samedi , 7 novembre 2020
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Trump – Poutine : Helsinki bis ?

En pleine polémique sur ses déclarations d’Helsinki, Donald Trump s’est dit jeudi impatient d’une nouvelle rencontre avec Vladimir Poutine. Le président américain est sous le feu des critiques, au sein même de son propre camp, depuis le face-à-face dans la capitale finlandaise où il a multiplié les déclarations pour le moins conciliantes vis-à-vis de son homologue russe. Trois jours après ce rendez-vous qui l’a mis en porte-à-faux avec les agences américaines de renseignement en raison de ses atermoiements sur l’ingérence russe dans la présidentielle, il peine à éteindre l’incendie.

En pleine polémique sur ses déclarations d’Helsinki, Donald Trump s’est dit jeudi impatient d’une nouvelle rencontre avec Vladimir Poutine, s’en prenant aux journalistes coupables à ses yeux de ne pas avoir souligné le « grand succès » de leur sommet.

Le président américain est sous le feu des critiques, au sein même de son propre camp, depuis le face-à-face dans la capitale finlandaise où il a multiplié les déclarations pour le moins conciliantes vis-à-vis de son homologue russe.

Trois jours après ce rendez-vous qui l’a mis en porte-à-faux avec les agences américaines de renseignement en raison de ses atermoiements sur l’ingérence russe dans la présidentielle, il peine à éteindre l’incendie.

« Le sommet avec la Russie a été un grand succès, sauf pour le vrai ennemi du peuple, les médias +Fake News+ », a-t-il tweeté jeudi, reprenant une expression particulièrement agressive qu’il avait déjà utilisée en 2017.

« J’attends avec impatience notre deuxième rencontre pour que nous puissions commencer à mettre en place certaines des choses dont nous avons parlé », a-t-il ajouté.

Citant, pêle-mêle, la lutte contre le terrorisme, « la sécurité pour Israël », les cyberattaques, les échanges commerciaux, l’Ukraine, la paix au Proche-Orient ou encore la Corée du Nord, il a estimé que ces problèmes pouvaient « tous être réglés », même si certaines réponses étaient difficiles.

Fait remarquable, M. Poutine avait, quelques heures plus tôt, lui aussi dénoncé les critiques visant M. Trump, stigmatisant les « forces » aux Etats-Unis « prêtes à sacrifier les relations russo-américaines à leurs ambitions ».

Plaidant pour un renforcement des contacts entre les deux grandes puissances nucléaires, le maître du Kremlin a notamment rappelé que le traité de réduction du nombre des armes nucléaires entre la Russie et les Etats-Unis, le New START, devait expirer en 2021.

« Une mauvaise semaine »

A Washington, les critiques restaient vives, tant sur le sommet que sur les jours qui ont suivi.

« En ce qui concerne la Russie, cela a été une mauvaise semaine et il est impératif que (Donald Trump) comprenne qu’il a mal évalué Poutine », a lancé le sénateur républicain Lindsey Graham, un sénateur républicain pourtant souvent en phase avec le milliardaire.

Jeudi après-midi, la Maison Blanche a tenté de clore une des nombreuses polémiques nées de la désormais célèbre conférence de presse sur la Baltique.

Poutine avait alors proposé de permettre à Washington d’interroger 12 agents du renseignement russes inculpés aux Etats-Unis pour interférence dans l’élection, mais à la condition d’une « réciprocité » sur des Américains soupçonnés « d’activités illégales ».

L’affaire s’était envenimée lorsque la justice russe avait précisé mardi vouloir interroger onze Américains, dont l’ex-ambassadeur des Etats-Unis à Moscou (2012-2014) Michael McFaul, nommé par l’ancien président démocrate Barack Obama.

Après avoir laissé plané le doute mercredi, ce qui a suscité une nouvelle tempête dans la capitale fédérale américaine, Sarah Sanders, porte-parole de l’exécutif, a indiqué que le président n’était « pas d’accord » avec cette proposition.

Le tête-à-tête Trump/Poutine, qui a duré environ deux heures, fait désormais l’objet d’intenses conjectures. Certains élus ont même demandé que l’interprète du président américain soit interrogée par le Congrès.

Fait rare, le directeur du renseignement américain, Dan Coats, est monté au créneau pour défendre le travail de ses équipes après les propos de M. Trump –sur lesquels il est partiellement revenu depuis– mettant en doute l’ingérence russe.

Selon un sondage CBS News publié jeudi, seul un tiers (32%) des Américains approuve la façon dont Donald Trump a géré le rendez-vous d’Helsinki. Dans le camp républicain, cependant, le taux d’approbation monte à 68%.

Parallèlement, le président américain fait face à une autre polémique après avoir qualifié le Monténégro de « tout petit pays (…) avec des gens très forts, très agressifs ».

Le Monténégro, qui a rejoint l’Otan au printemps 2017 au grand dam de Moscou, lui a répondu en affirmant qu’il contribuait « à la paix et à la stabilité, non seulement sur le continent européen mais dans le monde entier ».

Podgorica a en particulier souligné qu’il le faisait notamment « aux côtés des soldats américains en Afghanistan ».

TRUMP NE LAISSERA PAS LES RUSSES INTERROGER DES OFFICIELS AMÉRICAINS

Le président américain Donald Trump ne permettra pas que des responsables américains soient interrogés par la justice russe, a annoncé jeudi la porte-parole de la Maison Blanche.

« C’est une proposition qui a été faite en toute sincérité par le président Poutine mais le président Trump n’est pas d’accord », a expliqué Sarah Sanders.

Lors de sa conférence de presse controversée avec Donald Trump lundi à Helsinki, Vladimir Poutine a proposé de permettre à Washington d’interroger, en Russie, les 12 agents du renseignement russes inculpés aux Etats-Unis pour ingérence dans la présidentielle américaine de 2016.

Mais à la « condition » d’une « réciprocité »: Moscou demandait en retour un interrogatoire de responsables américains soupçonnés par la Russie « d’activités illégales », notamment dans l’affaire qui implique l’investisseur britannique critique du Kremlin William Browder, condamné par contumace par la justice russe pour évasion fiscale.

Le président américain avait alors évoqué une « idée intéressante » et une « proposition incroyable ». L’absence de refus de la Maison Blanche, qui a laissé planer le doute en affirmant encore mercredi que Donald Trump étudiait la question, a suscité la colère de la classe politique à Washington.

Finalement, la présidence américaine a dit jeudi espérer plutôt que Vladimir Poutine laissera « les 12 Russes identifiés venir aux Etats-Unis pour prouver leur innocence ou culpabilité ».

L’affaire s’était envenimée lorsque la justice russe avait dit mardi vouloir interroger onze Américains, dont l’ex-ambassadeur des Etats-Unis à Moscou (2012-2014) Michael McFaul, nommé par l’ancien président démocrate Barack Obama.

Michael McFaul a vivement interpellé l’administration Trump sur les réseaux sociaux et dans les médias, et une intense mobilisation s’est développée sous le mot-clé #ProtectMcFaul.

Les anciens secrétaires d’Etat démocrates John Kerry, Hillary Clinton et Madeleine Albright lui ont apporté leur soutien, tout comme certains élus républicains, dont le sénateur Marco Rubio.

LES RÉPUBLICAINS RÉFLÉCHISSENT AUX MOYENS DE CONTENIR DONALD TRUMP

L’attitude conciliante de Donald Trump envers Vladimir Poutine à Helsinki a choqué jusque dans son propre camp, mais les parlementaires républicains ont peu de moyens de contenir le président américain.

D’habitude enclins à ne pas critiquer leur président, les républicains ont rejoint les démocrates pour soutenir que la Russie, accusée d’ingérence dans l’élection de 2016, restait une menace à l’approche des élections parlementaires de novembre. Les élus répondaient au président qui, devant les caméras du monde entier, avait semblé exonérer son homologue russe à l’issue de leur tête-à-tête en Finlande.

Pour beaucoup, il venait de trahir les agences américaines du renseignement, unanimes à dénoncer une attaque coordonnée menée par le pouvoir russe contre le processus électoral américain.

« On s’est éloignés de la réalité », a réagi le sénateur républicain Ben Sasse, accusant M. Trump d’avoir cajolé un « voyou devenu despote russe » en ayant affirmé n’avoir « aucune raison » de croire à une ingérence de Moscou.

Le président américain a assuré avoir fait un lapsus, mais certains au Congrès poussent désormais pour reprendre la main et encadrer sa politique étrangère, après une séquence diplomatique houleuse la semaine dernière pendant laquelle Donald Trump s’en est pris directement à ses alliés de l’Otan et de l’Union européenne.

« Les digues lâchent, enfin », a lancé sur Twitter le républicain Bob Corker, président de la commission des Affaires étrangères du Sénat. « Il est temps pour le Congrès de passer à la vitesse supérieure et de reprendre nos prérogatives », a-t-il dit.

« Ne rien faire serait une faute politique », a renchéri Lindsey Graham, un sénateur républicain pourtant souvent en phase avec le milliardaire, estimant que l’ingérence russe « est un scénario du type 11-Septembre que nous pouvons vraiment empêcher. »

Leur collègue Jeff Flake a déposé mercredi une proposition réaffirmant la conviction des services du renseignement sur une ingérence russe et assurant que Moscou serait tenu responsable de ses actions, mais sans aller plus loin.

Un ancien texte déposé par un autre sénateur républicain, Marco Rubio, est en train de revenir en force car il propose de sanctionner automatiquement la Russie en cas de nouvelle interférence dans les élections.

« L’inquiétude grandit »

Le chef de la majorité à la Chambre haute, Mitch McConnell, a laissé entendre mardi que le texte pourrait être soumis au vote.

Bob Corker et Jeff Flake ne brigueront pas de nouveau mandat en novembre et peuvent se permettre de critiquer ouvertement M. Trump, mais d’autres pourraient ne pas s’y risquer en se rappelant de Mark Sanford. Cet élu, auteur d’une diatribe anti-Trump, a subi les foudres présidentielles sur Twitter et a perdu la primaire républicaine de Caroline du Sud au profit d’un candidat loyaliste.

D’autant plus que, selon un sondage CBS News paru jeudi, 68% des électeurs républicains approuvent Donald Trump dans sa gestion du sommet d’Helsinki.

Mais les républicains ne disposent au Sénat que d’une courte majorité (51-49) et sans John McCain, qui lutte contre un cancer du cerveau, une seule voix discordante peut renverser un vote.

« Tout ce dont nous avons besoin, c’est d’une personne qui veut être du bon côté de l’Histoire », a affirmé au magazine Politico le sénateur démocrate Brian Schatz.

« Je pense que la vague d’inquiétude grandit » dans les deux grands partis, a dit à l’AFP le sénateur démocrate Richard Blumenthal.

Avec d’autres, il veut faire témoigner devant le Congrès l’interprète américaine qui accompagnait Donald Trump lors de son entretien avec M. Poutine, pour savoir ce qui s’est vraiment dit.

Les républicains préfèrent s’en remettre à une audition du secrétaire d’Etat Mike Pompeo et du conseiller à la sécurité nationale John Bolton, qui devraient avoir été informés du contenu des discussions.

De grands médias américains ont également appelé les républicains, majoritaires dans les deux chambres, à agir pour contenir Trump.

Dans un éditorial titré « Il est temps de redresser la tête », le New York Times a exhorté le Congrès à voter une motion de censure contre l’escapade finlandaise du président.

Même le plus conservateur Wall Street Journal a estimé que les élus devaient adopter une « stratégie de confinement » envers M. Trump pour « limiter sa marge de manoeuvre diplomatique ».

DES « FORCES » AUX ETATS-UNIS « PRÊTES À SACRIFIER LES RELATIONS RUSSO-AMÉRICAINES »

Le président russe Vladimir Poutine a dénoncé jeudi les « forces » aux Etats-Unis « prêtes à sacrifier les relations russo-américaines », deux jours après le sommet à Helsinki avec son homologue américain Donald Trump, très critiqué dans son pays pour sa position conciliante.

« Nous voyons qu’il y a des forces aux Etats-Unis qui sont prêtes à facilement sacrifier les relations russo-américaines à leurs ambitions », a déclaré M. Poutine, dans un discours devant les ambassadeurs de Russie réunis à Moscou.

Ces forces « sont prêtes à sacrifier les intérêts de leurs alliés et même les garanties de leur propre sécurité », a affirmé le maître du Kremlin, rappelant notamment dans ce contexte que le traité de réduction du nombre des armes nucléaires entre la Russie et les Etats-Unis, le New START, devait expirer en 2021.

« Si on ne commence pas dès aujourd’hui, dès maintenant, le travail visant à prolonger ce traité, dans un an et demi, il va tout simplement expirer, il n’existera plus », a souligné M. Poutine.

Depuis le sommet ayant réuni lundi à Helsinki Donald Trump et Vladimir Poutine, le président américain est sous le feu de critiques aux Etats-Unis, y compris dans son propre camp, pour ses déclarations jugées trop conciliantes vis-à-vis du chef de l’Etat russe.

Le tête-à-tête d’environ deux heures entre les deux dirigeants, en l’absence de leurs conseillers, fait désormais l’objet d’intenses conjectures. Certains élus ont même suggéré que l’interprète de M. Trump soit interrogée par le Congrès.

« Nous voyons aux Etats-Unis des forces pour lesquelles les intérêts de leur parti sont plus importants que les intérêts nationaux », a dénoncé M. Poutine.

« La Russie reste néanmoins ouverte à un renforcement des contacts avec les Etats-Unis, sur la base de l’égalité et des avantages mutuels », a-t-il assuré.

« Nous avons besoin d’un nouvel ordre du jour positif visant à aboutir à un travail commun, à trouver des points de contact. Nous en avons parlé bien évidemment au cours de la rencontre avec le président américain Donald Trump », a-t-il ajouté.

PRÉSIDENT AMÉRICAIN TROP POPULAIRE AUPRÈS DE SA BASE POUR ÊTRE DÉFIÉ PAR LES RÉPUBLICAINS

Donald Trump a été critiqué jusque dans les rangs républicains pour s’être montré trop conciliant à l’égard de Vladimir Poutine mais pour de nombreux élus candidats aux élections de novembre, le soutien du président américain reste crucial tant son emprise sur le parti et les électeurs est forte.

En privé, des parlementaires du Grand Old Party (GOP) sont d’accord avec les détracteurs du président selon lesquels il a trahi ses agences de renseignement, unanimes à penser que la Russie a mené une attaque coordonnée pour tenter d’influencer l’élection de 2016, et a adopté à Helsinki un comportement jugé trop conciliant face au maître du Kremlin.

Le parti républicain s’était déchiré pendant la campagne présidentielle entre les partisans radicaux du milliardaire et les conservateurs modérés qui refusaient d’endosser les thèses nationalistes et populistes du candidat. Mais depuis sa victoire, rares sont ceux qui osent affronter ouvertement Donald Trump tant le président est prompt à déclencher la foudre sur Twitter pour mobiliser sa base.

Ils gardent à l’esprit la défaite aux primaires républicaines de juin de Mark Sanford, un élu de Caroline du Sud qui s’était aliéné le soutien de Donald Trump.

Le New York Times avait alors estimé que « le fait de voter conservateur est moins important que de montrer une loyauté totale » au président.

Les élus du GOP « ne veulent pas être dans la ligne de mire » de Donald Trump, dit à l’AFP Rick Tyler, un consultant républicain qui appartient au camp des modérés.

« Ils comprennent tous qui est Trump et ils n’aiment pas ça, ils auraient souhaité autre chose, mais ils bénéficient de sa politique, comme les baisses d’impôts », explique-t-il.

En restant dans les petits papiers du président, ceux qui brigueront un nouveau mandat au Congrès s’assurent ainsi le soutien financier du parti et des donateurs.

Et surtout, « personne ne sait comment contrer » les insultes politiques de Donald Trump, poursuit M. Tyler. Le président « vous traîne dans la boue et les hommes politiques n’en ont pas l’habitude ».

« Jamais vu ça »

Des ténors républicains ont ouvertement défié M. Trump après sa rencontre avec Vladimir Poutine, qualifiée d' »erreur tragique » par John McCain ou de « honte » par Jeff Flake, mais ils ont en commun de ne pas être candidats à leur réélection.

La majorité a préféré faire profil bas, saluant sur le tard les « clarifications » apportées par Donald Trump, qui a admis avoir fait un lapsus pour mettre fin à la polémique sur l’ingérence russe.

« Je pense que le président a clarifié ses déclarations et confirmé » qu’il faisait confiance à ses services de renseignement, a affirmé le sénateur John Cornyn, interrogé sur le relatif silence des élus républicains. Il a réfuté que ce silence était provoqué par la peur de perdre son siège en novembre.

Pour Mike Allen, co-fondateur du site d’information Axios, les élus « ont besoin d’une feuille de vigne pour justifier leur retour rapide aux côtés du président, qui est beaucoup plus populaire qu’eux dans l’électorat républicain ».

Selon un sondage de CBS News, 68% des électeurs républicains approuvent Donald Trump dans sa gestion du sommet d’Helsinki. Une enquête d’Axios affirme qu’ils sont 79% à approuver ses déclarations lors de la conférence de presse qui a suivi.

« Je n’avais jamais vu ça », admet Robert Shapiro, professeur de sciences politiques à l’université de Columbia.

Pour ce spécialiste de la politique et de l’opinion publique américaines, il est frappant que même des élus n’ayant pas à faire face à une campagne difficile restent aux côtés du président.

« Ils ne veulent pas faire bouger les choses pour garder un pouvoir à la Chambre des représentants ou au Sénat », dit-il.

Les élections de mi-mandat, traditionnellement marquées par une faible participation, sont généralement défavorables à l’administration en place. Donald Trump exhorte depuis quelques mois ses partisans à voter en masse, face à la mobilisation des démocrates et des mouvements citoyens opposés au président.

[Afp]

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