samedi , 7 novembre 2020
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Grève des transporteurs : Vive la « ligne 11 » en RDC

La grève des conducteurs des transports en commun hier lundi 21 mai à Kinshasa dans la matinée a considérablement perturbé la circulation des personnes et de leurs biens. Pour échapper à la surenchère des taxis moto dont les prix avaient automatiquement doublé, voire triplé, beaucoup de commerçants et travailleurs habitants la Tshangu n’avaient de choix que d’atteindre leurs lieux de travail respectifs à pied.

Nombreux sont des passants qui ont été contraints de parcourir de longues distances à pied hier. Ne sachant à quel saint se vouer, nombre de travailleurs, d’élèves et d’étudiants n’ont pas pu se rendre à leurs lieux d’activités respectifs.

Dès 6 heures du matin, les artères de Kinshasa affichaient déjà une atmosphère toute particulière. Des transports en commun pratiquement inexistants sur la chaussée provoquaient des masses compactes sur les arrêts de bus. Ce, au moment où il s’observait de longues colonnes de marcheurs qui empruntaient la direction du centre-ville.

LA POPULATION EN PAYE LE PRIX

Les quelques rares transports en commun qui ont osé desservir certains tronçons ont été caillassés par des conducteurs confondus dans de groupuscules de jeunes formés dans certains coins chauds de la capitale, qualifiant ainsi leurs collègues de traitres.

« Nous tenons à grever pour manifester notre mécontentement à l’endroit des autorités. Le prix du transport vient d’être revu à la baisse en laissant intact celui du carburant. Ce qui constitue un calvaire pour nous, car le montant qui nous servait à nous approvisionner en 10 litres d’essence ne sert qu’à acheter 6 à 7 litres aujourd’hui. À cela, s’ajoute la tracasserie policière dont nous sommes victimes quotidiennement », a décrié sous l’anonymat un conducteur.

« Nous avons mis une heure du temps à attendre le transport sans succès. C’est ainsi qu’on s’était décidé d’avancer à pied. Et lors qu’on s’est rendu compte qu’on était déjà au niveau de la 1ère rue Limete, on a carrément décidé de marcher jusqu’à notre destination qui était le Grand marché de Kinshasa », a confié un habitant de Kingasani.

Alors que les plus âgés avançaient à pied, les jeunes, eux, s’étaient regroupés selon les affinités pour marcher en courant et en entonnant des chansons réconfortantes, tel les sportifs en plein footing.

« Je suis arrivé à l’arrêt aux environs de 6 heures et il n’y avait aucun transport en commun. J’ai dû marcher jusqu’au niveau de Debonhomme, avant de rejoindre un groupe d’amis qui trottaient. Et comme une blague, on est finalement arrivé au centre-ville, notre point de chute », a indiqué un étudiant.

Le même constat a été fait au niveau de l’Upn, dans la commune de Ngaliema. Des élèves et étudiants sont restés cloués aux arrêts de bus jusqu’au-delà de 8 heures. « Je suis élève en 4 année littéraire au complexe scolaire Mgr Moke, à Matonge. Je n’ai pas pu atteindre mon école faute de transport. J’invite ainsi les autorités à trouver vite un arrangement avec les chauffeurs », a plaidé Grâce N.

LE MALHEUR DES UNS FAISANT LE BONHEUR DES AUTRES

L’essentiel des déplacements du commun de Kinois hier dans la matinée a été assuré par les taxis motos. Raison, peut être, pour les conducteurs de ces moyens de transport de revoir à la hausse leur tarification déjà arbitraire. Les courses qui revenaient à 500 fc, comme par exemple le tronçon Kingasani-Q1 ont été négociées à 1000fc hier.

Des itinéraires comme Pascal-Limete 7ème rue, Upn-Kintambo magasin, Terminus Lemba-Rond point Ngaba, se sollicitaient hier à entre 2000 et 2500 fc. « C’est triste de constater que J’ai dû dépenser plus de 5000 fc pour atteindre mon bureau à Gombe. Un déplacement qui, normalement, ne me coûte que 1500 fc tout au plus », s’est plaint un quinquagénaire.

C’est vers midi que les véhicules ont commencé à sortir timidement des parkings pour vider les arrêts de bus. « Nous sortons pour trouver ne serait-ce que de quoi nourrir les enfants aujourd’hui. Si rien n’est fait entre temps dans le sens de revoir à la baisse le prix du carburant à la pompe, nous observerons encore une petite grève demain dans la matinée », a confié un conducteur.

La rumeur sur la probable grève des chauffeurs circulait depuis la semaine dernière. Plusieurs chauffeurs des taxis et minibus annonçaient aux usagers de transport en commun qu’ils allaient observer un mouvement de grève de deux jours. Une promesse qui s’est matérialisée hier, malgré la mise en garde, la veille, du président provincial de l’Association des chauffeurs du Congo (ACCO).

Jean Mutombo avait démenti à la Radiotélévision nationale Congolaise (RTNC) un quelconque mouvement de grève tout en invitant ses collègues à vaquer normalement à leurs activités.

D’après lui, l’ACCO serait en pourparlers avec les autorités de la ville pour trouver un terrain d’attente sur les questions qui préoccupent les chauffeurs.

[Orly-Darel NGIAMBUKULU]

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