samedi , 7 novembre 2020
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deux trophées pour Didier Deschamps- comme joueur en France (g) en 1998 et comme sélectionneur à Moscou en 2018.
deux trophées pour Didier Deschamps- comme joueur en France (g) en 1998 et comme sélectionneur à Moscou en 2018.

Deuxième étoile : Deschamps s’est assis à la table de Zagallo et de Beckenbauer

La première étoile comme capitaine, la seconde comme sélectionneur: Didier Deschamps a assis un peu plus encore sa place spéciale dans l’histoire de France en décrochant l’édition 2018 de la Coupe du monde, dimanche contre la Croatie (4-2) en finale. Dans l’histoire du sport, le Français de 49 ans s’est assis à la table du Brésilien Mario Zagallo et de l’Allemand Franz Beckenbauer, les deux seules autres figures du foot qui avaient jusqu’alors remporté le titre suprême comme joueur puis sélectionneur.

Au niveau national, au soir de la victoire en demi-finale contre la Belgique mardi à Saint-Pétersbourg (1-0), il était devenu le premier sélectionneur de l’équipe de France à la guider vers deux finales consécutives de grands tournois, après celle de l’Euro-2016 (perdue 1-0 a.p. face au Portugal).

Les deux finales qu’il avait enchaînées comme joueur avaient été gagnées: il était le capitaine lors de l’âge d’or des Bleus, marqué par le doublé Mondial-1998/Euro-2000, soit le tout premier sacre français en Coupe du monde puis le second Championnat d’Europe, après celui de la génération Platini en 1984.

« Dédé la Gagne »

Deschamps était alors surnommé « la Dèche », et avait, ironie de l’histoire, achevé la traversée du désert bleu, où il avait connu notamment le cauchemar bulgare de 1993, en soulevant la Coupe du monde à l’issue d’une finale rêvée (3-0 contre le Brésil du « Fenomeno » Ronaldo, à Saint-Denis). Et il avait pris sa retraite internationale sur le titre européen en 2000.

Le milieu défensif était déjà entré dans l’histoire du foot français en étant, en 1993, le capitaine de la première équipe française à remporter la Ligue des champions, Marseille contre l’AC Milan en finale (1-0). Sa proximité avec les dirigeants, de notoriété publique, avait poussé certains de ses coéquipiers à le surnommer… « l’Œil de Moscou ».

Et c’est dans la capitale russe qu’il a renoué avec le fil de son destin, cousu d’or. Brisé lors de la finale perdue de l’Euro-2016, dont il gardait la rancoeur deux ans après. « Une finale, cela se gagne, oui. Parce que celle qu’on a perdue il y a deux ans, on ne l’a toujours pas digérée », avait-il dit mardi soir.

La finale de Moscou reprend l’histoire de « Dédé la Gagne ». Car le résultat, c’est son obsession, dans une finale de Coupe du monde comme à un jeu de cartes. Or, question finales, l’entraîneur Deschamps présentait avant dimanche un palmarès garni de quatre Coupes de la Ligue (avec Monaco et Marseille) et de dernières marches ratées (revers monégasque en Ligue des champions en 2004 et bleu à Euro-2016).

La « chatte à DD »

La « chance à DD », ou « chachatte à DD » dans un langage plus familier mais désormais courant, ronronne de nouveau. Témoins, un but contre son camp concédé par les Croates – première en Coupe du monde, puis un penalty obtenu grâce à l’assistance vidéo à l’arbitrage (VAR), là encore une première en finale de Coupe du monde.

Pendant le tournoi, cette bonne étoile, il ne l’avait pas niée, mais y avait adjoint la notion de travail: « Que je sois souvent au bon endroit au bon moment, c’est probable, je n’ai pas à me plaindre. Je sais, et j’associe évidemment l’ensemble de mon staff, tout le travail qui est fait. Il y a des exigences qui sont là, c’est ce qui me plaît ».

Le parcours n’a pas toujours été aisé: Deschamps était proche de la sortie avant le barrage retour du Mondial-2014 (victoire 3-0 contre l’Ukraine après une défaite 2-0 à Kiev) et n’aurait sans doute pas résisté à une élimination dès les 8e de finale contre l’Argentine en Russie. « On a assez d’expérience pour savoir ce qui aurait pu se passer » en cas d’élimination, avait admis son adjoint Guy Stéphan, cheville ouvrière de la fluidité des relations dans le groupe des Bleus.

Mais voilà, l’Ukraine et l’Argentine étaient deux de ses principaux faits d’armes, et portaient sa marque: au pied du mur, l’équipe de France sait faire le dos rond et s’imposer. Rebelote en 2018, au terme d’un premier tour laborieux dans le jeu, et d’une demi-finale passée à subir.

Les Belges avaient pointé cela. « La frustration est là car on perd contre une équipe qui n’est pas meilleure que nous, on a perdu contre une équipe qui joue à rien, qui défend », enrageait le gardien Thibaut Courtois. « Je préfère perdre avec la Belgique que gagner avec la France », enchaînait Hazard.

La réponse de Deschamps tient en une (bonne) étoile.

UNE HISTOIRE DE FOU

Dimanche à Moscou, l’équipe de France a remporté la finale de la Coupe du monde… C’était sa troisième. Et il se passe toujours des choses insensées quand les Bleus arrivent à ce stade de la compétition.

Et 1, et 2, et 3-0

12 juillet 1998, à Saint-Denis

Brésil-France 0-3

« Sur les coups de pied arrêtés, ils sont assez dilettantes. Si vous êtes un peu futés et malins, essayez de bouger, de les perturber. Ils n’ont pas une rigueur de marquage énorme », conseille le sélectionneur Aimé Jacquet avant la finale contre le Brésil au Stade de France.

Concentré, Zinédine Zidane écoute religieusement. C’est lui qui marquera les deux premiers buts de la tête, d’abord sur un corner d’Emmanuel Petit (27e), puis de Youri Djorkaeff juste avant la pause. Ces deux buts enivrent déjà tout un peuple, qui ne demandait que ça, mais qui doit encore attendre la seconde période avant d’accrocher enfin une étoile qui manque cruellement aux Bleus.

Au retour des vestiaires, les Brésiliens lancent toutes leurs forces vers l’avant et retrouvent un peu d’espoir après l’expulsion de Marcel Desailly (67e) pour un deuxième carton jaune. Mais les Bleus, portés par leur public, résistent à tout et concluent même le score par un contre éclair et un ultime but d’Emmanuel Petit en fin de match (90e+3). « Et 1, et 2, et 3-0 », hurle tout un pays qui fête ses héros. En face il y avait pourtant une incroyable collection de grands joueurs: Ronaldo, Rivaldo, Roberto Carlos, Bebeto, Leonardo… Mais la génération Zidane est née.

Coup de tête pour une défaite

9 juillet 2006, à Berlin

Italie-France, 1-1 (5-3 aux tab)

Un coup de boule et un grand sentiment de gâchis: voilà ce qu’il restera de cette défaite au goût amer pour les Bleus. Tout commence pourtant parfaitement dans cette soirée du 9 juillet à Berlin. Pour sa dernière apparition en Coupe du monde, le maestro Zidane peaufine son entrée sur scène dans cette finale. Six minutes après le coup d’envoi, Florent Malouda s’effondre dans la surface italienne, après une faute de l’autre homme du match, Marco Materazzi. La panenka sur le penalty, qui frappe la transversale mais franchit tout de même la ligne, bétonne la légende de « Zizou ».

Quelques minutes après le but français, Materazzi balance toutefois un coup de tête rageur sur corner et égalise.

L’histoire va en retenir un autre. Pendant les prolongations, Zidane dégoupille à la 108e minute, après s’être chauffé avec Materazzi. « On jouait le même match, on avait marqué tous les deux mais lui était un grand champion et moi j’étais nul (…) C’est comme ça que j’ai perçu ses moqueries et j’ai réagi », racontera l’Italien dans une interview accordée à l’Equipe Magazine, en affirmant avoir lancé à ZZ « je préfère ta putain de soeur ».

Zizou craque et lui envoie, sur le torse, le coup de boule le plus célèbre du monde. Carton rouge. A sa sortie, le sélectionneur Raymond Domenech n’a pas un regard pour lui. La suite est terrible, spécialement pour David Trezeguet, le seul à manquer son penalty lors de la séance de tirs au but. Ses larmes et ses excuses devant la foule quelques jours plus tard place de la Concorde à Paris resteront elles aussi dans l’histoire.

Pluie de buts

15 juillet 2018, à Moscou

France – Croatie, 4-2

Quelle image garder de ce match dingue ? Kylian Mbappé, 19 ans, qui a inscrit le 4e but de la France (4-1, 65e minute)? Il devient le deuxième plus jeune joueur de l’histoire à marquer dans une finale de Coupe du monde après Pelé en 1958.

Le but contre son camp de Mario Mandzukic (1-0, 18e minute)? C’est une première dans une Coupe du monde. Les Bleus qui reprennent l’avantage (2-1, 39e minute), grâce à un but d’Antoine Griezmann sur penalty, après intervention de l’arbitrage assisté par vidéo (VAR)? Là encore, une première en finale d’une Coupe du monde.

Mario Mandzukic qui réduit le score (4-2, 69e minute) sur une énorme erreur de Hugo Lloris ?

Non, sans doute la joie de Didier Deschamps, capitaine des champions du monde 1998, de nouveau champion comme coach.

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