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Antoine-Felix Tshilombo Tshisekedi, president national de l'UDPS/Tshisekedi.
Antoine-Felix Tshilombo Tshisekedi, president national de l'UDPS/Tshisekedi.

UDPS : Que va-t-il dire qu’on n’a pas encore entendu ?

Mardi 24 avril 2018, Félix Antoine Tshisekedi, élu Président de l’Udps et proclamé candidat à la présidentielle du 23 décembre 2018, annonce la tenue d’un meeting sur la place Sainte Thérèse à N’djili. Ce sera sa toute première sortie à la tête de ce parti dont l’histoire a été si souvent mêlée à la vie d’Etienne Tshisekedi, son père, décédé le 1er février 2017, à la Clinique Sainte Elisabeth à Bruxelles. Que va-t-il dire qu’on n’a pas encore entendu ? S’interrogent les observateurs.

Le 31 juillet 2016, Etienne Tshisekedi, de son vivant, tint son dernier meeting sur le terrain situé en face du stade de martyrs et juste à côté du Boulevard Triomphal. Il revenait de Bruxelles, après un long séjour médical. Dans son message, le Sphinx, redistribuant les cartes, diabolisa Edem Kodjo, l’ex-Premier Ministre désigné par l’Union Africaine et soutenu par un Groupe International d’Accompagnement au Dialogue, et jeta l’anathème sur les assises envisagées en son temps, à la Cité de l’Union Africaine, sur les hauteurs de Mont-Ngaliema.

Le 18 octobre 2016, un Accord fut signé et quelques jours après, Samy Badibanga Ntita, un ancien Conseiller Spécial de Tshisekedi, fut nommé à la tête du gouvernement pour des élections projetées, au plus tard, fin avril 2018.

Le 8 décembre 2016, de nouvelles discussions directes, officiées par les Evêques, s’ouvrirent au Centre Interdiocésain, à la Gombe, sous un format réduit. Celles-ci accouchèrent, à leur tour, d’un Accord dit de la Saint Sylvestre, signé le 31 décembre 2016 qui prévoyait notamment, la tenue des élections au 31 décembre 2017, au plus tard, la désignation d’un Premier Ministre issu du Rassemblement, la décrispation politique, la redynamisation de la CENI et du CSAC et, enfin, le maintien de l’actuel Président, Joseph Kabila Kabange, comme d’ailleurs, de toutes les institutions à mandat électif, à leurs postes jusqu’à l’installation effective de leurs successeurs élus. Ce même Accord de la Saint Sylvestre prévoyait également, la création des conditions favorables à la tenue d’élections inclusives, transparentes, crédibles, justes, et démocratiques. Ceci transitait par la réouverture des médias proches de certains opposants, la fin des tracasseries judiciaires, fiscales ou administratives.

Mais, au fil des jours, l’application de l’Accord fut confrontée à l’épreuve de la mort de Tshisekedi, le 1er février 2017, à l’éclatement du Rassemblement ainsi qu’à la problématique de la désignation du Premier Ministre et du rôle de la CENCO pendant la transition.

Surprise

Le 7 avril 2017, à la grande surprise générale, Bruno Tshibala Nzenzhe, un ancien disciple de Tshisekedi, fut, lui aussi, nommé Premier Ministre à la tête d’un nouveau gouvernement dont le bail de son prédécesseur, Samy Badibanga Ntita, n’aura que trop peu duré.

Fin décembre 2017, les élections, pourtant, réclamées dans le sang, n’eurent pas lieu. Un calendrier publié par la CENI, le 5 novembre 2017, annonçait, plutôt, la tenue de la présidentielle couplée aux législatives nationales et provinciales en une séquence et en un jour, le 23 décembre 2018.

Alors que la dépouille mortelle de son père, Etienne Tshisekedi, n’a été ni rapatriée à Kinshasa, ni inhumée à N’sele, conformément à l’accord de principe dégagé entre sa famille biologique et politique et, les autorités congolaises, voici que le fils, Félix Antoine Tshisekedi, est désigné Président, le 31 mars dernier. Il arrive au moment où les enjeux sont de taille à l’interne tout comme à l’externe de l’Udps. Ses défis, doit-on l’imaginer, sont multiples. Alors que les moyens sont limités. Comment sauver les meubles, dès lors qu’il a déclaré, à l’issue de son élection, qu’il était apte à conduire les Udpsiens, quelles que soient leurs positions, à la victoire, à la conquête du pouvoir d’Etat, à ce rêve croisé de tous leurs fondateurs de l’Udps, morts ou vifs ?

Nostalgie ?

Le 24 avril, date historique choisie, rappelle bien le jour où le Maréchal Mobutu Sese Seko prit le courage, pleura et abandonna la barque du MPR dont il fut, des décennies durant, le Président-Fondateur, le guide, le timonier, le léopard intrépide ou, alors, l’Aigle de Kawele.

Il lança, ce jour-là, le mémorable processus de démocratisation avec, à la clé, l’éclosion du multipartisme politique et syndical en RD. Congo. L’homme à la toque du léopard n’eut plus, à corps défendant, le temps de résister contre le vent de la perestroïka, ni à celui de la glasnost, venu de l’Est, juste après la fin de la guerre froide.

Aujourd’hui, 28 ans plus tard, pourquoi l’Udps revient-elle sur cette date et la fait remonter à la surface ? Selon un des cadres, le parti d’Etienne Tshisekedi, pour avoir été au front contre toutes les dictatures, aurait intérêt à en tirer des leçons, à orienter les choix du peuple et, même, à donner des mots d’ordre à ses combattants. Donc, ce n’est ni un hasard, ni une masturbation politique. Bien, par contre, un temps fort pour renforcer son ancrage dans les coins et recoins du pays. Mais, aussi, pour réchauffer les batteries en vue des échéances électorales à venir.

Clin d’œil

L’Udps a-t-elle obtenu l’autorisation pour la tenue de ce meeting ? Là-dessus, l’on renseigne qu’il s’agirait simplement d’informer les autorités. Comme pour dire que les dispositions seront prises, dans ce sens-là. Est-ce que les autorités congolaises l’entendront-elles de la même oreille ? Pas si sûr. Du moins, un clin d’œil dans un passé récent, laisse entrevoir un mardi 24 avril difficile à N’djili, si jamais l’entente n’était pas au rendez-vous entre l’Udps et les légats de l’Etat commis à la tâche.

[LPM]

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