samedi , 7 novembre 2020
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MLC – PALU : Un mariage contre nature sans lendemain

Que peut-on réellement dire, à ce stade, du rapprochement envisagé entre le MLC et le PALU ? Selon les observateurs politiques avertis, il s’agit d’un mort-né, d’un mariage contre nature sans lendemain. En effet, rien ne peut rapprocher le MLC du PALU. Le MLC étant libéral, sa culture et sa vision politiques sont différentes de celles du PALU, membre de la grande famille socialiste mondiale. Le MLC se révèle comme la caisse de résonnance des intérêts étrangers en République Démocratique du Congo. Son programme politique fait la part belle à l’impérialisme international. Par contre, le PALU est un parti de gauche qui fonde sa politique sur le nationalisme et la défense des intérêts du peuple congolais. Si le MLC est le prolongement de l’action politique mobutiste, il n’en est pas du PALU qui assure la continuité de la lutte pour une vraie indépendance nationale pour laquelle beaucoup de ses célèbres fondateurs ont donné de leur vie sous les coups de boutoir des impérialistes. Tout les oppose. Donc, tout les sépare, même si la politique nous réserve souvent de surprises. Le rapprochement MLC-PALU est-il guidé par l’idée d’avoir un bloc de l’Ouest en vue de résister au bloc de l’Est ? Tout est possible. Néanmoins, l’alliance MLC-PALU serait-t-elle nouée, selon ce qui se murmure, pour torpiller l’application de l’accord du 31 Décembre 2016 ?

Vendredi dernier, un pavé a été jeté dans le microcosme politique congolais. En effet, un communiqué de presse signé le même jour par le MLC et le PALU, a révélé le rapprochement amorcé entre le Mouvement de Libération du Congo (MLC) de Jean-Pierre Bemba, actuellement emprisonné par la Cour Pénale Internationale (CPI) à La Haye et le Parti Lumumbiste Unifié (PALU) du patriarche Antoine Gizenga Fundji.

Au lendemain de cette rencontre où les deux camps se sont montrés plutôt enthousiastes à la sortie et devant la presse, plusieurs questions taraudent l’esprit des observateurs politiques avertis. Est-ce la fin du couple PALU-MP ? Est-ce vrai que le Président Joseph Kabila est lâché par le vieux Antoine Gizenga Fundji ? Est-ce normal qu’un parti libéral, en l’occurrence le MLC, convole en justes noces avec un parti de gauche, notamment le PALU, récemment admis comme membre observateur à l’Internationale Socialiste ? Est-ce l’échec de l’ambitieux projet de construction de la gauche congolaise, annoncé par le PALU, lequel projet n’a jamais malheureusement vu le jour ? Etc.

Analysons ensemble la situation sans complaisance. Au début était l’accord Kabila-Gizenga. Avant le second tour de l’élection présidentielle de 2006, le mariage fut scellé entre le Président Joseph Kabila, candidat indépendant sorti premier, et le candidat malheureux Antoine Gizenga Fundji du PALU, classé troisième. Cette alliance a permis, faut-il le souligner, au Président Joseph Kabila de battre son challenger de l’époque, Monsieur Jean-Pierre Bemba, au second tour. Le Président Joseph Kabila étant de gauche comme le Patriarche Antoine Gizenga, les deux alliés ont tout fait pour sauver les meubles. De 2006 à 2016, l’alliance Kabila-Gizenga a tenu ses promesses et surmonté plusieurs obstacles, volontaires et involontaires. Le Président Joseph Kabila a, en ce qui le concerne, rempli sa part du contrat.

Conformément à l’accord du Grand Hôtel de Kinshasa de 2006, le PALU a occupé la Primature et géré le gouvernement de la République entre 2007 et 2012. Grâce à cette alliance, le Secrétaire Général du PALU, Antoine Gizenga retrouva le chemin de l’Hôtel du Gouvernement 46 ans après le premier gouvernement congolais de Patrice-Emery Lumumba où il occupa le poste de Vice-Premier Ministre sans portefeuille. Devant prendre sa retraite dorée et méritée, il céda la place à son poulain Adolphe Muzito.

L’accord entre le Président Joseph Kabila et le vieux Gizenga, deux fortes personnalités politiques, a profité à leurs partis politiques respectifs, à savoir le PPRD et le PALU. Leurs membres ont siégé et continuent à siéger dans les différents gouvernements de la République, dans les entreprises publiques et ailleurs. Les gîtes et les couverts leur ont été offerts. Avec du caviar. Cet accord fut tacitement reconduit lors de l’élection présidentielle de 2011.

Deux couacs mal gérés

Des problèmes ne manquent jamais au sein de chaque couple. Ainsi va la vie des hommes comme celle des partis politiques. Le couple MP-PALU n’a pas échappé à la règle. Le premier couac apparu fut la dispute du poste de Premier Vice-président de l’Assemblée Nationale qui, sur papier, devait revenir au PALU. Dans le cadre des tractations secrètes, le PALU devait présenter un candidat originaire de l’ex-Katanga.

Malheureusement, celui-ci refusa l’offre parce que le candidat qu’il proposait, était ressortissant de l’ex-Bandundu. La crise fut évitée de justesse grâce à la sagesse et à la diplomatie de deux alliés, le Président Joseph Kabila et le Premier Ministre honoraire Antoine Gizenga. Il se raconte même que si l’actuel Président de l’Assemblée Nationale occupe le perchoir, ce serait avec la bénédiction du Secrétaire Général du PALU en personne. Le deuxième couac, c’est en rapport avec l’élection du gouverneur du Kwilu. Le PALU, malgré les assurances obtenues de la part de la Majorité Présidentielle (MP) et des moyens financiers dégagés, fut trahi et roulé dans la farine. Son candidat mordit la poussière. Cet échec imputable à la MP n’a jamais été bien digéré par le PALU et a laissé des traces indélébiles dont l’onde de choc se fait ressentir encore aujourd’hui.

Adolphe Muzito, un ambitieux pressé

Dans le cadre de la pièce qui se joue en ce moment au sein du PALU, il ne faut pas oublier un acteur important qui tire les ficelles dans l’ombre. Il s’agit de l’ancien Premier Ministre Adolphe Muzito. Au PALU, on laisse entendre que ce dernier est déterminé à présenter sa candidature à la prochaine élection présidentielle pour le compte de son parti. Il a déjà mis toutes les batteries en marche.

Comme son ambition personnelle le pousse à aller aux charbons présidentiels, les observateurs politiques avertis se rendent compte qu’il est pressé et veut brûler les étapes. En effet, il feint d’ignorer l’existence ou la présence de son Secrétaire Général Antoine Gizenga, un élément incontournable dans la gestion du PALU. Aussi longtemps que le Patriarche Antoine Gizenga sera toujours en vie, rien ne se décidera dans le PALU sans son imprimatur.

Homme de gauche convaincu et modèle d’engagement politique et idéologique irréprochable, le vieux Antoine Gizenga n’est pas l’homme à trahir ses convictions pour une poignée de dollars et transige difficilement. Tout au long de sa lutte politique, il l’a démontré, il est toujours resté fidèle à ses principes. On croit savoir que l’ancien Premier Ministre Adolphe Muzito se serait déjà jeté dans la bagarre…présidentielle sans avoir ménagé sa monture. Même si l’ambition est légitime, il faudra donc éviter la précipitation.

Coalition MLC-PALU, un mariage contre nature

Que peut-on réellement dire, à ce stade, du rapprochement envisagé entre le MLC et le PALU ? Selon les observateurs politiques avertis, il s’agit d’un mort-né, d’un mariage contre nature sans lendemain. En effet, rien ne peut rapprocher le MLC du PALU. Le MLC étant libéral, sa culture et sa vision politiques sont différentes de celles du PALU, membre de la grande famille socialiste mondiale. Le MLC se révèle comme la caisse de résonnance des intérêts étrangers en République Démocratique du Congo. Son programme politique fait la part belle à l’impérialisme international.

Par contre, le PALU est un parti de gauche qui fonde sa politique sur le nationalisme et la défense des intérêts du peuple congolais. Si le MLC est le prolongement de l’action politique mobutiste, il n’en est pas du PALU qui assure la continuité de la lutte pour une vraie indépendance nationale pour laquelle beaucoup de ses célèbres fondateurs ont donné de leur vie sous les coups de boutoir des impérialistes. Tout les oppose. Donc, tout les sépare, même si la politique nous réserve souvent de surprises.

Faut-il rappeler que le libéralisme, imposé au peuple congolais par la Banque Mondiale et le Fonds Monétaire International depuis 1963, figure parmi les causes de ses malheurs. Le rapprochement MLC-PALU est-il guidé par l’idée d’avoir un bloc de l’Ouest en vue de résister au bloc de l’Est ? Tout est possible. Néanmoins, l’alliance MLC-PALU serait-t-elle nouée, selon ce qui se murmure, pour torpiller l’application de l’accord du 31 Décembre 2016 ? Personne ne le sait.

Dans tous les cas de figure, la coalition en devenir entre le MLC et le PALU ressemble plus à un bluff, un effet d’annonce, qu’à quelque chose de sérieux. Notre conviction se base sur le fait que le communiqué de presse susmentionné ne porte pas les signatures des personnalités attitrées pour engager ces deux partis politiques. En ce qui concerne le PALU plus précisément, l’opinion s’interroge, avec raison, sur la position qu’adoptera son Secrétaire Général, le Patriarche Antoine Gizenga Fundji. L’avenir nous le dira.

[L’Avenir]

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