À 24 heures de la convocation, ce 23 juin, du corps électoral en vue des scrutins de décembre 2018, les nouvelles ne sont pas rassurantes. À la Céni (Commission électorale nationale indépendante), la démission de son responsable informatique a eu un effet boomerang. Au niveau des partis et regroupements politiques, des litiges sont encore pendants au niveau du ministère de l’Intérieur. La mise en œuvre de l’accord du 31 décembre 2016 demeure à ce jour un chantier inachevé. Des graves restrictions continuent à peser sur l’exercice des libertés publiques. Dans ces conditions, la tenue d’élections libres et apaisées passe pour un leurre.
Jeudi, le Conseil de suivi et d’évaluation de la mise en œuvre de l’accord du 31 décembre 2016 (CNSA) s’est longuement penché sur le sujet. Comme nombre d’observateurs, le CNSA est tout autant inquiet et espère que toutes les conditions ne sont pas réunies pour parvenir, en décembre 2018, aux scrutins véritablement apaisés où tous les acteurs auront une chance égale au sprint final.
Le train électoral peut dérailler à tout moment. Le CNSA en est presque convaincu. À 24 heures de la convocation du corps électoral, le CNSA estime qu’un recadrage s’impose « en vue de permettre une compétition électorale apaisée telle que voulue par l’Accord du 31 décembre 2016 ».
Aussi a-t-il enjoint son président, Joseph Olenghankoy, à « rencontrer le Chef de l’État, garant du bon fonctionnement des Institutions pour une solution idoine avant le dépôt des candidatures ». Et lorsqu’on sait que la Céni ouvre, dès ce dimanche 24 juin, ses bureaux pour la réception des candidatures aux législatives provinciales, il y a donc urgence à sauver un processus électoral à la dérive.
Dans son réquisitoire, le CNSA épingle cinq faits majeurs qui plombent la bonne tenue d’élections. Il relève à cet effet : « la non-tenue de la tripartite depuis le début de l’année 2018 ; l’absence d’un consensus politique, tel que prévu par l’Accord, autour de la machine à voter; l’existence de 16% d’enrôlés sans empreintes digitales, telle que notée par l’OIF dans les conclusions de l’audit du fichier; le défaut de prise en compte des corrections des omissions et erreurs contenues dans la liste des partis et regroupements politiques, publiée au Journal Officiel le 30 avril 2018 ; la non-libération de certains prisonniers politiques, d’opinions et amnistiés contrairement aux prescrits de l’Accord du 31 décembre 2016 ; le règlement unilatéral non satisfaisant de la question des cautions payées depuis 2015 pour les élections législatives provinciales… ».
Si le CNSA note que les signaux dans la conduite du processus électoral sont sur le point de virer au rouge, il appelle par conséquent « les acteurs politiques ainsi que les leaders d’opinions au calme dans le but de préserver la paix avant, pendant et après les élections ».
À tout prendre, la sortie médiatique du CNSA n’est pas anodine. C’est la preuve que la machine électorale peine à se mettre en place. Évidemment, les inquiétudes du CNSA tombent au mauvais moment. On se demande alors si la Céni s’en tiendra à la date du 23 juin 2018 pour la convocation du corps électoral.
En attendant, Joseph Olenghankoy attend impatiemment l’invitation du chef de l’État pour lui faire part de ses inquiétudes.
[lePotentiel]