samedi , 7 novembre 2020
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Candidature commune : Le choix semble ne pas être facile à l’opposition en RDC

Six ténors de l’opposition ont convenu lundi dernier d’unir leurs efforts en vue de parvenir à une candidature commune à la présidentielle du 23 décembre 2018.

Au-delà de cet engagement, ils ont promis de maintenir la pression en vue d’élections « crédibles » et obtenir le retour au pays de Moïse Katumbi.

« Nous poursuivons les concertations en vue de désigner un candidat commun autour d’un programme commun afin d’améliorer les conditions de vie des populations congolaises », ont-ils déclaré dans un communiqué signé par Félix Tshisekedi (Union pour la démocratie et le progrès social), Vital Kamerhe (Union pour la nation congolaise), et par des représentants de Jean-Pierre Bemba (Mouvement de libération du Congo), rentré en Belgique, et de Moïse Katumbi (Ensemble pour le changement), toujours interdit d’entrée sur le territoire.

Dans cette première déclaration commune depuis la clôture du dépôt de candidature le 8 août, ils appellent à « la tenue d’élections démocratiques et crédibles » et demandent à nouveau « le retour de Moïse Katumbi dans son pays pour qu’il participe à l’élection présidentielle ».

Ex-allié du président Kabila, avant de prendre ses distances et d’être porté à la tête d’Ensemble pour le changement, sa plateforme électorale, Moïse Katumbi a été empêché dernièrement de rentrer en RDC pour déposer sa candidature à l’élection présidentielle. Depuis lors, ses partisans ont promis de saisir la justice et de mobiliser la rue pour le rétablir dans ses droits.

Pour un « processus électoral plus inclusif »

De leur côté, les ex-rebelles du Mouvement du 23 mars (M23) « considèrent encourageant » la décision de Joseph Kabila de ne pas se présenter à un troisième mandat en contravention de la Constitution. « Néanmoins, nous lui demandons de lever tous les obstacles à la bonne tenue d’un scrutin libre, transparent, crédible, inclusif et apaisé », poursuit le M23 dans un communiqué.

Le groupe rebelle affirme être « physiquement présent sur le territoire national congolais depuis le 14 janvier 2017 » et ne pas « répondre aux multiples provocations » de l’armée.

« Cependant cette attitude d’abstention ne sera maintenue que si, et seulement si, le processus électoral actuel se révèle plus inclusif, transparent et libre de manière à garantir toute la confiance des électeurs », prévient le M23.

Le M23 est considéré comme le dernier avatar de la rébellion à dominante tutsi soutenue par le Rwanda et l’Ouganda en RDC. Il a été vaincu fin 2013 après avoir occupé Goma un an auparavant.

UNE INCOMPRÉHENSION TOTALE ET UN DÉSORDRE RÈGNENT DANS L’OPPOSITION

L’idée de la candidature commune de l’opposition devient de plus en plus une utopie. A en croire les propos de Jean-Marc Kabund-a-Kabund, l’opposition congolaise ira aux élections de décembre prochain. En fait, le Secrétaire Général de l’Union pour la Démocratie et le progrès social, UDPS, n’a pas manqué d’émettre sa voix autour du débat candidature commune de l’opposition. Ce dernier a bien précisé, sans mâcher les mots, que la seule candidature que l’Udps soutiendra, pour briguer la magistrature suprême est celle de Félix Tshisekedi, pas une autre.

Une affaire qui commence à faire débat. En attendant la liste provisoire de la présidentielle au prochain scrutin qui sera publiée ce 24 août 2018, les questions ne cessent de se poser concernant le candidat commune de l’opposition. Alors qu’au sein de l’Udps, tout est bien clair. Au cas où leur candidat sera éligible à la présidentielle, pas question de céder la candidature commune à un autre parti de l’opposition. Peut-être dans le cas d’une éligibilité de Félix Tshisekedi que les choses pourront se négocier autour de cette affaire.

Ou allons-nous ?

Tout semble se dessiner déjà avant même la publication de la liste définitive. Une incompréhension totale et un désordre règnent dans l’opposition. Avec tous les dossiers qui tournent autour de l’opposition notamment, celui de Moïse Katumbi, la probable inéligibilité du leader du MLC, Jean-Pierre Bemba Gombo suite à la question de subordination des témoins et tant d’autres, la majorité semble être dans une bonne posture.

Comme pour dire qu’on s’achemine vers une élection où l’opposition sera complètement divisée.

BEMBA FACE AU FÂCHEUX PRÉCÉDENT DE 2011

L’idée de l’organisation d’une « table ronde » à l’attention des candidats de l’opposition à la présidentielle, en vue de la désignation d’un candidat commun ou unique, fait du chemin depuis un certain temps. Le week-end dernier, le député national Jean-Claude Vuemba a révélé avoir reçu du sénateur Jean-Pierre Bemba, président national du MLC (Mouvement de Libération du Congo), la mission de rassembler tous les présidentiables de cette famille politique afin qu’ils puissent plébisciter, par consensus, l’un d’entre eux qu’ils estiment le plus apte à porter l’emblème de l’Opposition à la présidentielle de décembre 2018.

Pas plus tard que le lundi 20 août, la députée nationale Eve Bazaiba, Secrétaire générale du parti de Bemba, a fait savoir que cette rencontre, dont la tenue était initialement envisagée à Bruxelles, lieu de résidence actuelle du Chairman, va plutôt avoir comme site d’accueil la ville de Kinshasa, dans les tout prochains jours. Et Jean-Pierre Bemba, a-t-elle assuré, pourrait y participer personnellement, en dépit de tout ce qui se raconte autour de la prétendue disqualification de sa candidature au niveau de la Ceni (Commission Electorale Nationale Indépendante).

Bien que l’idée semble faire l’unanimité dans le cercle des présidentiables, notamment Jean-Pierre Bemba, Vital Kamerhe, Adolphe Muzito, Freddy Matungulu, Martin Fayulu, Félix Tshisekedi et autres, qui ont déjà eu à en discuter à travers divers huis clos, des sons discordants sont entendus ça et là, et plus précisément du côté de la 11me rue, à Limete, siège de l’UDPS (Union pour la Démocratie et le Progrès). Tout en reconnaissant le bien-fondé d’une candidature commune en vue d’éviter la dispersion des voix des candidats de l’Opposition à la présidentielle, cadres et militants de ce parti n’ont jamais digéré le fâcheux précédent de 2011.

Ils rappellent, à cet effet, le non respect, par les « partenaires » politique d’Etienne Tshisekedi de l’époque, de leur engagement à se retirer de la course à la présidentielle afin d’empêcher la majorité au pouvoir de prendre prétexte de la multitude des candidatures de l’Opposition pour opérer son hold up électoral. Compte tenu de ce coup fourré des opposants à la double carapace, la grande bataille à mener par les avocats de la « candidature commune » de l’Opposition va être de convaincre l’UDPS que les « traitres » d’hier ne vont pas rééditer leur exploit de 2011 ou que de nouveaux traitres ne vont pas surgir des rangs d’une opposition abonnée au « bal des chauves ».

Témoin vivant de ce qui était arrivé à son défunt père en 2011, victime d’une coalition des hommes au pouvoir et de leurs « taupes » ayant infiltré l’Opposition, mais aussi du dernier « bal des chauves » intervenu après la signature de l’Accord du 31 décembre 2016, Félix Tshisekedi connaît fort bien les sentiments qui animent la « base » de l’UDPS face à l’idée d’un candidat commun. Il sait, mieux que quiconque, que personne, au sein de son parti, ne partage une option qui ressemble à un projet de suicide collectif.

D’où, à Limete comme dans les cercles des forces réellement acquise au changement, on pense que le véritable enjeu de l’alternance au pouvoir réside dans le blocage de la Ceni dans sa volonté d’imposer au peuple congolais la machine à voter et un fichier électoral pollué avec 10 millions d’électeurs fictifs. Si toutes les conditions de transparence des élections sont réunies, le choix d’un candidat commun de l’Opposition devient sans objet. Si la machine à voter et le fichier électoral bourré d’électeurs fantômes ne sont pas neutralisés, les fraudes électorales sont certaines et la défaite de l’Opposition inévitable, avec ou sans candidat commun.

Par conséquent, l’heure doit être à la grande vigilance au sein de l’Opposition, face aux sujets divers de distraction en provenance aussi bien de ses propres « laboratoires à idées » que de ceux de la Majorité Présidentielle.

[avec LP, Edouard Khandi, Kimp]

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