samedi , 7 novembre 2020
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Marche du 31 décembre : Un analyste politique interpelle les Évêques

La marche prévue pour ce 31 décembre 2017 suscite des commentaires en sens divers. Un analyste politique doublé de catholique pratiquant y de sa tribune. Dans celle-ci, il ne se prive pas de stigmatiser les  » liaisons dangereuses  » entre certains Princes de l’Eglise, hiérarques laïcs et acteurs politiques. Et cet analyste de conseiller à l’Eglise de retourner à ses fondamentaux. Puisant dans le sermon de Noël du primat de l’Eglise catholique en RDC, il s’interroge :  » comment lier votre projet de marche avec l’homélie du Cardinal Laurent Monsengwo demandant à chacun de privilégier la paix « .

Messeigneurs,

Comme tous les Congolais, j’ai appris que le Comité des laïcs de notre Sainte Eglise Catholique a pris la décision de faire pression sur les autorités politiques en initiant une marche pacifique ce dimanche 31 décembre 2017.

Le choix de cette date n’est pas le fruit du hasard. Ce jour précis a été choisi pour rappeler le 31 décembre 2016, jour de la signature du document que l’histoire retiendra comme « Accord de la Saint Sylvestre ».

Il n’y aurait eu rien à dire si trois événements extrêmement significatifs n’étaient pas venus perturber ma conscience de catholique.

Il s’agit premièrement de la publication du calendrier électoral par la CENI, deuxièmement de la jonction entre l’Eglise catholique et les partis de l’opposition congolaise radicale suite à l’annonce de la marche et troisièmement la déclaration publique d’un des leaders des laïcs catholiques, en l’occurrence le Président du Conseil de l’Apostolat des Laïcs Catholiques du Congo, Crispin NLANDA, établissant une relation entre le retour en RDC, en homme libre, de l’ancien Gouverneur KATUMBI et l’éventuelle annulation de la manifestation.

Que pensez-vous du fait que tous les partis politiques de l’opposition radicale se soient greffés sur la manifestation projetée le 31 décembre 2017 ? Pensez-vous que cette manifestation saura garder son caractère pacifique ? Vous et moi, nous savons que la participation à cette marche de ceux qui cherchent à prendre le pouvoir par l’insurrection modifie profondément le sens de l’action projetée.

Dès lors que vous avez accepté, cautionné et que vous semblez encourager cette connexion, nous devons nous attendre à des scènes de violence, notamment des jets de pierres contre des véhicules et des édifices des innocents, des provocations à l’endroit de la Police, des tentatives d’incendie ou de pillage et autres actes de brutalité que les forces de l’ordre ne sauront tolérer.

En encourageant cette manifestation, vous contribuez indéniablement à perturber l’ordre public. Je doute fort que vous soyez là dans votre rôle de pasteur. Comment lier votre projet de marche avec l’homélie du Cardinal Laurent MONSENGWO du 25 décembre 2017, demandant à chacun de privilégier la paix ?

J’ai cru comprendre, depuis l’intervention de la CENCO sur ce terrain politique, que l’objectif des princes de l’Eglise était d’aider les politiques de notre pays à trouver un accord permettant d’amener les Congolais à un processus électoral crédible et dont les résultats seront acceptés par tous. Or, sur ce plan, beaucoup a été fait. L’accord de la CENCO existe, le CNSA prévu par cet accord a été mis en place, le calendrier électoral a été publié, la Loi électorale vient d’être promulguée, la CENI est en phase terminale en ce qui concerne l’enrôlement des électeurs. Comment alors expliquer cette décision consistant à préparer et à participer à un nouveau cycle de violences dans notre pays ?

Notre culture nous enseigne qu’il est aisé d’allumer la flamme dans la case du voisin, mais difficile d’éteindre le feu qui embrasera le village.

Bien sûr que j’admets que vous ne cherchez pas consciemment à mettre le feu au pays. Mais qui peut m’assurer que l’action que vous soutenez ne sera pas très rapidement débordée, voire récupérée ? Les intentions et les déclarations de ceux avec qui vous avez décidé de vous associer, dans cette manifestation du 31 décembre 2017, ne laissent aucun doute quant à leurs objectifs politiques.

La goutte d’eau qui vient déborder le vase, à mon sens, vient de la déclaration du Président du Conseil de l’Apostolat des Laïcs Catholiques du Congo,Crispin LANDA. Je ne suis certainement pas le seul à m’étonner de la relation que cet haut cadre catholique connu a établi, ce mardi 26 décembre 2017, sur les ondes de la Radio TOP CONGO FM, entre le retour en RDC de l’ancien gouverneur KATUMBI et l’annulation de la marche pacifique.

La Sainte Eglise catholique a-t-elle pris fait et cause pour l’ancien gouverneur du Katanga ? L’Eglise catholique congolaise est-elle devenue une association mondaine, comme toute autre, qui s’autoriserait à s’associer avec quiconque, pourvu que les intérêts de ses dirigeants soient servis ?

Quelques laïcs catholiques, avec la complicité de certains évêques assoiffés du pouvoir ou d’argent, viennent de placer l’Eglise dans une situation très inconfortable, qui, plus, est immorale et contraire aux évangiles.

Je fais donc appel à votre conscience et vous prie, puisqu’il n’est pas encore trop tard, de retourner aux valeurs fondamentales de la chrétienté, lesquelles consistent à prêcher la paix et à travailler pour l’harmonie, quelle que soit la gravité de la situation.

KM/Analyste politique

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