samedi , 7 novembre 2020
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Iran : La « nouvelle stratégie » des Etats-Unis

Les Etats-Unis ont menacé l’Iran de sanctions « les plus fortes de l’Histoire » si Téhéran ne se plie pas à leurs conditions draconiennes pour conclure un « nouvel accord » beaucoup plus vaste. « L’Iran n’aura plus jamais carte blanche pour dominer le Moyen-Orient », a déclaré lundi le chef de la diplomatie américaine. « Qui êtes-vous pour décider pour l’Iran et le monde? L’époque de telles déclarations est révolue », a réagi le président iranien Hassan Rohani.

Les Etats-Unis ont menacé l’Iran de sanctions « les plus fortes de l’Histoire » si Téhéran ne se plie pas à leurs conditions draconiennes pour conclure un « nouvel accord » beaucoup plus vaste, après le retrait américain controversé du texte sur le nucléaire iranien.

« L’Iran n’aura plus jamais carte blanche pour dominer le Moyen-Orient », a déclaré lundi le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo en présentant la « nouvelle stratégie » des Etats-Unis après la décision fracassante annoncée le 8 mai par Donald Trump.

« Qui êtes-vous pour décider pour l’Iran et le monde? L’époque de telles déclarations est révolue », a réagi le président iranien Hassan Rohani — un modéré que le secrétaire d’Etat américain a tenu à mettre, dans son discours, sur le même plan que les durs du régime.

Le « non » américain à l’accord conclu en 2015 par les grandes puissances (Etats-Unis, Russie, Chine, France, Royaume-Uni et Allemagne) avec le régime de Téhéran pour l’empêcher de se doter de la bombe atomique a suscité la colère des Européens, qui avaient tenté, en vain, de négocier avec Washington des solutions pour le « durcir » et s’attaquer aux autres comportements iraniens jugés « déstabilisateurs » dans la région.

Cette décision induit le rétablissement total des sanctions américaines, avec un effet collatéral dénoncé par le Vieux Continent: les entreprises européennes devront abandonner leurs investissements iraniens si elles veulent garder l’accès au marché américain.

L’Union européenne attendait donc le discours de Mike Pompeo.

Or le secrétaire d’Etat américain, connu pour sa ligne dure, ne leur a pas vraiment tendu la main. Il a réclamé le « soutien » des alliés des Etats-Unis à sa stratégie, et, tout en reconnaissant les difficultés des entreprises européennes, il a fermement prévenu: celles qui continueront de faire affaire en Iran dans des secteurs interdits par les sanctions américaines « seront tenues responsables ».

Dans son discours, l’ex-directeur de la CIA a assuré que les Etats-Unis allaient exercer une « pression financière sans précédent sur le régime iranien », avec « les sanctions les plus fortes de l’Histoire ». Les récentes annonces ne sont « que le début ».

Il a aussi promis de « traquer les agents iraniens et leurs supplétifs du Hezbollah à travers le monde pour les écraser ». Le ministère américain de la Défense a parallèlement envisagé de prendre de « nouvelles mesures » pour contrer l’influence iranienne au Moyen-Orient.

Douze conditions

Mike Pompeo a toutefois affiché une possible ouverture à l’égard du régime iranien, se disant prêt à négocier avec lui un « nouvel accord » beaucoup plus vaste et beaucoup plus strict pour qu’il « change d’attitude ».

« En échange de changements majeurs en Iran, les Etats-Unis sont prêts » à lever, à terme, leurs sanctions et à « rétablir l’ensemble des relations diplomatiques et commerciales ».

Mais cela n’interviendra qu’après des « évolutions concrètes, prouvées et sur la durée » sur douze conditions draconiennes présentées par le secrétaire d’Etat.

Sur le volet nucléaire, les demandes américaines vont bien au-delà de l’accord de 2015: l’Iran doit reconnaître la dimension militaire passée de son programme; cesser tout enrichissement d’uranium et fermer son réacteur à eau lourde; donner aux inspecteurs internationaux accès sans conditions à tous les sites du pays.

Téhéran, a-t-il poursuivi, doit aussi mettre fin à la prolifération de missiles balistiques et aux développement et essais de missiles à capacité nucléaire.

Enfin, la République islamique doit se retirer de Syrie où elle soutient le régime de Bachar al-Assad, cesser de soutenir des groupes « terroristes » (Hezbollah libanais, Jihad islamique palestinien, talibans afghans et Al-Qaïda), de s’ingérer dans les conflits ou les affaires de ses voisins (au Yémen, en Irak ou au Liban), ou d’en menacer d’autres, comme Israël ou l’Arabie saoudite, a énuméré Mike Pompeo.

« L’idée d’un traité iranien géant me semble très difficile » et « pas très facile à réaliser dans des délais vaguement raisonnables », a prévenu son homologue britannique Boris Johnson depuis une réunion du G20 en Argentine.

Ces douze conditions « peuvent sembler irréalistes », a reconnu Mike Pompeo, mais ce sont des demandes « basiques ». « Au bout du compte, le peuple iranien devra faire un choix sur ses dirigeants », a-t-il lancé.

Ces derniers propos « soulignent à quel point la stratégie américaine est explicitement celle d’un changement de régime », a commenté Suzanne Maloney, chercheuse à la Brookings Institution. Selon elle, l’administration Trump « pense pouvoir obtenir des concessions maximalistes en utilisant, de manière unilatérale et malgré l’opposition de nos alliés, les mêmes outils déployés avec un vaste soutien international » avant 2015.

Au contraire, cette « pression maximale », qui rappelle la stratégie pour la Corée du Nord, a été saluée par des analystes conservateurs comme Mark Dubowitz, du think tank Foundation for Defense of Democracies.

[Afp]

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