samedi , 7 novembre 2020
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Pérou : Fujimori libéré. Une décision purement politique

Le président du Pérou, Pedro Pablo Kuczynski, a accordé dimanche une grâce « humanitaire » à l’ex-chef de l’Etat Alberto Fujimori, condamné à 25 ans de prison pour corruption et crimes contre l’humanité. Mais pour beaucoup, cette décision est purement politique. Car trois jours plutôt, le président Kuczynski échappait à une destitution lors d’un vote au parlement. Un scrutin qui a tourné en sa faveur grâce à l’abstention de dix députés emmenés par le fils de Alberto Fujimori.

L’ex-président péruvien Alberto Fujimori était toujours lundi en unité de soins intensifs dans la clinique de Lima où il a été transféré samedi de sa prison, souffrant d’arythmie et d’une tension artérielle basse. « Il demeure en soins intensifs, l’évolution de son état est positive, mais d’autres examens (médicaux) sont encore nécessaires », a déclaré le médecin traitant de l’ancien chef de l’Etat, le Dr Alejandro Aguinaga. Selon lui, M. Fujimori souffre de « plusieurs pathologies dégénératives comme une fibrillation auriculaire, c’est un problème qui va en s’accentuant dans le cœur ».

En 2009, il avait été condamné à une peine de 25 ans de prison pour corruption et crimes contre l’humanité pour avoir commandité l’assassinat de 25 personnes aux mains d’un escadron de la mort durant la guerre contre les guérilleros du Sentier lumineux (extrême gauche maoïste).

Alberto Fujimori, âgé de 79 ans et d’origine japonaise, a gouverné le Pérou de 1990 à 2000.

Le président de la République « a décidé d’accorder la grâce humanitaire à monsieur Alberto Fujimori et à sept autres personnes dans une situation similaire », indique un communiqué de la présidence.

Cette grâce a été accordée en réponse à une requête introduite le 11 décembre par le détenu, a précisé la présidence.

L’ancien homme fort du Pérou avait subi il y a une semaine une visite médicale dans le centre pénitentiaire où il purge sa peine depuis 2007.

« Il a été établi que M. Fujimori souffrait d’une maladie progressive, dégénérative et incurable, et que les conditions carcérales représentaient un danger pour sa vie, sa santé et son intégrité » physique, précise le texte.

Samedi, il avait été transféré de la prison vers une clinique de Lima en raison d’une baisse de tension artérielle et une arythmie, selon son médecin traitant.

« Je pense qu’il a été affecté par tout ce qui s’est passé cette semaine », avait commenté le Dr Alejandro Aguinaga.

Un grand jour

Des rumeurs circulaient depuis un récent vote favorable à Pedro Pablo Kuczynski, surnommé PPK, sur une grâce à l’occasion de la fête de Noël et à l’issue de négociations entre le gouvernement et les proches de M. Fujimori.

Menacé de destitution par le Parlement, le président péruvien de centre droit a réussi jeudi à conserver le pouvoir, mais derrière cette victoire pointe la division du clan Fujimori qui conserve une forte influence dans ce pays.

Lors de son transfert, Alberto Fujimori était accompagné de son fils cadet, le député Kenki Fujimori, qui s’était abstenu lors du vote de jeudi au Parlement.

Kenki Fujimori, qui se dispute l’héritage politique de son père avec sa soeur Keiko, a été le premier à réagir sur Twitter en remerciant au nom de sa famille le président pour son « geste noble et magnanime ».

« C’est un grand jour pour ma famille et pour le fujimorisme. Mon père est enfin libre. Ce sera un Noël d’espoir et de joie », a de son côté twitté Keiko Fujimori, chef du parti Fuerza Popular, la principale formation d’opposition.

Keiko, qui incarne la branche modérée du fujimorisme, a toujours clamé l’innocence de son père et plaidé l’annulation de son procès pour irrégularités.

Kenki, 37 ans, qui représente l’aile dure et conservatrice, ne cache plus son ambition présidentielle, sa soeur ayant raté le coche à deux reprises, en 2016 contre PPK et en 2011 contre Ollanta Humala, lui-même actuellement en détention provisoire, accusé d’avoir reçu trois millions de dollars du géant du BTP brésilien Odebrecht lors de sa campagne électorale.

Les familles des 25 victimes assassinées par les escadrons de la mort sous le régime Fujimori ont quant à elles dénoncé la grâce présidentielle.

[avec Afp]

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