samedi , 7 novembre 2020
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Sebastian KURZ : Le plus jeune dirigeant au monde

Peu de gens l’imaginaient surnager lorsqu’il est entré au gouvernement à 24 ans. Trop jeune, trop inexpérimenté. Futur chancelier autrichien et plus jeune dirigeant au monde, à 31 ans, Sebastian Kurz suscite désormais d’immenses attentes.

Le « Wunderwuzzi » (enfant prodige) de la politique autrichienne doit être investi lundi à la tête d’une coalition gouvernementale formée par son parti chrétien-démocrate (ÖVP) avec la formation d’extrême droite FPÖ.

« En premier lieu, nous voulons améliorer la sécurité dans notre pays, y compris en combattant l’immigration illégale », a rappelé vendredi celui qui a notablement durci la ligne de son parti sur la question migratoire.

A bout de souffle après dix années passées en tant que partenaire minoritaire de la coalition de la gauche, l’ÖVP, pilier de la politique autrichienne depuis la fin de la Deuxième guerre mondiale, s’était offert au printemps à ce grand jeune homme au visage d’adolescent et à la popularité insolente.

Cheveux coiffés en arrière et le ton toujours posé, M. Kurz a mis fin dans la foulée à la coalition formée avec les sociaux-démocrates du chancelier Christian Kern, provoquant les législatives du 15 octobre qu’il a remportées.

La « Kurzmania » s’est illustrée tout au long de la campagne par la ferveur entourant ses meetings et les longues séances de selfies avec des militants de tous âges. Les uns ont salué sa façon « captivante d’aborder les choses », les autres « son calme et sa discipline ».

Difficile à cerner

A une Autriche prospère mais insécurisée par la crise migratoire, le jeune dirigeant à la communication savamment orchestrée a surtout offert un discours de fermeté sur l’immigration combiné à une image de modernité, réussissant à incarner le renouveau alors qu’il a été membre de la coalition sortante pendant six ans.

Pendant la campagne des législatives, le patron du FPÖ Heinz-Christian Strache, qui va devenir vice-chancelier, l’a accusé de « plagier » son programme. Mais les jalons étaient posés pour nouer après les élections l’alliance entre ces deux hommes que dix-sept ans séparent.

Né le 2 août 1986 à Vienne d’un père technicien et d’une mère enseignante, Sebastian Kurz a déjà un long parcours politique.

Ancien patron de la puissante organisation de jeunesse de l’ÖVP, il est nommé secrétaire d’Etat à 24 ans, avant même d’avoir achevé son cursus de droit. Depuis 2013, il était le plus jeune ministre des Affaires étrangères d’Europe.

Considéré avec scepticisme à ses débuts, il s’est forgé une stature d’homme d’Etat en côtoyant ses grands homologues internationaux, notamment au cours des négociations sur le nucléaire iranien à Vienne en 2015. Loin de ses faux-pas de débutant, comme lorsqu’il distribuait des préservatifs noirs (l’ancienne couleur de l’ÖVP) pour vanter le côté « excitant » du parti.

Il est, à l’automne 2015, un des premiers ténors européens à critiquer la politique d’accueil de la chancelière allemande Angela Merkel. Il vilipende également la Turquie et se targue d’être l’un des principaux artisans de la fermeture de la route des Balkans aux migrants quelques mois plus tard.

Ses fonctions régaliennes lui permettent aussi d’éviter de mettre les mains dans le cambouis de la gouvernance quotidienne, selon ses détracteurs. Une personnalité « difficile à cerner », selon l’hebdomadaire Profil.

Le précédent Haider

Surfant sur des sondages plus que flatteurs, il prend la tête de l’ÖVP en mai. Et refaçonne entièrement à sa main cette formation affaiblie, lui imposant une nouvelle couleur (le turquoise pâle) et l’appellation « Liste Kurz ».

L’avènement de celui qu’une presse partagée entre admiration et ironie a qualifié de « Messie » ou de « Kaiser » n’est pas sans rappeler celui de Jörg Haider, le flamboyant leader d’extrême droite mort dans un accident de voiture en 2008.

Arrivé à la tête d’un FPÖ moribond, celui-ci en avait fait le deuxième parti du pays, lui permettant d’intégrer un gouvernement conservateur en 2000, tollé européen à la clé.

Si le politologue français Patrick Moreau n’hésite pas à qualifier le jeune dirigeant de « Haider light », M. Kurz n’en reste pas moins un partisan affiché du maintien de l’Autriche dans l’UE et n’a jamais été impliqué dans aucun dérapage raciste.

Il s’est par ailleurs porté garant du fait que son gouvernement conservera « une forte orientation européenne », tout en plaidant pour davantage de subsidiarité.

[Afp]

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