samedi , 7 novembre 2020
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Afrique du Sud : La fin de Zuma

Le parti au pouvoir en Afrique du Sud, le Congrès national africain (ANC), était réuni lundi à Pretoria pour, selon son chef Cyril Ramaphosa, « finaliser » enfin la question du départ anticipé du président Jacob Zuma, solidement accroché à son poste.

Les deux hommes ont engagé la semaine dernière des tractations directes pour tenter de sortir de la crise mais, à ce jour, elles semblaient n’avoir accouché d’aucun progrès.

Les 107 membres de la plus haute instance de décision de l’ANC, le Conseil national exécutif (NEC), étaient appelés à se retrouver lundi à huis clos dans un hôtel de Pretoria pour, officiellement, faire le point des discussions.

Le ballet des voitures des dirigeants de l’ANC a débuté en début d’après-midi devant l’établissement mais aucun porte-parole du parti n’a immédiatement confirmé le début de la réunion.

Cette instance a le pouvoir de « rappeler » M. Zuma, comme elle l’avait fait en 2008 pour le président Thabo Mbeki.

Mais l’actuel chef de l’Etat peut toutefois refuser d’obtempérer. Dans ce cas, l »ANC pourrait déposer devant le Parlement une motion de défiance qui le contraindrait à partir.

« Nous savons que vous voulez tourner la page », a lui-même concédé dimanche M. Ramaphosa lors d’un discours prononcé à l’occasion des 100 ans de la naissance de Nelson Mandela, le père de la nation « arc-en-ciel ».

« C’est le souhait de notre peuple de finaliser tout ça et c’est précisément ce que le NEC va faire », a-t-il promis.

Cyril Ramaphosa, qui succéderait à Jacob Zuma en cas de démission du président, se heurte cependant à deux obstacles de taille: l’obstination du chef de l’Etat, qui s’accroche au pouvoir, et les divisions de l’ANC.

Le 4 février, Jacob Zuma a exclu de démissionner, malgré l’appel pressant de la direction de son parti.

Dernier carré

Dans les négociations en cours, il tenterait d’obtenir l’immunité pour les nombreuses affaires de corruption dans lesquelles il est impliqué, ainsi qu’à obtenir la prise en charge de ses frais de justice, ont rapporté les médias locaux.

Dimanche, Cyril Ramaphosa a toutefois exclu tout passe-droit pour le président, rappelant que « ceux qui sont corrompus et ont volé l’argent des pauvres seront jugés ».

Le patron de l’ANC a cependant reconnu que son parti émergeait d’une période de « désunion et de discorde ».

Même si la fin de son règne semblait proche, Jacob Zuma reste soutenu par un carré de fidèles.

« Ils ont atteint le pic de leur carrière politique, certains sont visés par des plaintes (…), ils sont animés par leur seul instinct de survie », a résumé l’analyste politique Somadoda Fikeni sur la chaîne d’information eNCA.

L’autorité du président Zuma a commencé à vaciller depuis l’élection en décembre de Cyril Ramaphosa qui lui a succédé à la tête de l’ANC, le parti au pouvoir en Afrique du Sud depuis l’avènement de la démocratie en 1994.

Mais l’actuel vice-président n’a toujours pas réussi à écarter l’actuel président, condition à ses yeux incontournable pour redorer le blason du parti avant les élections générales de 2019.

Le blocage actuel a commencé à ternir la réputation de Cyril Ramaphosa, dont l’autorité est déjà mise en cause.

« Zuma détient toujours le pouvoir », a égratigné lundi le chef de l’opposition, Mmusi Maimane. « Le fait qu’il (Ramaphosa) qu’il veuille toujours négocier une amnistie avec Zuma montre qu’il existe un appétit pour la corruption au sein de l’ANC », a déploré M. Maimane dans un entretien à l’AFP.

La grogne monte dans les rangs de l’opposition, qui a déposé de son côté une motion de défiance inscrite à l’ordre du jour du 22 février, la neuvième depuis l’arrivée au pouvoir de Jacob Zuma en 2009.

« La pression est telle que la direction de l’ANC se doit de prendre une décision », a insisté l’analyste Somadoda Fikeni. « Si elle ne le fait pas, elle va céder l’initiative à ses alliés, à certaines factions de l’ANC, à l’opposition et à la société civile, qui seront créditées d’avoir poussé le président vers la sortie ».

[Afp]

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