samedi , 7 novembre 2020
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Manifs Populaires : le CLC a le vent en poupe

Si l’Opposition en RD Congo était un navire, le Comité laïc de coordination (CLC) en serait le lof. Depuis plus d’un mois, ce collectif de l’Eglise catholique de Kinshasa, a le vent en poupe. Marche pacifique le 31 décembre 2017. Rebelote le 21 janvier en cours…Un autre appel à manifestation est lancé aux Congolais pour ce dimanche 25 février. Et, ce sera une troisième manif, à l’espace d’un peu plus d’un mois, après la marche de la seconde moitié du mois de janvier dernier.

Peu importe la lecture à faire de toutes ces descentes des populations dans la rue, à l’appel pressant du CLC, la sensibilité à ‘honnêteté intellectuelle doit être un impératif sur lequel nul ne saurait transiger. Que les deux premières marches aient été soit réprimées dans certains cas, soit contenues dans les environs ou même dans l’enceinte de certaines paroisses, le CLC aura effectué une sortie  » orageuse « . Avec la bénédiction de l’archidiocèse de Kinshasa, et la solidarité de certains diocèses, le Clc parvient à organiser des manifs populaires de grand retentissement. Non pas seulement en interne, mais aussi sur le plan international.

UNE BEQUILLE INLFLEXIBLE POUR L’OPPOSITION

Quand bien même qu’il serait un groupe de pression selon le sens strict du terme, dans l’entendement de Maurice Duverger, le Clc parait à ce jour comme une béquille résiliente pour les partis politiques de l’Opposition. Plus particulièrement, ceux du Rassemblement des forces politiques et sociales acquises au changement. Y compris le G7, aujourd’hui G6 après le retrait de l’ACO. Pour preuve, ces regroupements politiques ont chaque fois exhorté les militants de leurs partis à participer massivement aux marches pacifiques du Clc, en guise de soutien. Pas seulement. Lors de différentes célébrations eucharisties organisées en prélude aux deux marches précédentes, les caméras ont montré de gros plans des figures bien connues de l’Opposition, occupant les premiers bancs de l’Eglise.

Dans un contexte politique où cette même Opposition semble battre de l’aile faute de leader mobilisateur après le décès du très charismatique feu Etienne Tshisekedi, le soutien presqu’inconditionnel des Opposants aux manifestations populaires du Clc explique tout. Depuis le 31 décembre 2017, chaque parti de l’Opposition se déclare être  » Clc « . Aux yeux de plus d’un observateur, ce  » mariage  » a l’air d’une alliance fortuite. Car, reposant beaucoup plus sur une simple récupération politique. Que le CLC ait pris le devant d’un combat politique pour réclamer  » l’application intégrale de l’Accord de la saint Sylvestre 2016 « , en lieu et place des partis politiques de l’anti-pouvoir de Kabila, nombre d’analystes politiques pensent qu’il se pose un vrai problème d’inversion de rôle.

A en croire les partisans de cette assertion, c’est plutôt les politiques qui devraient, en principe, se mobiliser à la première ligne de front et bénéficier, le cas échéant, de l’adhésion du CLC. Car, les deux structures ne poursuivent pas le même idéal de combat. Si pour tout parti ou regroupement politique organisé, l’ultime but du combat demeure la conquête du pouvoir et la conservation de celui-ci le plus longtemps possible, ce n’est pas en tout cas ce que vise un groupe de pression. Sauf si celui-ci se soit transformé en un parti politique opérant à visage couvert.

LE CALCC, LA LUCHA ET FILIMBI DANS L’ENGOURDISSEMENT ?

L’anti-Kabilisme – souvent primaire – en RD Congo, a vu naitre plusieurs mouvements citoyens, calqués sur le modèle de  » Y’en a marre « , groupe de contestation pacifique sénégalaise créé en janvier 2011 par un collectif constitué de rappeurs et de journalistes. Les deux principales versions congolaises de  » Y’en a marre  » sont la  » Lutte pour le changement « (LUCHA) et  » Filimbi « . Plus accessoirement,  » Les Congolais debout « , né voici quelques mois seulement.

Au crépuscule du second et dernier mandat constitutionnel du Président Joseph Kabila en décembre 2016, Lucha et Filimbi ont semblé être très actifs, en organisant des manifs populaires surtout dans les provinces du grand Kivu, dans l’Est du pays. Au jour d’aujourd’hui, si la flamme  » Lucha  » et  » Filimbi  » ne s’est pas encore éteinte, certaines langues motivées par l’activisme actuel du CLC, vont jusqu’à se demander si les deux principaux mouvements citoyens seraient déjà entrés dans leur phase d’hibernation.

Outre la Lucha et Filimbi, nombreux sont des Congolais en général et Kinois en particulier, qui cherchent à connaitre ce que serait devenu le très célèbre Conseil de l’apostolat des laïcs catholiques du Congo (CALCC). Depuis que le CLC est sur toutes les lèvres, le Calcc semble avoir pris du recul. Se serait-il mué en CLC ? Son silence par rapport aux manifestations organisées par le CLC, serait-il une expression de désaccord avec ce nouveau-né des structures des laïcs de l’Eglise catholique romaine en RD Congo ? Autant de questions parmi tant d’autres, mais qui demeurent encore sans réponse.

[Grevisse KABREL]

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