samedi , 7 novembre 2020
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Retraites : Une réforme qui crée le chaos au Nicaragua

Les violentes manifestations contre une réforme des retraites ont fait selon une ONG plus de vingt morts au Nicaragua, où affrontements et pillages se poursuivaient dimanche pour la cinquième journée consécutive.

Ces troubles, les plus graves depuis l’arrivée au pouvoir du président Daniel Ortega il y a onze ans, ont commencé mercredi dans un grand nombre de villes du pays. Les manifestants s’opposent à une réforme visant à augmenter les contributions des employeurs comme des salariés et à baisser de 5% le montant des retraites afin de réduire le déficit de la Sécurité sociale (76 millions de dollars), sur recommandation du Fonds monétaire international.

« Nous estimons que le nombre de morts dépasse vingt, mais nous sommes en train de vérifier car il y a beaucoup de désinformation. La situation est vraiment grave et cela réduit nos possibilités de confirmer », a déclaré à l’AFP la présidente du Centre nicaraguayen des droits de l’homme (Cenidh), Vilma Nuñez.

Sollicités par l’AFP pour confirmer ce chiffre, ni le gouvernement, ni la police n’ont répondu. Le dernier bilan officiel dénombrait dix morts vendredi, tandis que le quotidien La Prensa a fait état de plus de 30 morts, mais sans citer de source.

De nouveaux affrontements entre jeunes manifestants et policiers anti-émeutes ont éclaté à Managua après un discours télévisé du président Ortega samedi soir. Les protestataires ont dressé des barricades dans les rues et lancé des pierres sur les policiers qui ont riposté avec des gaz lacrymogènes.

Au cours de cette allocution, le président a lancé un appel au dialogue. Mais il a aussi affirmé que les manifestations étaient soutenues par des groupes politiques hostiles à son gouvernement et financés par des organisation extrémistes américaines, sans toutefois les identifier.

Leur but est de « semer la terreur, semer l’insécurité », « détruire l’image du Nicaragua » après « onze ans de paix » afin de « prendre le pouvoir », a-t-il martelé.

Centres commerciaux pillés

Les rues de Managua étaient jonchées de débris dimanche matin, selon des journalistes de l’AFP sur place qui ont aussi assisté à des scènes de pillage. Les habitants se pressaient vers les magasins et supermarchés pour constituer des stocks de provisions.

Dans les villes de Leon et Masaya, près de Managua, des bâtiments publics ont été mis à sac, des véhicules incendiés et des centres commerciaux pillés, selon le gouvernement. Des soldats armés de fusils ont été déployés devant les bâtiments administratifs.

Un caméraman nicaraguayen, Miguel Ángel Gahona, a été tué par balles samedi dans la ville de Bluefields (est) alors qu’il tournait des images d’affrontements entre manifestants et policiers, selon des sources syndicales.

Selon un communiqué officiel, un policier de 33 ans a été également été tué par un coup de feu samedi dans le secteur de l’Université Polytechnique (UPOLI) à Managua.

A Rome, le pape François a appelé les Nicaraguayens à « cesser toute violence », à « éviter que le sang coule de façon inutile » et à résoudre le conflit « pacifiquement et avec le sens des responsabilités ».

Les opposants à la réforme des retraites ont annoncé dimanche une nouvelle marche en direction de l’UPOLI, point névralgique de la contestation, où des centaines d’étudiants se sont retranchés.

Il s’agit des manifestations les plus violentes au Nicaragua depuis l’arrivée au pouvoir de Daniel Ortega.

« On n’avait pas vu cela depuis des années au Nicaragua », a commenté à l’AFP l »ancien ambassadeur nicaraguayen aux Etats-Unis Carlos Tünnerman.

Le fait que les protestations aient lieu « dans presque toutes les villes du pays, dans toutes les universités et qu’elles aient été réprimées dans la violence par le gouvernement signifie qu’il existe un malaise dans la population pas seulement à cause des réformes, mais à cause de la façon dont le pays a été gouverné », a-t-il expliqué.

Selon les analystes, la population du Nicaragua est exaspérée par les hausses permanentes des tarifs de l’électricité et du carburant, les suppressions de postes dans le secteur public et la réduction des aides sociales liées à la diminution de l’aide apportée depuis des années par le Venezuela, lui aussi plongé dans une grave crise économique et politique.

[Afp]

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