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RDC : Le peuple triomphera tôt ou tard

Archevêque de Kinshasa, le cardinal Laurent Monsengwo Pasinya a repris du service à côté de ses troupeaux de la capitale et de toute la RDC qui se battent pour recouvrer leur liberté et leur honneur perdu. Après ses homélies qui ont mis la majorité au pouvoir dans tous ses états, l’archevêque de Kinshasa a réagi, mardi, à la répression dans le sang de la marche du 21 janvier 2018. Le cardinal Monsengwo ne cache pas son indignation :  » Comment peut-on tuer des hommes, des femmes, des enfants, jeunes et vieux scandant cantiques religieux, munis de bibles, chapelets, crucifix ?  »

Selon le dernier bilan de la Cenco, six Congolais ont été abattus froidement le 21 janvier 2018 pour avoir commis juste le péché de  » marcher pacifiquement pour réclamer encore une fois l’application de l’accord politique global et inclusif de la Saint-Sylvestre 2016 « . Le cardinal Monsengwo est convaincu que le peuple triomphera tôt ou tard. Il lance dès lors un message de réconfort à toute la communauté chrétienne de la RDC.  » Sans céder à la violence, restons inébranlables dans la foi, agissons toujours par amour du prochain et vivons dans l’espérance joyeuse que le Seigneur ne nous abandonnera pas « .

Ci-dessous, la déclaration de l’archevêque de Kinshasa

MESSAGE DU LAURENT CARDINAL MONSENGWO PASINYA EN MARGE DE LA MARCHE DU DIMANCHE 21 JANVIER 2018

Le dimanche 21 janvier 2018, à l’appel du Comité Laïc de Coordination, les chrétiens catholiques, des fidèles d’autres confessions religieuses, et tous les hommes épris de justice et paix ont voulu marcher pacifiquement pour réclamer encore une fois l’application de l’accord politique global et inclusif de la Saint Sylvestre 2016.

Comme le 31 décembre 2017, des chrétiens de certaines paroisses, ont été empêchés de prier, plusieurs autres ont été empêchés de sortir de l’enclos des paroisses par des policiers et des militaires plus qu’armés comme qu’ils étaient dans un champ de bataille. Ceux qui ont prié et ont pu marcher ont été dispersés à coup de gaz lacrymogène, des grenades assourdissantes et désencerclement, des balles réelles, des balles en caoutchouc. Nous avons encore compté des morts, des blessés, des arrestations des prêtres, des religieuses et de plusieurs laïcs, des vols, des extorsions des biens des citoyens. Alors que le chef de la police avait annoncé la consigne selon laquelle il n’y avait aucun décès (zéro décès !), que les droits humains seront respectés. Que nenni !

Avec l’ensemble de notre peuple, nous nous inclinons devant la mémoire de nos frères et soeurs, autres martyrs de la Saint Sylvestre, tombés lors de cette marche. Tout en saluant leur bravoure, nous les recommandons à Dieu, Père de miséricorde pour leur salut éternel.

Que n’avons-nous pas vu ? Déjà la veille, le 20 janvier, en pleine journée, des barrières ont été érigées pour fouiller les véhicules et vérifier les identités des passagers. Sommes-nous dans une prison à ciel ouvert ? Comment peut-on tuer des hommes, des femmes, des enfants, jeunes et vieux scandant cantiques religieux, munis des bibles, chapelets, crucifix ? Que veut-on au juste ? Le pouvoir pour le pouvoir ou bien le pouvoir pour le développement intégral du peuple, dans la paix, la justice et la vérité. Nous voulons que règne la force de la loi et non la loi de la force.

Quant à nous, chrétiens catholiques, sans céder à la violence, restons inébranlables dans la Foi, agissons toujours par amour du prochain et vivons dans l’Espérance joyeuse que le Seigneur ne nous abandonnera pas.

Que la Vierge Marie, notre Dame de la Paix, intercède pour notre pays et nous obtienne de son Fils, Jésus-Christ, d’accomplir la volonté de Dieu le Père aujourd’hui et pour les siècles.

Fait à Kinshasa, en notre Curie Episcopale, le vingt-deuxième jour du mois de janvier de l’année deux mille dix-huit.

+L. Card. MONSENGWO PASINYA
Archevêque de Kinshasa

DÉCLARATION DU COMITÉ LAÏC DE COORDINATION APRÈS LA MARCHE DU 21 JANVIER

Ce dimanche 21 janvier 2018, à travers tout le pays, nous avons été à nouveau des millions à nous être mobilisés pour que nos droits soient respectés, que notre dignité soit rétablie, que nous puissions recouvrer nos libertés.

Nous avons donc été ce jour encore plus nombreux que le 31 décembre 2017 dernier à marcher avec nos bibles, nos chapelets, nos rameaux, etc. pour réclamer, la même chose:

L’application stricte de l’accord de la Saint Sylvestre, c’est-à-dire, la libération sans condition des prisonniers politiques, la fin de l’exil des opposants menacés à leur retour au pays, la libération des espaces médiatiques et la réouverture des médias injustement fermés, la fin du dédoublement des partis politiques, libre exercice des activités politiques par tous notamment le droit de manifester, la restructuration de la CENI, la confirmation par le Chef de l’Etat qu’il ne briguera pas un troisième mandat comme l’exige la Constitution.

Au-delà de nos différences religieuses, de nos appartenances culturelles, linguistiques, ethniques ou autres, nous avons démontré que nous étions déterminés à donner notre vie pour défendre nos droits, pour sauvegarder notre bien commun légué par les pères de l’indépendance, pour que le Congo se redresse, pour qu’il retrouve sa fierté, pour qu’une nouvelle jeunesse se lève, prête à donner sa vie à ceux qui la prennent, pour que des hommes libres et droits luttent à nouveau sans peur face à la dictature, la corruption et le mal.

La grâce de Dieu a pris la tête de notre combat.

Encore une fois, la réponse à nos revendications a été la répression aveugle, méchante, barbare. Encore une fois, le bilan est lourd, très lourd: une dizaine de morts, des centaines de blessés et d’arrestations. Grande est notre tristesse, immense est notre douleur!

Notre premier message va aux familles de ceux dont la vie a été injustement arrachée à notre terre. C’est le coeur serré que chacun de nous selon nos convictions, nous nous inclinons pour saluer leur mémoire et présenter nos condoléances les plus attristées à leurs familles et à leurs proches.

L’histoire retiendra que ces hommes, ces femmes, ces enfants, aux mains nues, ne portant pour seules armes qu’un chapelet, une bible, une croix, un rameau ont été fauchés par des balles assassines d’autres fils du Congo qui ont choisi le camp de la terreur et de la trahison du peuple pour servir la cause d’un régime refusant d’honorer ses engagements.

Chacun des victimes avait un nom, une famille, une histoire et des projets que la barbarie a réduits au silence. Nous leur disons qu’ils resteront à jamais gravés dans nos coeurs et notre mémoire.

Nous nous souviendrons à jamais des martyrs et héros du 21 janvier 2018 comme ceux du 31 décembre 2017 et du 16 février 1992; et de tant d’autres qui ont donné leur vie pour la liberté de notre pays. Ils ne sont pas morts. Ils ne mourront jamais. Nous nous souviendrons de ces dates, de ces événements comme d’une boussole qui va guider nos pas vers plus de liberté, de justice, de démocratie.

Notre deuxième message va à tous nos compatriotes, aux centaines de milliers de Congolais qui sont sortis ce 21 janvier 2018 de leur lieu de culte et aux prêtres, religieux et religieuses qui ont courageusement accompagné le peuple de Dieu. Il vit en eux l’âme du Congo ! Nous leur disons merci. Ils incarnent ce qu’il y a de plus noble dans l’homme face à la barbarie.

A ceux qui croyaient que le peuple congolais n’est pas prêt à soutenir l’effort d’un grand combat, qu’il est condamné à baisser le front, à subir la défaite et à capituler devant la dictature, à céder devant la peur et l’incertitude, à redouter les mauvais traitements, les arrestations et les humiliations, la mobilisation de ce 21 janvier 2018 a été la réponse à leurs doutes et à leurs interrogations. Face à la barbarie, les congolais sont restés débout et plus déterminés que jamais !

Notre troisième message va à ceux qui n’ont pas hésité à couper les réseaux sociaux pour perpétrer leurs crimes en cachette, à tirer à balles réelles sur la population, à lancer des gaz lacrymogènes. Nous leur disons: nous n’avons pas peur et nous ne ferons jamais marche arrière! Sans jamais céder à la tentation de tomber dans le cercle sans issue de la violence, de la colère et de la haine meurtrière, nous irons jusqu’au bout! Nous l’avons déjà dit, il n’y aura plus de répit pour la dictature, qui a plongé le peuple congolais dans une crise aussi ruineuse qu’inutile.

Le Comité Laïc de Coordination demande ainsi au peuple de Dieu de rester mobiliser pour répondre à son prochain appel.

Que Dieu bénisse les Congolaises et les Congolais,
Que Dieu bénisse la République Démocratique du Congo.

Fait à Kinshasa, le 22 jan. 2018

Le Comité laïc de coordination

Prof Thierry Nlandu Mayamba
Prof IsidoreNdaywel E Nziem
Prof Justin Okana

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