samedi , 7 novembre 2020
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Fournitures scolaires : Tenir une école devient un véritable business en RDC

Rentrée scolaire 2018 – 2019 : Les prix des fournitures scolaires ont particulièrement fauché les parents par une flambée sans précédent. Non seulement la flambée des prix, les promoteurs d’école en profitent pour faire leurs choux gras. Dans la plupart de cas, à Kinshasa, les fournitures scolaires sont vendues aux écoles, malgré l’interdiction de l’autorité urbaine. Assurément, tenir une école devient un véritable business. Peu importe la qualité de la formation à donner aux enfants.

Les bleu et blanc reprennent, ce lundi, le chemin de l’école après deux mois de vacances. Une rentrée scolaire qui intervient, comme depuis des décennies, dans un contexte difficile à la fois pour les parents, les enfants et les écoles. Les prix des fournitures scolaires ont particulièrement fauché les parents par une flambée sans précédent. L’achat des objets classiques dans les différents marchés de la ville de Kinshasa reste timide, le pouvoir d’achat du Congolais moyen étant en-deçà de la moyenne.

Non seulement la flambée des prix, les promoteurs d’école en profitent pour faire leurs choux gras. Dans la plupart de cas, à Kinshasa, les fournitures scolaires sont vendues aux écoles, malgré l’interdiction de l’autorité urbaine. Assurément, tenir une école devient un véritable business. Peu importe la qualité de la formation à donner aux enfants.

Et comme à l’accoutumé, le gouvernement se veut rassurant face au banc syndical menaçant. C’est encore l’image d’une rentrée scolaire sur fond de tensions entre syndicats et gouvernement. Ce dernier vient d’engager le dialogue avec le banc syndical des enseignants. Ce qui est, certes, encourageant. Étant donné que ces négociations ont démarré dans le but d’harmoniser les vues. Mais… La pratique devient une routine. Et pourquoi donc faudra-t-il toujours attendre la pression pour prêter oreille aux revendications salariales ?

Pourtant, un gouvernement qui se soucie de l’avenir de sa jeunesse devrait anticiper, en plaçant le corps enseignant dans des conditions acceptables. Hélas ! Autrefois qualifié de « beau métier », le métier d’enseignant devient la risée de tous.

Cette année, comme les années antérieures, on assistera aux mêmes menaces et revendications des syndicalistes, aux mêmes promesses fallacieuses du gouvernement et aux mêmes jérémiades des parents. Les enfants, eux, demeurent de grands perdants dans ce marché de dupes.

VENTE ET ACHAT DE FOURNITURES SCOLAIRES À L’ÉCOLE

Les élèves de Mpassa I et II, Mikonga et Bibwa comme ceux de toute la RDC retrouvrent le chemin de l’école ce lundi 3 septembre. Bien avant cela, leurs parents ont dû être confrontés aux mêmes difficultés comme au seuil de chaque année scolaire. Dans ce chapelet de soucis, figure en bonne place la vente et l’achat obligatoires des fournitures scolaires dans des écoles conventionnées.

Dans le souci de maximiser leurs revenus, des chefs d’établissement obligeaient les parents d’élèves à acheter les fournitures scolaires au sein même de leurs institutions. Faire des profits sur base des sources autres que les frais de scolarité, déjà sujet à controverse entre les promoteurs et leurs clients qu e sont les parents d’élèves.

Ce lot d’articles comprend essentiellement un ensemble de tenue scolaire (jupe bleue et blouse blanche pour les filles et un pantalon ou une culotte et une chemise pour les garçons), un cahier de communication et un journal de classe, une cravate, un complet de maillot de football ou basketball pour la gymnastique, un polo, un tablier et une boîte à outils pour ceux des options techniques. Sinon à chaque école son éventail de produits selon le besoin qu’elle estime nécessaire pour ses pensionnaires. Une bonne initiative mais dont le problème majeur se situe à la fixation des prix. Le minimum est le double du montant réel qu’on peut débourser au grand marché. Provoquant les mêmes maux, les mêmes indignations, le même tôlée.

Ce système pourtant décrié par tous, parents, élèves, commerçants, etc. a pris racine au point de devenir une règle. Une réalité à laquelle il faut faire face à chaque rentrée de classe. D’autres analystes vont jusqu’à penser que cette obligation est pour beaucoup dans la rentrée de classe timide observée depuis quelques années à Kinshasa. Car, l’admission dans les salles est conditionnée par le payement de ces frais dits de « fourniture ». Le temps de régulariser, on peut attendre deux, trois voire un mois après la rentrée pour voir certains écoliers se pointer en bleu blanc dans les rues de leurs quartiers.

Une nouvelle formule pour pérenniser l’arnaque

La commune périurbaine de la Nsele ne fait pas exception.Si la fameuse vente de fournitures par les écoles devient un tabou compte tenu des mesures coercitives prises par l’autorité urbaine de Kinshasa en l’encontre des récalcitrants, beaucoup sont ceux qui ont trouvé un plan B. Car, estiment-ils, il n’est pas question d’abandonner ce business du reste fructueux.

Dans aucune des institutions scolaires de Mpasa, Mikonga et Bibwa, il n’est dit ni écrit clairement « achat de fournitures scolaires à l’école ». Ce leitmotiv a laissé sa place, dans la plupart des établissements à la phrase : « les fournitures sont offertes gratuitement. Mais moyennant payement des frais de confirmation pour certaines écoles ou encore le payement d’un acompte pour d’autres. Une tournure !

Selon un propriétaire d’école de Mikonga, son établissement ne vend plus d’uniforme aux élèves depuis la décision des autorités. Elle les offre par contre.  » Au lieu de laisser les parents aller affronter les prix élevés du marché, nous avons pensé leur faciliter la tâche. Si et seulement s’ils nous payent la confirmation, on leur donne tout gratuitement », a tenté d’expliquer ce promoteur sous couvert de l’anonymat sans pour autant dévoiler le montant de ladite confirmation. A noter que cette somme n’a rien à voir avec les frais scolaires.

Un peu plus loin, un ancien a avoué que cet argent (confirmation ou fourniture : ndlr) permettait aux écoles de faire face aux difficultés de fonctionnement auxquelles sont confrontées la plupart des écoles en début de l’année. « C’est vrai, reconnaît-il, que nous n’avons pas encore réussi à payer tous les enseignants. Eux aussi ont besoin de scolariser les enfants ».

Ne sachant à quel saint se vouer, des parents d’élèves défilent à tour de rôle dans le bureau administratif des établissements pour se mettre en ordre en ce qui concerne les frais de fournitures scolaires au prix d’énormes sacrifices. « J’ai déjà acheté des objets classiques pour mes enfants et je suis venu avancer une partie de l’acompte pour la première tranche. Comme chaque année, nous avons essayé de faire de notre mieux pour leur offrir une belle rentrée scolaire selon nos moyens « , a dit un des parents contacté sur place.

(avec lePotentiel et Bahati KASINDI)

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