samedi , 7 novembre 2020
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20 mètres carrés : Les Nano-logements de Hong Kong

Des immeubles de studios bourrés de gadgets ultra modernes sortent de terre un peu partout dans l’ancienne colonie britannique. Les promoteurs vantent une certaine manière de vivre, une facture plus abordable mais les prix restent astronomiques. On appelle ces cubes des « nano-logements »: à Hong Kong, la flambée des prix immobiliers pousse les jeunes qui travaillent à vivre dans des espaces toujours plus petits ou dans des colocations d’un genre nouveau, autant de solutions présentées comme le dernier cri en matière d’immobilier.

Adrian Law, 25 ans, travaille dans la finance. Il a déboursé plus de six millions de dollars de Hong Kong (650.000 euros) il y a deux ans pour un studio de 27 mètres carrés dans le quartier nouvellement bobo de Sai Ying Pun, dans l’ouest de l’île de Hong Kong.

Chaque étage du mince édifice de verre compte quatre appartements, dont des « nano-logements », comme sont désormais désignés les appartements de moins de 20 mètres carrés.

Adrian Law maximise son espace avec des meubles modulables. Son lit se rabat contre le mur pour céder la place à un bureau et la plupart de ses affaires sont chez ses parents.

Mais sa serrure, sa machine à laver, sa télévision sont activés par empreinte digitale et le jeune homme dit qu’il a tout ce dont il a besoin.

« Les promoteurs immobiliers vendent aux acheteurs le concept selon lequel ils n’ont besoin que d’un endroit pour dormir, que tout le reste peut être fait dehors », raconte-il à l’AFP. Il se nourrit essentiellement de plats à emporter car sa cuisine est trop petite pour espérer pouvoir confectionner sa nourriture lui-même.

Ses parents l’ont aidé pour le dépôt initial de 30% et il paye 24.000 dollars de Hong Kong de mensualités (2.600 euros), soit environ 40% de son salaire. Il y voit un investissement judicieux: « On ne peut que gagner en étant propriétaire. En louant, on dépense tout son argent pour rien. »

Tendance « malsaine »

L’immobilier hongkongais est le plus cher du monde. Le prix médian des logements est 19,4 fois supérieur aux revenus moyens, soit le pire ratio de la planète, selon l’étude 2018 réalisée par le cabinet spécialisé Demographia.

Le coût de la pierre est nourri par l’afflux d’argent des riches investisseurs du continent chinois et les promoteurs immobiliers.

Le gouvernement du territoire revenu en 1997 dans le giron de la Chine est accusé de ne rien faire pour contrôler la spirale. Plus de 60% des logements neufs de moins de 40 m2 sont achetés par des investisseurs, selon les chiffres du gouvernement de la mégapole de 7,4 millions d’habitants.

Profitant de la loi hongkongaise qui ne prévoit aucun minimum pour la taille d’une habitation, les promoteurs tentent d’élargir le marché des acheteurs en réduisant les espaces.

Ryan Ip, chercheur au cabinet Our Hong Kong Foundation, dénonce une tendance « malsaine » qui voit les promoteurs privilégier leurs bénéfices. Pour lui, la santé mentale et physique des gens va en pâtir.

A la location, les prix sont également exorbitants et l’attente pour un logement social peut aller jusqu’à cinq ans.

Selon M. Ip, la seule solution est d’augmenter les surfaces terrestres, y compris en gagnant sur la mer. Mais d’autres spécialistes de l’immobilier estiment que Hong Kong doit plutôt se servir d’anciens sites industriels ou de terrains publics.

Le gouvernement étudie tout un éventail d’options, entre îles artificielles et empiètement sur les parcs naturels chéris par les Hongkongais.

Des concepteurs imaginent de transformer des conteneurs à bateaux en logements ou de créer des endroits à vivre dans des tuyaux en béton.

En attendant, nombre de pauvres louent des appartements dits « subdivisés », c’est-à-dire débités en espaces minuscules insalubres.

Partager l’espace

Mais même pour ceux qui ont de bons revenus, se loger n’est pas facile.

Jezz Ng, 29 ans, gagne 32.000 dollars de Hong Kong par mois (3.460 euros) comme enseignante. Elle a choisi d’habiter une nouvelle résidence conçue pour la colocation. Le weekend, elle rentre chez ses parents.

Elle partage son logement avec sept autres femmes. Sa chambre, petite, accueille un lit simple et un bureau.

L’ensemble, appelé Bibliotheque, occupe un immeuble résidentiel réhabilité dans le quartier populaire de Yau Ma Tei. Le propriétaire y loue 166 lits disséminés dans 15 logements, et les loyers varient entre 3.500 et 6.200 dollars hongkongais (entre 380 et 670 euros).

Tous les locataires ont accès à des espaces communs, douches, cuisine, pièces dédiées à l’étude ou aux activités.

« Quand j’ai commencé à chercher une location, mon budget maximal était de 8.000 dollars de Hong Kong charges comprises (865 euros), mais un studio relativement décent peut facilement dépasser cette somme », explique Mme Ng à l’AFP.

En colocation, elle dépense 5.600 dollars hongkongais (605 euros) chaque mois pour se loger, ce qui lui permet de soutenir financièrement ses parents et de payer les études de sa soeur qui poursuit une maîtrise, pratique courante à Hong Kong parmi les jeunes adultes qui travaillent.

Le propriétaire Keith Wong raconte qu’il s’agit de permettre aux jeunes « d’accumuler de la richesse ».

Pour l’heure, c’est la solution idéale, poursuit Mme Ng. « Je veux un appartement mais pour le moment, je n’ai aucun moyen d’y parvenir. Même si j’ai un boulot stable avec un salaire qui augmente régulièrement, il ne rattrapera jamais les prix de l’immobilier ».

[Afp]

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