Comme face au Danemark en huitièmes de finale, les nerfs des supporters croates ont été mis à rude épreuve lors d’une nouvelle séance de tirs au but, remportée cette fois face au pays-hôte, la Russie (2-2 a.p., 4-3 t.a.b.).
Après le dernier tir au but croate réussi par Ivan Rakitic, environ 15.000 supporters, parés du maillot à damiers et réunis sur la principale place de Zagreb pour suivre le match, ont laissé explosé leur joie à grands renforts de fumigènes.
Des milliers d’autres les ont imités dans les fan zones réparties dans les différents quartiers de la capitale croate et dans d’autres villes de ce pays qui compte 4 millions d’habitants.
La chanson des supporters « Joue ma Croatie, quand je te vois mon coeur est en feu ! » et les « Hrvatska! Hrvatska! » (« Croatie, Croatie ») ont ensuite résonné dans les rues du pays, pendant que les fontaines étaient prises d’assaut par des fans torse nu et que les voitures ornées du drapeau croate paradaient.
Depuis la victoire 3-0 en phase de groupes face à l’Argentine, la ferveur a gagné le pays et les maillots des stars de la sélection se vendent comme des petits pains. « Modric est celui qui se vend le mieux, mais Subasic (le gardien, encore décisif lors des tirs au but) a de plus en plus de succès », explique Ana Maric, 20 ans, qui vend des souvenirs dans le centre de Zagreb.
Les médias croates avaient fait de ce quart contre la Russie un « match crucial pour cette génération » dorée des Modric, Rakitic, Mandzukic, Perisic, etc, qui avait l’opportunité d’égaler ses illustres prédécesseurs de 1998, Davor Suker, Zvonimir Boban ou encore Robert Prosinecki.
UN MATCH TRÈS PAUVRE
L’Angleterre se frotte les mains ! La Croatie, son adversaire en demi-finale, a dû en passer une nouvelle fois par les tirs au but pour se débarrasser de la Russie (2-2 a.p., 4-3 t.a.b.) dans un match très pauvre, samedi en quart de finale du Mondial-2018 à Sotchi.
Certes, la Croatie retrouve le dernier carré pour la deuxième fois de son Histoire, après sa belle épopée de la Coupe du monde 1998, où elle avait buté sur la France en demi-finale.
Mais elle qui s’était déjà montrée bien laborieuse en huitième de finale contre le Danemark (1-1, 3-2 t.a.b.), n’a pas montré grand chose pour battre la Russie courageuse mais limitée.
Réputée technique et joueuse, comme on avait pu le voir contre l’Argentine en phase de poules (3-0), son seul match abouti du tournoi, la Croatie a été méconnaissable et laborieuse.
La « Sbornaïa », qui avant même cette rencontre pouvait considérer son Mondial comme réussi, doit même nourrir de sérieux regrets: à peu de chose près elle aurait pu égaler sa glorieuse aînée de 1966, qui était alors l’Union soviétique, demi-finaliste du Mondial-1966 où elle avait buté sur la RFA (2-1).
Sous les yeux du Premier ministre Dmitry Medvedev, la Russie, a rapidement laissé la direction des opérations aux Croates.
Nantis d’une grosse possession, les Vatreni (« les Valeureux ») n’étaient toutefois guère dangereux, pendant que la Russie, recroquevillée, sortait le ballon avec une construction très verticale et tentait sa chance en contre dès qu’elle le pouvait.
Panenka ratée
Cette prise de risques minimale se révélait toutefois payante: Denis Cheryshev réussissait un slalom à 25 mètres pour expédier une reprise en demi-volée dans la lucarne de Danijel Subasic « cloué » sur place (31e). Assurément l’un des plus beaux buts de cette Coupe du monde !
Le milieu russe marquait là son 4e but du Mondial. Mais les Croates ont égalisé sans tarder par Kramaric convertissant de la tête un centre intelligent de Mario Mandzukic (1-1, 39e).
Après la pause les partenaires de Luka Modric croyaient prendre l’avantage mais Ivan Perisic trouvait le poteau à la suite d’une action confuse dans la surface (60e).
Sans grandes idées mais avec beaucoup de coeur, soutenue par les « Rossia! Rossia! » de ses supporters, la Russie, valeureuse, laissait peu d’espaces à la Croatie comme elle l’avait déjà fait avec l’Espagne en huitièmes de finale, où elle s’était qualifiée aux tirs au but (1-1, 4-3 t.a.b.).
Invités surprises des quarts, les joueurs de Stanislav Cherchesov arrachaient tant bien que mal la prolongation. Ils croyaient avoir cédé sur une tête de Domagoj Vida sur corner, qui venait mourir dans le petit filet d’Akinfeev (2-1, 101e).
La Croatie pensait avoir fait le plus dur, mais contre toute attente Mario Fernandes imitait Vida pour égaliser de la tête (2-2, 115e).
Visa pour une nouvelle séance de tirs au but… Où Fyodor Smolov trop facile butait sur Subasic alors que Fernandes, le héros de la prolongation, tirait à côté…
Tout juste de quoi propulser la Croatie en demi-finale. Pour l’instant, cela suffit à son bonheur…
RETOUR VERS LE FUTUR
Voilà 28 ans qu’elle attendait ça: l’Angleterre s’est qualifiée pour les demi-finales de la Coupe du monde. Elle y affrontera mercredi la Croatie, qui n’avait plus été à pareille fête depuis 1998.
Les « Trois Lions » ont corrigé la Suède (2-0) tandis que les Croates ont eu plus de mal pour se débarrasser de la Russie, le pays-hôte (2-2 a.p; 4 t.a.b à 3).
Anglais et Croates ont rendez-vous mercredi au stade Loujniki de Moscou (20h00 française). La veille, la France et la Belgique s’affronteront à Saint-Pétersbourg (20h00).
L’autre Harry
Tout le monde attendait un but d’Harry Kane, meilleur réalisateur du tournoi (6 buts). Mais c’est un autre Harry, Maguire, défenseur de Leicester, qui a ouvert le score de la tête face à la Suède, sur corner à la demi-heure. Puis Dele Alli a doublé la marque juste avant l’heure de jeu.
Les « Trois Lions » peuvent remercier leurs lignes arrières. Le gardien Jordan Pickford a réalisé une très belle parade sur une tête de Marcus Berg dès le début de la seconde période.
C’est une bonne nouvelle pour l’équipe de Sa Majesté, plombée ces dernières années par des portiers maudits comme David Seaman, Scott Carson ou David James.
La séduisante Angleterre de Gareth Southgate renoue donc avec un glorieux passé, quand l’équipe des Terry Butcher, Chris Waddle, Gary Lineker et Paul Gascoigne avait buté sur la RFA des Andreas Brehme, Rudi Völler, Lothar Matthäus et Jürgen Klinsmann en demi-finale du Mondial-1990 (1-1; 4 t.a.b à 3).
« Nous ne sommes pas un produit fini, nous n’avons pas encore de joueurs de niveau mondial reconnus, mais, une jeune équipe qui se prépare à jouer au niveau mondial », a nuancé le sélectionneur anglais Southgate.
Les hommes de « Captain Kane » auront un petit avantage: Les Croates ont joué deux fois en prolongation, en 8e et en quart de finale. Et leur gardien Danijel Subasic a serré les dents, touché derrière une cuisse.
La génération Modric en rêve
Ils s’appellent Luka Modric (Real Madrid) et Ivan Rakitic (Barcelone) et sont les nouvelles stars de la Croatie. Ils ont répondu aux attentes: guider l’équipe au damier vers le dernier carré de la Coupe du monde.
Comme l’avaient fait avant eux les Slaven Bilic, Zvonimir Boban et Davor Suker (aujourd’hui président de la fédération) au Mondial-1998 en France.
L’aventure s’était terminée brutalement sur un doublé inattendu de Lilian Thuram (2-1), défenseur des Bleus, futurs champions du monde 1998.
A Sotchi, rien n’a été simple pour les Croates. Il a fallu lutter contre le pays-hôte qui s’était mis à croire en ses chances. A l’image de l’ouverture du score sur un superbe geste de Denis Cheryshev. Mais la Croatie a montré qu’elle avait du caractère, et des nerfs, jusqu’au bout.
La Russie ne verra donc pas la deuxième demi-finale de son histoire en Coupe du monde, après celle de 1966, avec la génération du mythique Lev Yachine (sous maillot de l’URSS).
La nation hôte a toutefois réussi sa compétition, puisqu’en 2018, avant que son tournoi ne commence, elle n’avait gagné aucun match. Classée au 70e rang mondial, la Sbornaïa s’est même offert la tête du champion du monde 2010, l’Espagne, en 8e de finale.
La France, 20 ans après 1998 ?
Il y a 20 ans, la France, elle, chantait « Et un, et deux, et trois zéro », après la finale de son Mondial remportée face au Brésil (3-0). Quelle meilleure façon de célébrer cet anniversaire que de coudre une deuxième étoile sur le maillot bleu ?
« On ne se le dit pas mais chacun pense qu’on peut être champion du monde », a confié le défenseur français Lucas Hernandez samedi devant la presse.
Mais, comme il le reconnaît, « il nous reste deux matches pour l’être, (avec) d’abord ce premier contre la Belgique ». C’est mardi à Saint-Pétersbourg et comme le dit de joueur de l’Atlético Madrid « ça va être très compliqué ».
Car les Français ont bien vu les images de ces « Diables Rouges », emmenés par Eden Hazard, Romelu Lukaku et Kevin de Bruyne, qui ont corrigé le Brésil de Neymar vendredi à Kazan (2-1).
Ce sera un match particulier, entre pays voisins. Raphaël Varane, né à Lille et formé à Lens, a des connaissances en Belgique. Mais « sur une opposition en Coupe du Monde, il n’y a pas d’amis », insiste le défenseur du Real Madrid aux quatre Ligue des champions.
[Afp]