samedi , 7 novembre 2020
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Donald Trump, lors de la réunion d'hiver du Comité national républicain
Donald Trump, lors de la réunion d'hiver du Comité national républicain

RDC : Rien ne rassure sur la tenue des élections transparentes

La Commission électorale nationale indépendante (Céni), pouvoir organisateur des élections en RDC, est appelée à gagner, à tout prix, la confiance de toutes les parties prenantes au processus qui va conduire à l’alternance à la tête de l’État en décembre prochain. À quatre mois seulement du rendez-vous électoral prévu en décembre 2018, rien ne rassure sur la tenue des élections transparentes. Et c’est la peur d’un possible tripatouillage du scrutin, comme ce fût le cas en 2011 où plusieurs dénonciations ont été faites sur les résultats électoraux jugés non crédibles et entachées de fraudes massives. Cette fois-ci, le décor est plus qu’inquiétant. Avec les machines à voter dont la fiabilité préoccupe aussi bien les parties prenantes au processus que des partenaires, le fichier électoral douteux parce que contenant près de 16 % d’électeurs sans empreintes digitales, le risque d’élections frauduleuses est énorme. C’est sur l’abandon de la machine à voter et le nettoyage du fichier électoral que se concentre maintenant Washington. Inquiets, les USA appellent au bon sens de la Céni et l’invitent à recourir « à une méthode de vote qui bénéficie de la confiance de l’électorat congolais ».

Tel un arbitre d’une compétition, la Commission électorale nationale indépendante (Céni), pouvoir organisateur des élections en RDC, est appelée à gagner, à tout prix, la confiance de toutes les parties prenantes au processus qui va conduire à l’alternance à la tête de l’État en décembre prochain. Il s’agit d’un rôle délicat qui implique de la Centrale électorale, la crédibilité. Ce qui n’est pas le cas.

À quatre mois seulement du rendez-vous électoral prévu en décembre 2018, rien ne rassure sur la tenue des élections transparentes. Et c’est la peur d’un possible tripatouillage du scrutin, comme ce fût le cas en 2011 où plusieurs dénonciations ont été faites sur les résultats électoraux jugés non crédibles et entachées de fraudes massives. Cette fois-ci, le décor est plus qu’inquiétant. Avec les machines à voter dont la fiabilité préoccupe aussi bien les parties prenantes au processus que des partenaires, le fichier électoral douteux parce que contenant près de 16 % d’électeurs sans empreintes digitales, le risque d’élections frauduleuses est énorme.

À ce stade, le pire peut-être évité. Un défi pour la Commission électorale nationale indépendante. Elle est appelée à rester la plus indépendante possible en vue d’améliorer sa crédibilité vis-à-vis de la population et de toutes les parties prenantes. La solution passerait notamment par une approche consensuelle sur ces questions majeures.

Ce qui implique notamment l’élimination du fichier électoral de tous les cas d’irrégularité décelés par l’audit conduit par l’Organisation internationale de la francophonie et l’abandon de l’usage de la machine à voter ou alors la Céni doit rassurer sur le rôle restreint de la machine à voter comme simple imprimante sans possibilité de recours à la transmission électronique des données vers le serveur central. Agir autrement, c’est renforcer le doute sur des élections et c’est donner l’image qu’elles sont taillées sur mesure. Et c’est finalement exposer le pays à une énième crise postélectorale.

WASHINGTON RENOUVELLE SES INQUIÉTUDES SUR LA MACHINE À VOTER

Le 3ème mandat de Kabila n’étant plus à l’ordre du jour, c’est sur l’abandon de la machine à voter et le nettoyage du fichier électoral que se concentre maintenant Washington. Inquiets, les USA appellent au bon sens de la Céni et l’invitent à recourir « à une méthode de vote qui bénéficie de la confiance de l’électorat congolais ».

En se choisissant un dauphin pour la présidentielle du 23 décembre 2018, le président Joseph Kabila a réussi à désamorcer les tensions sur le plan international. A l’unanimité, toute la communauté internationale, notamment les Nations unies, l’Union africaine et l’Union européenne, a salué la sage décision du chef de l’Etat qui a accepté de s’effacer, laissant la place à Emmanuel Ramazani Shadary pour porter les couleurs de sa famille politique en décembre prochain.

Bien évidemment, les Etats-Unis se sont alignés à la vague de félicitations qui s’est déchainée au niveau international.

Prudence à Washington

Dans un message du 9 août 2018, relayée par son ambassade à Kinshasa, Washington n’a pas caché sa joie de voir le président Kabila renoncer officiellement à un 3ème mandat à la tête de la République démocratique du Congo.

« Nous sommes encouragés par le signe selon lequel le Président Kabila entend respecter ses engagements conformément à la constitution congolaise et à l’Accord de la Saint-Sylvestre de décembre 2016 en ne briguant pas de troisième mandat », note l’administration Trump, en rapport avec « l’annonce de la part de la coalition au pouvoir d’un candidat de consensus autre que le Président Kabila » à la présidentielle du 23 décembre 2018.

Si Washington se félicite de ce pas important franchi dans le sens de l’alternance démocratique, il pense que « les responsables du gouvernement, de l’opposition, et de la société civile, ainsi que les chefs des forces de l’ordre partagent avec le président Kabila la responsabilité d’assurer le plein respect des normes démocratiques ». Les Etats-Unis notent à cet effet que « le peuple congolais doit pouvoir exprimer ouvertement ses opinions et choisir ses candidats sans craindre les violences, les menaces ou l’intimidation ».

Aussi Washington appelle-t-il la Céni (Commission électorale nationale indépendante) à tout mettre en œuvre pour des élections véritablement démocratiques, libres et transparentes.

Maintes fois opposé à la machine à voter, ce système de vote que la Céni entend faire usage en décembre prochain, Washington « fait appel à la Commission électorale nationale indépendante et aux autorités congolaises afin qu’elles prennent les mesures qui s’imposent pour garantir la tenue d’élections crédibles le 23 décembre 2018, en permettant notamment l’accès au public du nouveau fichier électoral et en ayant recours à une méthode de vote qui bénéficie de la confiance de l’électorat congolais ».

Le président Kabila s’étant effacé du processus électoral, Washington est d’avis que « la RDC jouit d’une occasion historique d’assurer un transfert pacifique du pouvoir en décembre, et les Etats-Unis seront prêts à appuyer ce processus selon les normes du calendrier électoral établi ». Pour y parvenir, les Etats-Unis invitent une fois de plus la Céni à reconsidérer son choix quant au recours à la machine à voter qui, selon eux, représente un « risque énorme et inutile » dans la voie de l’alternance démocratique.

Pression tous azimuts

L’on se rappelle qu’intervenant, fin juillet devant le Conseil de sécurité des Nations unies, le représentant adjoint des Etats-Unis au Conseil de sécurité, a été virulent vis-à-vis de la machine à voter (voir en encadré l’article de Jeune Afrique). C’est dire que, de l’avis de Washington, le retrait de Kabila de la course présidentielle ne résout pas tous les problèmes. Il reste encore, pense Washington, des obstacles majeurs à surmonter tels que l’abandon de la machine à voter et le nettoyage du fichier électoral.

A tout prendre, les Etats-Unis n’ont pas complètement lâché le président Kabila. Quoi qu’en retrait de la présidentielle, Washington est convaincu que Kabila exerce toujours une grande influence dans la conduite du processus électoral. Aussi le tiennent-ils à l’œil.

Si l’administration Trump a salué la sage décision de Kabila de se retirer de la course présidentielle du 23 décembre 2018, elle suit en même temps de très près le déroulement du processus électoral jusqu’à la passation démocratique du pouvoir entre Kabila, le président sortant, et le nouveau président élu – probablement en janvier 2019, selon le calendrier électoral.

Evidemment, l’arme fatale des Etats-Unis, c’est-à-dire les sanctions contre tous ceux qui pourraient entraver le processus électoral, restent toujours d’actualité, rappelle-t-on à Washington.

« Nous sommes prêts à appliquer des sanctions sévères à des individus ou à des entités qui sapent le processus démocratique ou menacent la paix et la sécurité du pays », a révélé à Financial Times un haut responsable de l’administration Trump.

[lePotentiel]

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