samedi , 7 novembre 2020
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RDC : Se maintenir au pouvoir en violation de la Constitution n’est plus à l’ordre du jour

Le 31 décembre 2017, la majorité des Congolais ont démontré à la face du monde que se maintenir au pouvoir en violation de la Constitution n’est plus à l’ordre du jour en RDC. Malgré la répression, des Catholiques et de nombreux Congolais ont bravé cette interdiction. Certains ont affronté la police et l’armée. Des prêtres et laïcs ont tenu bon face aux gaz lacrymogènes et balles réelles.

Si rien n’est fait pour arrêter l’élan de répression en cours en RDC, il y a risque que le pays revive le pire. La déclaration est de l’abbé Nshole qui accompagnait, mardi dernier à Brazzaville, Mgr Utembi, président de la Cenco, lors de son échange avec le président Denis Sassou. La Cenco pense s’appuyer respectivement sur Denis Sassou Nguesso du Congo/Brazzaville et Joao Lourenço de l’Angola pour sortir la RDC du bourbier politique. Les évêques croient que les élections peuvent se tenir avant le 23 décembre 2018. Le pouvoir qui s’active à retarder davantage les élections en vue de maintenir son autorité morale au pouvoir en dehors de la Constitution ne veut laisser la contestation se développer.

Mais, le 31 décembre 2017, la majorité des Congolais ont démontré à la face du monde que se maintenir au pouvoir en violation de la Constitution n’est plus à l’ordre du jour en RDC. Malgré la répression, des Catholiques et de nombreux Congolais ont bravé cette interdiction. Certains ont affronté la police et l’armée. Des prêtres et laïcs ont tenu bon face aux gaz lacrymogènes et balles réelles. Le président Sassou, en sage, a rassuré les évêques qu’il suit de près cette situation et que rien de ce qui se passe en RDC ne lui échappe.

MISSION DÉSESPÉRÉE DE L’EGLISE CATHOLIQUE

Dénoncer une dictature chez un autocrate. C’est peut-être la phrase qui résume le mieux la mission presque paradoxale de la délégation de la Conférence épiscopale nationale du Congo qui a rencontré mardi le président congolais Denis Sassou Nguesso. A Brazzaville, les hommes en soutane espéraient une implication du chef de l’Etat de ce pays voisin en sa qualité de président en exercice de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs. Mais le médiateur de l’autre rive est-il la personnalité indiquée pour faire réfléchir Joseph Kabila ?

Les évêques de la Cenco ont dû être désespérés, note l’église. En colère aussi après la répression, particulièrement violente des paroissiens lors des manifestations du 31 décembre 2017 qui a fait plusieurs morts. Mais leur courroux ou leur consternation se justifie-t-elle pour traverser les trois kilomètres qui séparent les deux Congo et tenter d’apaiser la crise politique avec le concours de … Denis Sassou Nguesso ?

Mardi dernier, une délégation de l’Eglise catholique s’est entretenue avec Denis Sassou Nguesso lors d’une audience au Palais du peuple situé dans le quartier du Plateau. Officiellement, les évêques qui veulent « éviter le pire » dans le pays sont venus voir Sassou Nguesso en sa qualité de président du Mécanisme de paix et de sécurité pour la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs (CIRGL).

L’objectif serait double : obtenir du chef de l’Etat du Congo-Brazzaville qu’il use de sa position pour calmer la crise politique qui dure depuis plus d’un an chez son voisin, et qu’il mène une mission de bons offices afin que les élections présidentielle, législatives, locales et provinciales, que les évêques jugent « tenables » se tiennent à la date annoncée du 23 décembre prochain.

DÉNONCIATION D’UNE DICTATURE CHEZ UN AUTOCRATE

Sans douter de la bonne foi de la démarche des évêques, c’est à se demander si l’Eglise catholique a bien pesé la portée de sa mission chez le voisin de l’autre rive du fleuve. En termes caricaturaux, la délégation épiscopale a mené une mission de dénonciation d’une dictature chez un autocrate.

Au pouvoir depuis un total cumulé de plus de trois décennies, Denis Sassou Nguesso s’est fait réélire dès le premier tour malgré les protestations lors de la présidentielle contestée de mars 2016, après un « tripatouillage  » constitutionnel mené un an plus tôt qui a validé sa candidature pour un troisième mandat. Les opposants qui ont dénoncé le score de 60% avec lequel le président congolais a été réélu peuplent aujourd’hui les prisons ou les cimetières.

C’est chez ce président, accusé de bafouer les droits de l’Homme, d’emprisonner des opposants même lorsqu’ils ont purgé leur peine et qui réprime les manifestations qui lui sont hostiles que les évêques sont allés solliciter de l’aide pour faire revenir Joseph Kabila et son pouvoir à la raison. Mais les conciliabules avec Sassou n’ont pas laissé échapper de fumée blanche.

A part une oreille prêtée à leur homélie sur la situation en RDC, Denis Sassou Nguesso s’est borné à promettre de faire tout ce qui est en son pouvoir pour faire aboutir le calendrier électoral. En espéraient-ils plus que cette réponse polie de la part de ce président encarté au club des autocrates qui peuplent les palais présidentiels d’Afrique centrale ?

LUANDA, PROCHAINE ÉTAPE

Selon des sources dignes de foi, la Cenco se rendra bientôt en Angola pour sensibiliser le président Lourenço Joâo, avant de mettre le cap sur des capitales de l’Est et du Sud. Le cardinal Monsengwo qui a pris la tête de la lutte contre l’imposture d’un mandat qu’on s’attribue en toute irrégularité est devenu l’homme à abattre. Désormais, les Congolais n’attendent que l’étincelle qui mettra le feu aux poudres. Le président Sassou ferait-il entendre la voix de la raison au président Kabila et sa famille politique? Là est toute la question avant que le pire ne se produise.

[LP AVEC LA TRIBUNE]

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