samedi , 7 novembre 2020
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Syrie : Les jihadistes chassés de Damas

Le régime de Bachar al-Assad a repris lundi le contrôle « total » de Damas et ses environs pour la première fois depuis 2012, après une bataille féroce remportée contre le groupe jihadiste Etat islamique (EI) chassé de son dernier réduit dans la capitale syrienne.

En deux jours, plus d’un millier de jihadistes ont été évacués de secteurs et du camp de réfugiés palestiniens de Yarmouk dans le sud de Damas, permettant l’entrée des forces prorégime dans ces zones soumises depuis plus d’un mois à des bombardements, selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH).

Les unités de l’armée ont « réussi à exterminer un grand nombre de combattants du groupe terroriste Daech, ce qui leur a permis de prendre le contrôle de Hajar al-Aswad et de Yarmouk », a déclaré un porte-parole militaire syrien, en utilisant un acronyme en arabe de l’EI.

« Damas et ses environs sont désormais totalement sécurisés », a-t-il proclamé, plus d’un mois après la reprise aux rebelles de la totalité de la Ghouta orientale, une vaste région près de Damas cible elle aussi pendant des semaines de bombardements aériens dévastateurs du régime.

En un mois d’offensive dans le dernier réduit repris à l’EI, plus de 250 membres des prorégime ont été tués, ainsi que 233 jihadistes et plus de 60 civils, selon l’OSDH qui dispose d’un vaste réseau de sources dans le pays en guerre.

Les combats au sol, accompagnés d’un déluge de feu de l’aviation et de l’artillerie du régime, ont également provoqué des destructions colossales.

Au milieu des amas de ruines dans le camp de Yarmouk et à Hajar al-Aswad, des soldats tiraient en l’air ou faisaient le V de la victoire, a constaté un correspondant de l’AFP emmené avec d’autres journalistes dans une tournée organisée par le ministère de l’Information.

La dernière bataille à Damas

Des colonnes de fumée se dégageaient toujours de certains secteurs, tandis que des voitures et des immeubles étaient encore en feu.

« C’était la dernière bataille à Damas. Je me sens très heureux », a déclaré à l’AFP le lieutenant Mohsen Ismaïl.

Selon l’OSDH, « 1.600 combattants et civils » ont été évacués vers une région désertique contrôlée par l’EI dans l’est du pays.

Depuis septembre 2015 et l’intervention militaire de l’allié russe, le régime syrien a multiplié les victoires face aux rebelles et jihadistes, grâce aussi à l’aide de l’Iran et du Hezbollah libanais. Il contrôle désormais plus de 60% du territoire.

Les provinces d’Idleb (nord-ouest) et celle de Deraa (sud) continuent de lui échapper.

Avant le déclenchement du conflit syrien en 2011, quelque 160.000 personnes vivaient à Yarmouk, le plus grand camp de réfugiés palestiniens en Syrie. Seules quelques centaines y résident encore.

L’opération d’évacuation a débuté dimanche, après un cessez-le-feu entre le régime et l’EI, selon l’OSDH.

Le gouvernement syrien n’a pas confirmé l’existence d’un accord avec l’EI.

Loin des médias

Selon M. Abdel Rahmane, l’opération a eu lieu « dans le secret » et loin des médias pour s’assurer que le convoi de jihadistes ne serait pas visé par des bombardements de la coalition internationale menée par Washington qui combat l’EI dans l’est syrien.

Une évacuation négociée de jihadistes, comme celle qui avait été coordonnée en août par le Hezbollah depuis le Liban vers l’est syrien, pourrait être dénoncée comme un simple déplacement du problème que pose la présence de l’EI en Syrie.

L’EI ne contrôle plus que moins de 3% du territoire syrien. Dans l’est de la province orientale de Deir Ezzor, le groupe jihadiste perd aussi du terrain face à une alliance arabo-kurde soutenue par des troupes françaises et américaines présentes au sol, selon l’OSDH.

Cette alliance des Forces démocratiques syriennes a annoncé début mai le lancement de la phase « finale » de son offensive contre l’EI, dans cette région reculée et désertique frontalière de l’Irak.

La guerre en Syrie, qui a fait plus de 350.000 morts, a éclaté en 2011 après la répression sanglante de manifestations pacifiques en faveur de réformes avant de se complexifier au fil des ans avec l’implication de groupes jihadistes et de puissances étrangères.

SCÈNES D’APOCALYPSE DANS LE CAMP DE YARMOUK

Un paysage apocalyptique s’étend du camp de Yarmouk au quartier de Hajar al-Aswad à Damas: au milieu des amas de ruines, des soldats syriens tirent en l’air pour célébrer la victoire après une bataille remportée contre les jihadistes.

Dans les rues, les immeubles témoignent de l’intensité des combats, a constaté un correspondant de l’AFP dans le cadre d’une tournée de presse organisée par le ministère de l’Information.

A certains endroits, les monticules de béton et de pierre bloquent totalement le passage des piétons. Les quelques voitures ayant tenté l’impossible à travers les amas de ruines ont été contraintes de rebrousser chemin.

Des colonnes de fumée se dégagent toujours de certains secteurs, tandis que des voitures et des immeubles sont encore en feu.

Les combats ont été marqués par un déluge de raids aériens et de tirs d’artillerie ayant fait 250 morts parmi les forces prorégime, contre 233 jihadistes et plus de 60 civils tués, selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH), qui dispose d’un vaste réseau de sources dans le pays en guerre.

Au milieu de ce chaos, des soldats syriens, aux visages marqués par l’épuisement et couverts de poussière, s’allongent à même le sol. L’un d’eux a la main en sang.

Dans le « quartier 30 » du camp de Yarmouk, d’autres soldats ayant investi les lieux après la défaite du groupe Etat islamique (EI), jubilent, affirmant espérer le retour définitif de la sécurité et de la paix à Damas, place forte du régime.

« C’était la dernière bataille. Je me sens très heureux », confie à l’AFP le lieutenant Mohsen Ismail.

« Damas redeviendra comme avant. J’espère que nous oublierons ces heures d’obus et de sang. La victoire nous fera tout oublier », ajoute ce responsable militaire de 22 ans.

Dormir tranquilles

Le régime de Bachar al-Assad a annoncé lundi contrôler « totalement » Damas et ses environs pour la première fois depuis 2012, après avoir chassé les jihadistes du groupe Etat islamique (EI) de leur dernier réduit dans la capitale syrienne, au terme d’un mois d’une vaste offensive.

La télévision d’Etat a retransmis, en début d’après-midi, des images de soldats tirant en l’air et agitant des drapeaux syriens pour marquer la victoire.

« Hier (dimanche), nous étions à l’assaut d’un immeuble. Cinq de mes collègues ont étés tués par des francs-tireurs », raconte Mohsen Ismail.

« La bataille ici était différente de toutes les autres. Ils ont compté davantage sur les suicidaires, qui se faisaient exploser lorsqu’ils étaient coincés pour ne pas capituler », ajoute-t-il.

« Quand je suis arrivé de Jobar (autre quartier de Damas, ndlr) et que j’ai vu tout cela, je me suis dit que je n’en sortirais pas vivant ».

Le lieutenant affirme avoir échappé de justesse à la mort. « J’étais avec un officier au milieu d’un complexe d’immeubles que nous venions de conquérir. Mon collègue a été tué par un franc-tireur qui, par la suite, a visé durant une heure la colonne derrière laquelle je m’étais caché ».

« J’ai senti que je vivais les derniers moments de ma vie avant que d’autres soldats réussissent à me tirer de ma cachette », raconte-t-il.

Selon Wissam, un autre soldat âgé d’une vingtaine d’années, la difficulté de la bataille résidait dans l’exiguïté des rues et la proximité des immeubles les uns des autres, en sus d’un grand nombre de francs-tireurs dans cette zone congestionnée.

Mais le plus important selon lui est que « les gens peuvent désormais dormir tranquilles ».

La reconquête de l’ultime fief de l’EI à Damas couronne une série de gains territoriaux dans la capitale et ses environs au cours des derniers mois.

Avant le déclenchement du conflit syrien en 2011, quelque 160.000 personnes vivaient à Yarmouk, le plus grand camp de réfugiés palestiniens en Syrie. Seules quelques centaines y résident encore.

[Afp]

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