La « Sbornaïa » y est presque: la Russie a fait un grand pas vers la qualification pour les huitièmes de finale en battant l’Egypte d’un bien faible Mohamed Salah (3-1), mardi lors de la 2e journée du groupe A du Mondial-2018.
Contre l’Arabie saoudite (5-0), la Russie avait fait plaisir à son public, balayant les craintes de tout un peuple après sept matches de préparation sans victoire. A Saint-Pétersbourg, ils ont fait encore mieux, se qualifiant virtuellement pour le second tour grâce à cette deuxième victoire consécutive.
Avec huit buts en seulement deux matches, s’il vous plaît! « Si la règle c’était d’arriver le premier à huit buts, alors nous serions champions du monde. Nous avons fait un pas dans la bonne direction », a d’ailleurs plaisanté le bourru sélectionneur Stanislav Cherchesov, promettant encore « plein » de jours heureux.
Les Egyptiens, eux, déjà battus par l’Uruguay (1-0), sont pratiquement éliminés. Salah n’avait plus joué depuis sa blessure le 26 mai et son retour n’a rien changé pour les Pharaons, en dépit de son penalty réussi. Si l’Uruguay gagne mercredi contre l’Arabie saoudite, les comptes seront faits dans le groupe A: la Celeste et la Russie seront qualifiées. Et Saoudiens et Egyptiens seront éliminés…
La question était revenue sans cesse avant la rencontre: comment arrêter Salah? « Je vous donne une réponse simple: nous sommes prêts à l’arrêter et nous ALLONS le faire », avait lancé le sélectionneur Stanislav Cherchesov, remonté.
Ses joueurs n’auront pas trop eu à forcer tant le meilleur buteur de Premier League, enfin de retour au jeu après plus de trois semaines d’absence en raison d’une blessure à l’épaule a paru rouillé.
Il faut se l’avouer, « Mo » n’a pas été bon, faisant plutôt briller le latéral gauche Zhirkov, efficace au marquage de la vedette de Liverpool.
Chassé par les milieux russes, la star égyptienne a perdu de nombreux ballons, à l’image de ses passes complètement manquées (23, 37) ou de ses interventions peu tranchantes (34, 55).
Il a fallu attendre la 39e minute pour voir Salah négocier son premier bon ballon, sur une contre-attaque qui ne donnait rien (39). Trois minutes plus tard, il tirait pour la première fois au but. Héritant d’un ballon à l’entrée de la surface, il manquait d’abord son contrôle avant de tirer en se retournant (42).
Penalty pour Salah
Si le petit ailier a tout de même obtenu et transformé un penalty en seconde période, c’était beaucoup trop peu, bien trop tard. On jouait la 73e minute et l’Egypte avait alors déjà trois buts de retard.
Car non content de museler Salah, les Russes, sous les cris des « Rossya, Rossya! », ont été les plus entreprenants.
C’est la « Sbornaïa » qui a fait en grande partie le jeu. Sans grandes idées, mais avec une volonté de fer, les Russes ont maîtrisé la rencontre, s’appuyant sur un Dzyuba parfait en tour de contrôle.
Sa présence imposante dans la surface des Pharaons a permis l’ouverture du score. Le colosse poussait le capitaine égyptien Fathi à la faute, le forçant à dévier dans son propre but un centre de Zobnin (47).
Quelques minutes plus tard, Fernandes se jouait de la défense pour servir Cheryshev en retrait. L’attaquant de Villarreal ne gâchait pas l’offrande, pour réussir son troisième but du Mondial (59).
Et puis Dzyuba y allait de son but à son tour. Se servant de sa taille, il contrôlait de la poitrine dans la surface, passait une charnière égyptienne assommée et trompait El Shenawy de près (62).
Il ne restait alors plus qu’à tenir. Face à ce Salah-là, ce n’était pas mission impossible. Surtout à la maison, dans un stade en plein délire.
Le nouveau tsar de la Russie se nomme Denis Cheryshev: en marquant son 3e but en 2 matches mardi soir, il rejoint Cristiano Ronaldo en tête du classement des marqueurs de ce tournoi. Qui l’aurait parié?
« On a fixé des objectifs, ils ont été remplis. Ce n’est pas un accident que nous ayons deux victoires, tout le monde participe », s’est félicité Stanislav Cherchesov, sélectionneur de la Russie.
LES SUPPORTERS ÉGYPTIENS CONSTERNÉS PAR LA DÉFAITE
L’espoir né de la présence de Mohamed Salah s’est transformé en consternation chez les supporters égyptiens après la défaite mardi de leurs favoris contre la Russie (3-1), qui scelle presque l’élimination des Pharaons du Mondial-2018.
« C’est une catastrophe! Une catastrophe! », s’écrie Bassem, un étudiant de 21 ans qui porte le maillot de la sélection pour l’occasion. « Tout ça pour quoi? », se demande-t-il, abattu par le second revers en autant de rencontres de son pays.
Une défaite qui signifie quasiment l’élimination pour l’Egypte d’une Coupe de monde longtemps désirée, après une attente de 28 ans, avant un dernier match contre l’Arabie saoudite lundi.
Dans une banlieue de Giza, le grand gouvernorat voisin du Caire, des écrans, grands ou géants, avaient été installés par les cafés sur une large place publique, attirant des milliers de supporters venus soutenir leurs Pharaons.
Un spectacle inimaginable dans le centre-ville du Caire et ses alentours, où tout rassemblement d’ampleur est empêché par la police qui rode dans les rues particulièrement les soirs de grands matchs.
La présence tant attendue de Mohamed Salah, de retour de blessure, a semblé d’abord rassurer les supporters qui comptaient sur lui.
L’attaquant vedette de Liverpool, blessé en finale de la Ligue des Champions fin mai, était resté sur le banc des remplaçants lors du premier match de l’Egypte face à l’Uruguay (0-1).
« La performance était meilleure que lors du match contre l’Uruguay car il manquait Salah », se console Mohamed, lycéen de 16 ans, qui portait le maillot rouge des Pharaons.
Un énorme cri de joie a ponctué son but marqué sur penalty. Insuffisant pour rattraper les trois buts enregistrés par les Russes.
« Enorme frustration »
Entre des vendeurs de drapeaux tricolores et des pâtisseries tenues par des réfugiés syriens, les grimaces et airs d’effroi ont rapidement habillés les visages des jeunes fans de football comme des familles venues en masse.
Certains étaient attablés, d’autres fixaient les écrans en étant juchés sur les toits de voitures garées autour de la place. Les supporters voulaient voir leur rêve d’une qualification.
« Mon sentiment à cet instant, c’est la frustration, une énorme frustration », s’exclame Rasha, une jeune pharmacienne trentenaire qui garde le sourire aux côtés de ses amies toutes aussi expressives.
« Je ne m’intéresse pas beaucoup au foot mais c’est la Coupe du monde, c’est Salah », s’enthousiasme-t-elle malgré la défaite, après une soirée passée à crier « yalla! yalla! » pour encourager les Pharaons.
« Le pire c’est que maintenant on va nous comparer aux Saoudiens », ironise entre deux bouffées de chicha Abdellatif, un fonctionnaire à la retraite.
L’Arabie saoudite a été écrasée par la Russie 5-0 lors du premier match du Mondial jeudi dernier – un nouveau motif d’espoir pour les supporters, pour enfin décrocher la première victoire de l’Egypte dans une Coupe du monde.
[Afp]