samedi , 7 novembre 2020
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Cornail NANGAA, president de la CENI RDC.
Cornail NANGAA, president de la CENI RDC.

Invalidation de candidatures : L’indépendance de la CENI RDC part en fumée

Première déroute dans le processus électoral. La CÉNI a bel et bien pris en compte les recommandations contenues dans la correspondance que le ministre d’Etat en charge de la Justice a adressée le 15 août 2018 au procureur près la Cour de cassation. Dans cette correspondance, le Garde des sceaux enjoint à la Cour de cassation et à la CÉNI d’écarter de la liste des candidats à la présidentielles et aux législatives tous ceux qui présentent des indices sérieux d’une nationalité étrangère. Le 24 aout 2018, la CÉNI ne s’est pas écartée de la ligne tracée par Alexis Thambwe Mwamba. En élaguant de la liste provisoire des candidats à la présidentielle six prétendants à la course, la CÉNI a fait un premier pas qui, sans doute, s’achèvera prochainement à la Cour constitutionnelle.

Sur les 25 candidatures reçues par la CÉNI pour la présidentielle du 23 décembre 2018, six ont été écartées de la course, dont Jean-Pierre Bemba du MLC et Adolphe Muzito de l’Union pour la République. La CÉNI est accusée de s’être pliée aux injonctions contenues dans la lettre du 15 août 2018 d’Alexis Thambwe Mwamba, ministre d’Etat en charge de la Justice, au procureur près la Cour de cassation. Du coup, l’indépendance de la centrale part en fumée, remettant en cause la crédibilité de tout le processus électoral, désormais régenté par la MP/FCC. C’est mal parti pour le 23 décembre 2018.

Première déroute dans le processus électoral. La CÉNI a bel et bien pris en compte les recommandations contenues dans la correspondance que le ministre d’Etat en charge de la Justice a adressée le 15 août 2018 au procureur près la Cour de cassation. Dans cette correspondance, le Garde des sceaux enjoint à la Cour de cassation et à la CÉNI d’écarter de la liste des candidats à la présidentielles et aux législatives tous ceux qui présentent des indices sérieux d’une nationalité étrangère. Le 24 aout 2018, la CÉNI ne s’est pas écartée de la ligne tracée par Alexis Thambwe Mwamba.

En élaguant de la liste provisoire des candidats à la présidentielle six prétendants à la course, la CÉNI a fait un premier pas qui, sans doute, s’achèvera prochainement à la Cour constitutionnelle. Si la centrale électorale a évoqué, au-delà de la binationalité ou de non versement de la caution, d’autres raisons touchant au casier judiciaire des candidats ou à un éventuel conflit d’intérêt avec leurs partis politiques respectifs, on sait désormais que le processus électoral vient de connaitre un coup dur qui ne manquera pas d’influer sur le reste des opérations. Lé CÉNI a fait allégeance à la majorité au pouvoir, cédant aux pressions du Garde des sceaux. Ce faisant, c’est une boite de pandore, lourde de conséquences, qui vient d’être ouverte. Qu’en sera-t-il dans les prochains jours ? Difficile à dire.

Toujours est-il que, dans les rangs des recalés à la course présidentielle, les réactions n’ont pas tardé. Les deux poids lourds écartés de la course, dont Jean-Pierre Bemba et Adolphe Muzito ont tour à tour réagi, soit moins de 24 heures après la décision de la CÉNI.

Bemba joue à l’apaisement

Figure favorite à la candidature commune de l’opposition, Jean-Pierre Bemba estime que l’invalidation de sa candidature à la magistrature suprême de la République est un acte prémédité de la CÉNI, agissant sous l’influence du pouvoir, dans le but de l’empêcher de représenter la vraie opposition aux scrutins du 23 décembre prochain.

« La candidature unique de l’opposition est toujours d’actualité. C’est la raison pour laquelle la CÉNI a été instrumentalisée, voyant très Bien qu’il était probable que je puisse être le candidat commun de l’opposition.

Voyons voir ce que la suite va nous réserver au niveau de la Cour Constitutionnelle », déclare-t-il.

Par ailleurs l’ancien vice-président de la République appelle ses militants à ne pas céder au découragement. Il s’est dit déterminé plus que jamais à changer les choses dans le pays.

« Ne perdez pas espoir. Je suis aussi déterminé qu’hier à pouvoir rétablir la justice dans ce pays tant sociale, économique que sécuritaire. Ce que vit notre peuple est inacceptable il faut qu’on aille vers un changement. Ça ne doit pas continuer comme ça. J’aimerais d’abord épuiser toutes les voies de recours qui se présentent dans ce pays.

Ensuite nous verrons ce que nous devons faire », a soutenu le sénateur congolais

Entretemps, Jean-Pierre Bemba rejette pour le moment l’idée d’un quelconque boycott des élections. Il entend suivre avant tout la procédure édictée par la loi électorale dans ses articles 25 et 27, c’est-à-dire introduire un recours à la Cour constitutionnelle pour ce qui est de la présidentielle et des législatives nationales.

« Je n’en suis pas encore là (au boycott des élections). Peut-être qu’il reste un petit peu d’espoir par rapport à ce qu’une cour constitutionnelle, vu en tout cas tous les juristes éminents qu’il y a dans ce pays, devrait constater que cette affaire relève des décisions purement politiques et non pas juridiques », a-t-il conclu.

Le MLC, son parti, a également promis d’utiliser tous les moyens légaux pour rétablir son leader dans ses droits. « Nous allons utiliser toutes les voies de droit à notre disposition pour faire valoir la candidature de Jean-Pierre Bemba à la présidentielle », a déclaré à l’AFP la secrétaire générale du MLC, Eve Bazaiba.

Le MLC va commencer par un recours devant la Cour constitutionnelle d’ici mardi, dans le délai légal de 48 heures (en jours ouvrables), a-t-elle promis.

L’opposition se déchaîne

Dans la classe politique, plus particulièrement dans les rangs de l’Opposition, c’est la consternation.

Nombre d’opposants ne manquent pas de faire le lien avec l’opposant en exil Moïse Katumbi, que le pouvoir en place à Kinshasa a réussi à écarter de la présidentielle de décembre prochain.

Certains prédisent qu’après avoir échappé au tamis de l’Assemblée plénière de la CÉNI, la prochaine cible de cette élimination systématique s’appelle Félix Tshisekedi de l’UDPS, dont le sort devrait être scellé à l’étape de la Cour constitutionnelle.

Depuis Bruxelles, Moïse Katumbi n’a pas tardé à réagir à l’invalidation de Jean-Pierre Bemba. « Ces invalidations sont inacceptables et montrent encore une fois l’instrumentalisation totale de la CÉNI par Kabila. Avec la population, l’opposition, la société civile et nos partenaires, faisons front, augmentons la pression, refusons ce simulacre d’élection +kabiliste + », a écrit dans un tweet le leader d’Ensemble pour le changement.

Son « élimination scandaleuse » démontre « que le paramètre principal de ces élections sera le niveau de triche », s’est insurgé sur Twitter l’homme d’affaires Sindika Dokolo, leader du mouvement citoyen, Le Congolais debout.

A dire vrai, les conditions se gâtent pour des élections réellement libers et apaisées. De même, la CÉNI s’est éloignée de l’impératif des élections inclusives devant éviter toute crise postélectorale. En se laissant guider par la majorité au pouvoir, la CÉNI se trouve désormais dans une spirale infernale. Parviendra-t-elle à inverser cette tendance ? C’est peu probable, au regard de la grande mainmise qu’exerce le pouvoir sur les décisions rendues par la centrale électorale.

Dans tous les cas, après le traitement des contentieux électoraux des candidats à la présidentielle, c’est le 19 septembre prochain qu’il sera rendu publique la liste des candidats retenus pour le sprint final du 23 décembre 2018. C’est dire que d’autres surprises, tout aussi désagréables, sont encore au rendez-vous.

(lePotentiel)

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