratiques et leurs sciences. Dans cette optique, les anciens caciques de la MP devenus opposants devraient aussi faire preuve de sagesse et d’humilité. Ils devraient éviter de donner l’impression qu’ils sont obsédés par le trône présidentiel et l’accès aux prébendes étatiques. Ainsi, ils peuvent tempérer leurs ardeurs, soutenir la lignée oppositionnelle historique pure et présentant les atouts de compétitivité électorale. Ces anciens caciques de la MP, parmi lesquels il y a des compatriotes talentueux, peuvent contribuer au développement du pays au Parlement et promouvoir la montée des acteurs au sang neuf. C’est équitable. Un même groupe d’individus (toujours les mêmes noms depuis Sun City) ne peut pas se réserver le monopole de la gestion de l’Etat, à travers la Majorité et ensuite (par dribbling) à travers l’opposition. 

Les leaders de l’opposition ne devraient pas souffrir de fixisme presque ’obsession presque polito-schizophrénique sur la Présidence de la République. Ils peuvent aussi ambitionner de conquérir quelques provinces qu’ils peuvent gérer et développer. L’expérience des pays ayant émergé démontre que le déploiement de l’intelligence synergétique par les élites ayant compris la rationalité d’équilibrer leur ego pour conjuguer les efforts politiques, les moyens, les réseaux nationaux et internationaux, ont propulsé leurs nations vers le développement holistique. Les élites académiques, ecclésiastiques, économiques, politiques et sociales de la persuasion oppositionnelle, comme intellectuels modernes, devraient comprendre la rationalité de l’intelligence synergétique pour designer Félix Tshisekedi. Ces élites peuvent l’encadrer, mobiliser les moyens en faveur d’une éventuelle méga-coalition oppositionnelle porteuse de compétitivité électorale. Les errements actuels assortis des menaces sont aléatoires et illusoire. Les élections auront lieux. L’extrémisme est une auto-exclusion davantage de l’arène du pouvoir.(Par Hubert Kabasu Babu Katulondi

(Libre-penseur et Ecrivain, Directeur/Co-Fondateur USALGA/CRIDD))

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