Les professionnels des médias ont été à l’honneur jeudi 3 mai, à travers le monde. Ce, à l’occasion de la Journée internationale consacrée à la liberté de la presse. Ainsi, comme un rituel, le 3 mai de chaque année, n’est pas un jour ordinaire pour tous ceux qui ont choisi le métier de journaliste. Bien au contraire. La date du 3 mai offre l’opportunité à chaque loge des hommes de médias de faire un état des lieux sans complaisance de leur profession.
En RD Congo, la célébration de la Journée internationale de la liberté de la presse charrie en elle, quantité de questions. Mais sans réponse dans la plupart des cas. Souvent, on pose le même diagnostic. Chaque année, les plaintes des journalistes rd congolais sont les mêmes. Hier comme aujourd’hui, les revendications des chevaliers de la plume et du micro en RD Congo ne changent pas d’un iota. A plus d’une occasion, tous ont plusieurs fois réclamé et le réclament encore la dépénalisation du délit de presse. A plus d’une fois aussi, les professionnels des médias en RD Congo ont réclamé une véritable croisade contre les » moutons noirs « . Entendez par-là, des personnes sans profil requis rentrés dans la profession par effraction.
Toujours dans le même registre de leurs désidératas, les journalistes congolais n’ont de cesse de plaider pour l’aide directe et indirecte de l’État à la presse. Le tout, dans le souci de l’avènement de grands groupes de presse fiables, comme sous d’autres cieux. Cependant, les réalités sur le terrain renseignent que rien n’est encore effectif à ce jour. Les subventions de l’Etat aux organes de presse relèvent encore du rêve. Des » moutons noirs » paissent dans le métier, comme dans un pâturage sans maitre ni norme.
A bien des égards, les revendications des journalistes congolais n’appellent aucune restriction. Que les professionnels des médias en appellent à l’aide de l’Etat, il n’y a rien d’illégitime, d’autant plus que la loi sur la presse le prévoit.
QUAND L’ECONOMIE DU PAYS VA MAL
Cependant, une question fondamentale se pose. » Comment peut-on prétendre rêver d’une presse prospère en RD Congo dans un contexte de précarité économique ? » En d’autres termes, peut-on rêver d’un ilot, florissant dans un océan de misère ? La métaphore est donc sans équivoque. Ici comme ailleurs, nulle presse ne peut prétendre vivre de la vente au numéro.
La presse, doit-on le souligner, vit essentiellement de la manne publicitaire. Il s’avère cependant, qu’en RD Congo, cet avantage inespéré est de plus en plus rare. Cette rareté, ajoutée à l’absence de subvention de l’Etat, fait que la presse soit d’avantage asphyxiée. Dans ces conditions, pour légitime qu’elle soit, la fiabilisation des maisons de presse réclamée à cor et à cri, devient un pari irréalisable. Voire un tantinet irréaliste. Bref, de toutes les revendications des professionnels des médias en RD Congo, il n’y a encore rien de concret à ce jour. Comme pour dire, la thérapie prescrite pour guérir les maux dont souffre la presse congolaise, reste une solution sur papier.
De même qu’un aide-malade, prescriptions médicales à la main, fait le tour des pharmacies, les différentes associations de la corporation des journalistes en RDC « trimballent » ou gardent dans leurs tiroirs, des centaines de pages jaunies de recommandations issues de leurs différents collogues, ateliers, séminaires … sur la presse.
Sans doute, le plaidoyer des hommes des médias rd congolais reste légitime. Ce, dans la mesure où ces différentes requêtes traduisent ou procèdent de leur volonté de révolutionner le métier de journaliste dans un pays aux dimensions continentales, potentiellement riche, mais avec la majorité de la population qui vit en-dessous du seuil de pauvreté.
De l’avis de plus d’un analyste, la presse rd congolaise, comme celle de la plupart des pays du Sud, est en proie d’abord à l’environnement général des nations concernées. D’où, l’impératif d’une approche holistique de la situation. Moralité, on ne peut pas se recroqueviller comme dans une tour d’ivoire pour parler presse. Ou plus exactement son développement, sans tenir compte de tous les autres paramètres qui concourent à son essor. Sinon, on irait de réunions en réunions, de colloques en colloques, de séminaires en séminaires, de journées de réflexion…avec les mêmes diagnostics et doléances. Mais qui demeureront sans suite.
Tout bien considéré, la prospérité de la presse en RD Congo ne tient pas seulement aux moyens matériels et financiers. Mais aussi aux ressources humaines. Ce dernier facteur nous pousse à se poser plusieurs questions. Mais la plus prégnante est de savoir : « comment peut-on rêver d’une presse prospère en RD Congo au regard de la baisse criante niveau de l’enseignement, traduite par la qualité même des journalistes, produits des écoles de Journalisme en RD Congo. Le mal est donc profond et général. D’où, l’obligation de chercher également des solutions intégrées, à l’aune de la situation générale du pays.
[Laurel KANKOLE]