samedi , 7 novembre 2020
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RDC : Diabolisation ourdie contre le Cardinal

L’histoire de la marche du 31 décembre 2017 continue à alimenter la saga politique en RD. Congo. On dirait qu’on a du mal à tourner la page et à regarder vers d’autres horizons. Mais, puisque telle est la réalité, il y a lieu de s’y appesantir. Jeudi, en effet, la CENCO est revenue à la charge pour donner sa version des faits sur tout ce qui se raconte autour des déclarations du Cardinal Laurent Monsengwo Pasinya, Archevêque de Kinshasa, de la laïcité de l’Etat, de la position de l’église catholique face aux derniers événements survenus en marge de la marche du 31 décembre 2017. Tout en dénonçant ce qu’elle appelle  »diabolisation » ourdie contre le Cardinal, la CENCO lui réitère, toutefois, son soutien. Elle en appelle, en outre, au respect des droits aux manifestations pacifiques, à la liberté de culte garantie par la Constitution de la République, en son article 26 et, au respect et considération dus aux autorités ecclésiastiques. La CENCO dénonce également toute tentative de division de l’Episcopat congolais à des fins politiciennes et prévient qu’elle ne peut pas être dédoublée, comme cela arrive, très souvent, avec des partis politiques. Donc,  »les Evêques membres de la CENCO restent solidaires les uns des autres dans une communion effective et affective », indique-t-on, dans la déclaration, ci-dessous.

La Conférence Épiscopale Nationale du Congo (CENCO) s’insurge contre des acteurs politiques rd congolais qui dénient à l’Eglise catholique la qualité d’intervenir dans la gestion de la respublica. « L’église a le droit de porter un jugement moral même en des matières qui touchent le domaine politique quand les droits fondamentaux de la personne ou le salut des âmes l’exigent », ont signifié les évêques dans un communiqué à dix points, lu devant la presse hier jeudi 11 janvier à Kinshasa. Pour les signataires dudit document, Messeigneurs Marcel Utembi et Fridolin Ambongo, respectivement président et vice-président de la CENCO, la laïcité de l’État congolais ne peut entraver la mission de l’Eglise qui parmi tant d’autres est de veiller au respect des droits de l’homme.

Dans le même texte, la Conférence Épiscopale Nationale du Congo dénonce ce qu’elle appelle la tentative de déstabilisation dont l’Église Catholique et ses dirigeants seraient victimes. « La CENCO dénonce également toute tentative de division de l’Épiscopat congolais orchestrée à des fins politiciennes. L’Épiscopat congolais ne peut se diviser ni être dédoublé comme des partis politiques. Partageant les joies et les peines de leur peuple, les Évêques membres de la CENCO restent solidaires les uns des autres dans une communion effective et affective », a déclaré l’Abbé Donatien N’shole, Secrétaire Général de la CENCO.

Ce n’est pas tout. La CENCO accuse des autorités congolaises de mener une campagne de diabolisation contre Laurent Cardinal Monsengwo. Elle exige des preuves à ceux qui estiment que l’autorité diocésaine de Kinshasa nourrirait des ambitions politiques et participerait de ce fait à la déstabilisation des institutions du pays. « Depuis lors, l’on assiste à une campagne d’intoxication, de désinformation voire de diffamation orchestrées même par des responsables des Institutions de la République contre l’Eglise catholique et sa hiérarchie. Le peuple congolais en est témoin. C’est inacceptable ! Cette campagne de mépris vise particulièrement l’autorité de son Eminence Laurent Cardinal Monsengwo, considéré à tort comme instigateur des actions visant à déstabiliser les institutions en place et à vouloir s’emparer du pouvoir. Nous exigeons des preuves à ces graves accusations portées contre sa personne », dit la CENCO.

Revenant sur la marche du 31 décembre, appelée par le comité de laïcs catholiques, les évêques soulignent qu' »il est juste urgent que des sanctions exemplaires soient prises à l’encontre de ceux qui ont torturé, blessé et tué » les manifestants ainsi que de ceux qui ont délibérément profané les églises.
On rappelle que la déclaration de l’Episcopat congolais fait suite aux critiques acerbes de certains acteurs politiques contre la sortie médiatique très offensive du Cardinal Laurent Monsengwoe au lendemain de la marche du 31 décembre appelée par le Comité laïc de coordination de l’Eglise catholique. Monsengwo avait appelé au renouvellement de la classe politique. « On ne peut pas ne pas entendre la voix de la sagesse, la voix prophétique. Nous parlerons à temps et à contretemps advienne que pourra mais nous parlerons… Les médiocres doivent dégager… », avait-il déclaré. Ces propos de Monsengwo avaient provoqué une sorte de tollé généralisé.

« Monseigneur Laurent Monsengwo a tenu des propos injurieux à l’endroit des dirigeants du pays ainsi que des forces de l’ordre. A ce sujet, le gouvernement de la République, qui ne peut accepter que de tels propos viennent d’un ministre de Dieu a, pour sa part, par le biais de son porte-parole, salué la bravoure des forces de l’ordre et la maturité du peuple congolais qui ne s’est pas laissé manipuler », avait alors réagi le gouvernement dans le compte rendu du Conseil des ministres du 5 janvier courant.

Le Bureau politique de la Majorité présidentielle n’avait pas non plus digéré ces propos de l’archevêque de Kinshasa, les qualifiant d' »injustes, injurieux et blessants ».

Lire, ci-dessous, l’intégralité de la déclaration de la CENCO.

LA CENCO DENONCE LES ATTAQUES CONTRE L’EGLISE CATHOLIQUE ET SA HIERARCHIE

1. Le 31 décembre 2017, le Comité Laïc de Coordination (CLC), une association reconnue par l’autorité ecclésiale compétente dans l’Archidiocèse de Kinshasa, interpelé par les messages pastoraux de la Conférence Episcopale Nationale du Congo (CENCO), a organisé une marche pacifique et non violente pour réclamer la mise en œuvre effective, intégrale et de bonne foi de l’Accord politique global et inclusif du 31 décembre 2016.

2. Au lendemain de cette marche pacifique, suivie également dans certaines provinces, le Nonce Apostolique a publié un communiqué rappelant à l’opinion publique:  » le droit de chaque baptisé catholique de se constituer en association et de promouvoir des initiatives qui soient en harmonie avec la mission de l’Eglise. La promotion de la justice sociale et la défense des droits civils et politiques des citoyens font intégralement partie de la Doctrine sociale de l’Eglise » [1].

La CENCO a également publié un communiqué pour manifester son indignation et condamner la répression violente et sanglante par les forces de l’ordre contre les manifestants, ainsi que pour exprimer sa compassion et sa proximité spirituelle à l’égard des victimes et de leurs proches (cf. Communiqué du 2 janvier 2018).

A son tour, Son Eminence Laurent Cardinal MONSENGWO, dans l’état d’âme d’un père face au mauvais traitement infligé à ses fils et à ses filles dont certains en sont morts, a, avec raison, élevé le ton pour fustiger les auteurs de ces actes insupportables.

3. Depuis lors, l’on assiste à une campagne d’intoxication, de désinformation voire de diffamation orchestrée même par des responsables des Institutions de la République contre l’Eglise catholique et sa hiérarchie. Le Peuple congolais en est témoin. C’est inacceptable ! Cette campagne de mépris vise particulièrement l’autorité de Son Eminence Laurent Cardinal MONSENGWO, considéré à tort comme instigateur des actions visant à déstabiliser les Institutions en place et à vouloir s’emparer du pouvoir. Nous exigeons des preuves à ces graves accusations portées contre sa personne.

4. La CENCO désapprouve la diabolisation volontairement distillée à l’endroit de Son Eminence le Cardinal, Archevêque de Kinshasa et Membre du Conseil des neuf Cardinaux choisis par le Pape François pour le gouvernement de l’Eglise universelle. Elle lui réaffirme son soutien total et sa proximité.

5. Aux prises de positions de la CENCO, certains opposent le principe de laïcité de l’Etat congolais, d’autres prônent la notion de neutralité de l’Eglise. Il convient de retenir que le caractère laïc de l’Etat congolais ne peut pas empêcher l’Eglise catholique d’accomplir sa mission, celle d’annoncer la Bonne Nouvelle du salut, d’être au service de la population congolaise en vue du respect des droits de l’homme et de la dignité humaine indispensables à son bien-être et à son développement intégral.

6. En effet, « l’Eglise qui, de par sa nature, a le droit d’intervenir dans les questions de foi et des mœurs, peut prendre position en matière politique « [2] en vue  » d’exercer sa sollicitude et ses responsabilités à l’égard de l’homme qui lui a été confié par le Christ lui-même « [3]. Elle a le droit de  » porter un jugement moral même en des matières qui touchent le domaine politique quand les droits fondamentaux de la personne ou le salut des âmes l’exigent » [4].

7. La CENCO en appelle au respect des droits aux manifestations pacifiques et à la liberté de culte garantie par la Constitution de la République (cf. Art. 26). Elle exige le respect et la considération dus aux autorités ecclésiastiques, en l’occurrence le Cardinal Archevêque de Kinshasa, le Nonce Apostolique en RD Congo et l’ensemble des Evêques. Il est juste et urgent que des sanctions exemplaires soient prises à l’encontre de ceux qui ont torturé, blessé et tué nos concitoyens ainsi que de ceux qui ont délibérément profané nos églises, lieux saints consacrés à la prière et à la rencontre avec Dieu.

8. La CENCO dénonce également toute tentative de division de l’Episcopat congolais orchestrée à des fins politiciennes. L’Episcopat congolais ne peut se diviser ni être dédoublé comme des partis politiques. Partageant les joies et les peines de leur peuple, les Evêques membres de la CENCO restent solidaires les uns des autres dans une communion effective et affective.

9. Nous demandons au Peuple congolais de ne pas se laisser influencer par cette campagne dont les auteurs ignorent superbement sa souffrance. Nous l’invitons à demeurer débout et vigilant, à prendre son destin en mains et à barrer pacifiquement la route à toute tentative de confiscation ou de prise de pouvoir par des voies non démocratiques et anticonstitutionnelles.

10. Que Dieu bénisse la RD Congo et son peuple.

Fait à Kinshasa, le 11 janvier 2018.

Marcel UTEMBI TAPA, Archevêque de KISANGANI, Président de la CENCO

Fridolin AMBONGO BESUNGU, Archevêque de MBANDAKA BIKORO, Vice-président de la CENCO

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