samedi , 7 novembre 2020
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Cannes : Tapis rouge pour les femmes après le scandale Weinstein

Penélope Cruz en star de la montée des marches, avant le coup d’envoi donné par Martin Scorsese et la présidente du jury Cate Blanchett, féministe engagée : le Festival de Cannes a déroulé mardi soir le tapis rouge aux femmes pour sa première édition après le scandale Weinstein. Accusé de harcèlement sexuel, agressions ou viol par une trentaine de femmes, Harvey Weinstein, a été exclut par l’Académie des Oscars en Octobre 2017.

« Nous partageons une passion pour le cinéma, nous sommes tous ici pour célébrer le 7e art », a déclaré le réalisateur de « Taxi Driver », avant de demander à Cate Blanchett, vêtue d’une robe noire, de le rejoindre sur scène pour ouvrir officiellement les douze jours de festivités.

« Mesdames, mesdames, mesdames, messieurs… », a salué l’actrice australienne, en clin d’oeil à cette journée très féminine, qui a vu Cannes reprendre ses habits de lumière, avec photographes et badauds massés devant le Palais des festivals pour ne pas rater le couple glamour Penélope Cruz-Javier Bardem… Mais sans selfies, interdits cette année sur le tapis rouge.

Quelques heures plus tôt, Cate Blanchett avait souhaité « un changement profond » des mentalités, lors de la conférence de presse du jury, aux côtés notamment de l’actrice française Léa Seydoux, la comédienne américaine Kristen Stewart, sa compatriote la réalisatrice Ava DuVernay, ainsi que les réalisateurs Robert Guédiguian et Denis Villeneuve.

« Est-ce que j’aimerais voir plus de femmes en compétition ? Tout à fait. Est-ce que cela va arriver prochainement ? Je l’espère », a affirmé la star australienne, figure de la lutte contre le harcèlement sexuel à travers la Fondation Time’s Up.

Polanski à contre-courant

Chose rare, le jury cannois est majoritairement féminin pour cette édition dont le producteur américain Harvey Weinstein, un grand habitué de la Croisette aujourd’hui accusé de harcèlement sexuel ou de viols par une centaine de femmes, sera l’un des grands absents. Même s’il sera évidemment dans tous les esprits.

Signe de cette nouvelle ère, le Festival distribue un flyer rappelant les peines encourues pour harcèlement sexuel, avec un numéro de téléphone (+33 (0)4.92.99.80.09) pour toute victime ou témoin. Avec un mot d’ordre : « comportement correct exigé ». Il organisera aussi samedi une montée des marches 100% féminine, « dédiée aux femmes du cinéma, une centaine », a indiqué Thierry Frémaux, le délégué général du Festival.

A contre-courant de cet élan à Cannes, le cinéaste franco-polonais Roman Polanski a qualifié le mouvement #MeToo d' »hystérie collective » et d' »hypocrisie », dans une interview à l’édition polonaise de cette semaine de Newsweek. Des propos accordés au journal avant que l’Académie des Oscars ne l’expulse le 3 mai pour une relation sexuelle illégale avec une mineure de 13 ans survenue en 1977.

Cinéastes sous surveillance

Après la cérémonie d’ouverture, présentée par l’acteur et réalisateur français Edouard Baer, la soirée s’est poursuivie avec la projection d' »Everybody Knows » de l’Iranien Asghar Farhadi avec Penélope Cruz et Javier Bardem, premier film en lice pour la Palme d’or qui sera décernée le 19 mai.

Ce film du réalisateur d' »Une Séparation », habitué de la Croisette, réunit les deux vedettes espagnoles dans un drame familial aux allures de thriller.

Parmi les 21 longs métrages en lice pour la Palme d’or figureront notamment le dernier opus de la légende Jean-Luc Godard, celui de l’Américain Spike Lee, de retour 27 ans après « Jungle Fever », mais aussi ceux du Russe Kirill Serebrennikov et de l’Iranien Jafar Panahi, cinéastes sous surveillance dans leur pays, qui ne pourront pas venir sur la Croisette.

En signe de soutien au cinéaste russe, la ministre française de la Culture Françoise Nyssen a monté les marches avec les producteurs de son film, « Leto » (« L’été »), qui sera projeté mercredi soir. « Nous ne pouvons que manifester notre opprobre forte par rapport à cette situation, et notre inquiétude », a-t-elle indiqué à l’AFP.

Avide de renouvellement, le Festival accueillera dix réalisateurs en lice pour la première fois pour la prestigieuse Palme d’or, dont la Libanaise Nadine Labaki – l’une des trois femmes en compétition – l’Egyptien A.B.Shawky, avec un premier film, ou les Français Eva Husson et Yann Gonzalez.

Il sera aussi question d’engagement avec la projection dans une section parallèle mercredi du premier film kényan jamais sélectionné, « Rafiki ». Une histoire d’amour entre femmes, censurée au Kenya.

[avec Afp]

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